Occupations du week-end
Tandis que le beau brun câline sa maman, la petite Lisa profite de son papa. Celui-ci veut trouver un domaine professionel où sa fille pourra exceller et gagner de l'argent tout en étant heureuse. Lisa est très intelligente, cependant, elle n'a pas comme ses parents le sens des affaires et est incapable de gérer qui
que ce soit à cause de sa timidité.
Alors, Rodrigue teste sa fille tout en douceur afin de trouver sa voie pour qu'elle s'épanouisse. Elle est douée en informatique, mais pas au point de créer un nouveau réseau social et en plus, elle n'aime pas trop ce domaine. La jeune fille maîtrise très bien les principes de base de la chimie, toutefois, l'univers des cosmétiques ou des produits médicamenteux lui fait horreur. La mécanique terrifie son enfant, la mode l'ennuie...
En fait le souci, c'est que Lisa n'a aucune passion, rien qui ne l'a fasse vibrer. Elle emmagasine les connaissances, mais sans y avoir le moindre intérêt. Rodrigue a quasiment testé tous les domaines possibles. Ils ont visité toutes les sociétés de la famille Tiago et même d'autres, cependant rien n'a allumé d'étincelle de curiosité ou d'attirance.
Sumiko et Rodrigue ont déjà questionné leur fille. Elle sait qu'ils sont ouverts d'esprits et qu'ils ne cherchent que son bonheur. En vérité, Lisa ne sait pas elle-même quoi faire de sa vie. Tout ce qu'elle aime, c'est écouter de la musique, danser comme une folle et être avec ses amis. Papa a bien essayé de voir si sa fille savait créer de la musique, danser comme une pro ou reconnaître un futur hit. Mais la jeune fille n'est pas capable de cela.
Elle est très intelligente certes, mais elle n'a pas de talent particulier, rien qui la fasse vibrer et lui donne envie de se battre et d'y aller à fond. À seize ans, la jeune fille ne sait absolument pas quoi faire de sa vie. Elle ne se sent pas capable de reprendre les rênes des sociétés familiales, et même si ses parents placent des dirigeants chevronnés pour faire le boulot à sa place, elle est si gentille qu'elle se fera escroquer à coup sûr. Si elle n'était pas aussi fortunée, elle finirait comptable ou toute autre activité salariale maniant des chiffres, mais sans contact avec les gens, et elle s'ennuierait au travail.
Inlassablement, et sans insister, Papa continue de lui faire découvrir de nouveaux domaines professionnels. Aujourd'hui, ils visitent un grand restaurant et le chef étoilé fait découvrir sa nouvelle carte. Lisa ne dit rien pour ne