Trucs de filles et soirée entre mecs

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Lisa a imprimé les photos et elle veut choisir les plus beaux clichés pour chacun des mannequins volontaires. Au départ, elle pensait donner les différentes images lui correspondant à chacun puis faire une petite réunion, le mannequin, Elena, Thibaut et elle. Cependant, son idée tomba à l'eau quand sa blonde amie organisa une soirée fille spéciale calendrier dans la salon commun.

La jeune fille a promis à Maxime et Samuel de ne pas donner leurs photos aux autres filles, toutefois, elle n'a pu empêcher la petite fête. Les demoiselles les inspectent sous toutes les coutures et bavent. Chaque cliché est analysé, commenté et noté. Filles comme garçons. Cela est juste plus long et minutieux pour les messieurs.

Lisa est contente. Grâce au maquillage léger que lui a fait Elena, sa séance a produit de très beaux portraits. Elle se trouve super mignonne. Elena a su la mettre en valeur, sans aucune jalousie, comme avant. En voyant ses clichés et en entendant les remarques super gentilles des autres filles, la demoiselle rougit un peu et ne peut s'empêcher de lancer un regard reconnaissant à la belle blonde.

Elle se saisit de son téléphone et envoie les images à ses parents. Pour une fois, qu'elle se trouve bien, elle veut avoir leur avis. Sa maman est du genre stricte, sèche et hyper sévère. Son papa, plutôt sanguin au charme ravageur un peu trop protecteur ou infantilisant. Pourtant, elle sait qu'elle va recevoir des compliments. Ses parents l'encouragent tout le temps.

Tandis qu'elle discute et choisit son cliché préféré, son papa lui répond. Elle éclate de rire en voyant l'illustration qui accompagne. Rodrigue Tiago a voté pour la photo cinq et un mot doux en Argenol suit : Tu seras toujours la plus belle à mes yeux, mais ne le dis pas à ta mère, elle me tuerait. Ce qui faire hurler de rire la timide est la publicité jointe pour un tee-shirt floqué " J'ai une fille magnifique. J'ai aussi une arme, une pelle et un alibi".

Quelques minutes plus tard, Sumiko taquine sa fille. "Félicitations ma chérie. Tu es magnifique en plus d'avoir un cœur en or. Tu tiens ta beauté de mon côté heureusement pour toi. Dis à ton petit ami de ne pas s'inquiéter. C'est moi qui ai la clé de la réserve d'armes. Quand tu seras décidée, invite le donc à dîner. Mais si tu as peur de la réaction de papa, je vous inviterai au resto tous les deux et j'abandonnerais ton père à la maison, là où tout homme doit rester. :-p "

Lisa ne peut s'empêcher de sourire aux petites piques blagueuses de sa mère. Ses parents ne cessent de se chamailler joyeusement ce qui la fait bien rire. Les autres filles sont curieuses. Elena a choisi des nanas cools avec qui la timide jeune fille peut se sentir à l'aise. Elle montre donc les réponses parentales, pour amuser l'assemblée. Le sourire de la jolie blonde lui fait comprendre les efforts faits pour regagner son amitié. Toutefois, ce n'est pas vraiment suffisant. Lisa reste encore un peu sur ses gardes.

La suite du choix des images féminines se fait assez rapidement. Quand vient celui des garçons, c'est le foutoir. Les cris et les déclarations d'amour farfelues pleuvent et on pourrait croire qu'elles sont sous l'emprise d'alcool ou de drogues. Ce sont juste des nanas de seize ans pleines de connerie et aux hormones bouillantes qui s'extasient sur les clichés de beaux mâles.

Au moment du choix pour Thibaut, Lisa appelle en douce son ami pour qu'il entende les commentaires et les cris. Il est avec ses potes et d'autres mecs en pleine soirée "virile" de l'autre coté de l'étage. Au début, il ne dit rien et écoute. Les autres mecs contestent les décisions ou déclarations des donzelles. L'une d'elles s'écrie en riant :

— THIBAUT T'ES TROP BEAU ! ÉPOUSE-MOI ! .

— Ça dépend. T'es riche ou pas ? demande d'une voix très sérieuse Maxime dont la pseudo - jalousie fait hurler les filles.

Ça dégénère en bagarre par téléphone interposé. Samuel se mêle des discussions et tente de savoir qui de lui ou du brun remporte le plus de suffrages. Elena ment et leur donne une note de sept et demi sur dix contre neuf et demi pour Thibaut. Les deux bellâtres râlent pour de faux.

Maxime a soudain une idée et taquine la belle blonde sur le rentre-dedans qu'elle lui fait depuis un mois. Il se plaint, se lamentant sur tout ceci qui n'était qu'éphémère. Il veut savoir si elle a changé de cible et ne désire plus l'épouser.

— Mais mon chou, ce n'est pas toi que je veux épouser. C'est le compte en banque familial et ton père est déjà pris.

L'explosion de rire générale qui suit prouve que le brun prend bien la plaisanterie. Il susurre des mots doux à la belle, lui rappelant qu'elle est plus fortunée que lui. Il commence à lui faire la cour d'une façon tellement mauvaise que les filles pleurent de rire au sol.

— Si c'est le fric qui l'intéresse, il est vraiment stupide. C'est moi qu'il devrait draguer Bord junior! Car même si vos familles s'allient les deux tocards, vous n'arriverez jamais à la cheville des Teyssier bande de colportes malodorants, dis une voix hautaine et méprisante.

Maeve Teyssier vient de rentrer dans le salon où sont les filles pour regagner sa chambre. Elle a entendu la discussion et calme l'ambiance d'une seule phrase glaçante et d'un regard dédaigneux. Elle crache aux pieds de la blonde et ne prend même pas le temps d'écouter la réponse. Elle continue son chemin. La silhouette squelettique claque sa porte et dans les minutes qui suivent, une musique résonne très fort. (Pink Stupid girls)

Les filles savent qu'il est inutile de toquer. Au mieux, elles n'auront aucune réponse. Au pire, la musique augmentera, mais jamais la porte ne s'ouvrira. Les plaintes soumises au directeur ont toutes étaient mises à la poubelle. Héritière du plus important empire financier, possédant les établissements scolaires Washington, et les banques dans lesquelles les comptes des professeurs et du directeur sont, tout le monde se garde bien de se montrer désagréable envers la mégère. Telle est Maeve Teyssier depuis la douzième. Imbuvable et intouchable.

Thibaut raccroche avant que Maxime ne pète un câble et ne rapplique pour défoncer la porte du sanctuaire. Le beau brun est le seul qui ne s'est jamais écrasé devant l'impératrice. Le jeune homme pacifique tente de reprendre la conversation en cours avant l'appel de Lisa. Les garçons discutaient du dernier jeu vidéo. Samuel aide son pote dans sa tentative de détournement d'attention. Cela fonctionne plutôt bien sur le groupe d'imbéciles heureux qui défoncent les paquets de chips à toute allure, moins sur l'Héritier Bord qui reste songeur.

Ses potes n'arrivent pas à savoir à quoi il pense et s'il est juste rêveur ou prêt à exploser. En réalité, il s'interroge sur la phrase de la donzelle. Croit elle vraiment que c'est le fric qui l'intéresse ou souhaite t'elle se faire draguer par Maxime? C'est au visage d'Elena qu'elle a craché son venin. Pas vers les autres filles. Le grand brun se torture l'esprit. Le plus vraisemblable est que l'Impératrice ait juste voulu plomber l'ambiance. Les mecs laissent le brun tranquille quelques minutes, puis Samuel entreprend de le frapper avec un oreiller pour le faire revenir.

Cette technique marche d'enfer et voilà les deux andouilles qui se bagarrent joyeusement en bousculant les autres. Personne ne prend parti ou ne s'engage dans le combat. Ces deux-là sont fous à lier et tous les mecs savent depuis le temps que le plus sage est d'attendre qu'ils se fatiguent tout seuls.

Les commentaires passent du jeu vidéo à l'héroïne sexy puis aux filles. Les gars tentent de négocier ou d'intimider Thibaut afin de récupérer les clichés d'Elena pour eux. Après tout, c'est avec son appareil que les images ont été prises. En riant, le garçon refuse tout et les incite à acheter le calendrier quand il sera terminé s'ils veulent afficher la belle blonde dans leurs chambres. La vente se fera peu avant les vacances de Noël. Il ne craint pas les menaces et refuse toute négociation.

Samuel fait l'andouille et se lamente que les mecs ne veulent pas fantasmer sur lui. Il se compare à Elena et se trouve des similitudes dans la perfection de sa peau ou les nuances beurrées de sa chevelure soyeuse. Il se pavane et imite les poses des mannequins pour faire rire ses potes. Tout ce qu'il obtient, c'est des beurk, sauf Maxime qui le demande en mariage. Bref, c'est du grand n'importe quoi.

Les garçons ont vidé les réserves de sodas, de chips, saucissons et sucreries. Ils sont en train réfléchir pour savoir ceux qui devront partir en ravitaillement. Tout fait débat. L'identité des pauvres hères qui devront affronter le froid pour gagner la supérette, le contenu des provisions, la quantité et surtout qui va payer. Ils ont beau tous être fortunés, ils sont rapias au possible.

Si les articles à réapprovisionner sont vite choisis et le stock défini, le reste ne trouve pas de solutions. Un tirage au sort est décidé. C'est Thibaut qui sera la main innocente chargée de sélectionner les deux malheureux qui sortiront et les deux qui payeront pour le tout. Ce qu'ils ignorent tous, c'est que pour amuser Lisa, celui-ci s'exerce à la prestidigitation.

En récoltant les petits papiers avec les noms, il dissimule celui de ses deux meilleurs potes. Farfouillant dans le sac, il désigne deux mecs qui s'habillent en soupirant de leur malchance. Au moment de révéler les payeurs, ce sont étrangement les deux plus fortunés qui sortent du chapeau ou plutôt de la commissure des doigts de Thibaut. Samuel se résigne et Maxime ronchonne comme à son habitude. Il ouvre son portefeuille en exigeant de voir le ticket de caisse.

En soi, il s'en fiche de la somme, mais c'est juste pour le principe. Il se moque de ses potes en disant qu'ils lui coûtent plus cher qu'une petite amie. Ça repart pour une séance d'âneries, Samuel imitant Elena et papillonnant des cils pour séduire le beau brun. Les mecs se chambrent et font un boucan d'enfer.

Soudain, alors que de vieilles mélodies en provenance de l'antre Teyssier parviennent à leurs oreilles, l'un d'eux à une idée. La soirée se transforme en karaoké géant. Les gars se mettent à beugler sur du hard rock ou du heavy métal. C'est l'apocalypse au moment où Samuel chante "Je t'aime" de Lara Fabian en se plaçant sur les genoux de Maxime. Les deux font semblant de se tripoter sous les regards désespérés des autres mecs.

Le concert improvisé alerte tout l'étage qui vient voir ce qui se passe et qui chante aussi mal. Ils finissent par se faire gronder par le responsable du dortoir, pas bien méchamment, la situation étant assez cocasse. L'homme a du mal à se retenir de rire. Le garde du corps de Maxime ayant perdu depuis longtemps son combat pour tenter de rester sérieux. Donc les deux andouilles continuent leur cirque et font les cons pour amuser la galerie.

Soudain, très digne et hautaine, Maeve Teyssier sort exceptionnellement de sa chambre. Tandis que tout le monde l'observe traverser le couloir, soudain silencieux, elle se saisit de la télécommande de la télévision et traficote sur son téléphone rapidement. Avant que quiconque n'ait le temps de lui poser une question sur ses manigances, elle regagne son antre sans un mot.

Trente secondes plus tard, un nouveau karaoké s'allume sur l'écran. Elle a pris le contrôle de l'écran et leur balance des classiques de la chanson. La première qui part est de Michel Sardou : Les vieux mariés. Toute la soirée, elle régente à distance le salon. Au début, les gars ne disent rien et écoutent en silence. Mais quand elle balance du Georges Brassens, ils hurlent tous en chœur " Quand on est cons, on est cons". L'horrible tintamarre recommence alors sur un répertoire datant de leurs grands-parents.

Ils finissent tous par devenir aphones et épuisés par leurs bêtises, ils veulent aller dormir. Seulement, l'Impératrice n'est pas de cet avis et augmente le volume du téléviseur au maximum en balançant des musiques militaires et autres trucs empêchant de rejoindre les bras de Morphée. Maxime met fin à la torture en débranchant le poste de télévision tout simplement. Un rire enfantin, un brin machiavélique, lui répond à travers une porte close.

Le lendemain matin, vers les cinq heures, tous sursautent. La chambre de Maeve Teyssier et tous les hauts parleurs des dortoirs hurlent une véritable cacophonie de coqs chantants et de trompettes. Sa porte est fermée à clé et un mec qui était debout pour boire un verre d'eau l'a vue quitter le bâtiment. La donzelle se venge en parfaite garce rancunière qui n'a jamais à répondre de ses actes.

La seule solution pour faire cesser le vacarme est soit de défoncer la porte au risque de se prendre une exclusion pour dégradation des biens de l'école, soit de retrouver et de convaincre la détestable d'éteindre sa chaîne hi-fi. Maxime envisage la première solution avant de se faire arrêter par Thibaut. Les recherches débutent dans tout le lycée.

Le brun la retrouve au bout d'une heure, endormie dans la salle de musique insonorisée. Il se dirige vers elle pour la secouer sans ménagement, mais s'arrête d'un coup en la voyant. Elle est au milieu d'emballages de biscuits, sa maigre bouille couverte de chocolat. Paisible et souriante, elle semble heureuse, son baladeur émettant une chanson douce de Henri Salvador.

Toute la colère de Maxime retombe devant ce tableau autrefois si familier. Il pose sa veste sur la jeune fille et éteint la chaîne hi-fi au loin en prenant le téléphone portable de la brune qui commande à distance tous les hauts parleurs. Puis, il s'assoit à côté d'elle, fermant les yeux pour mieux savourer le flash-back que cette vision d'une gourmande provoque en lui.

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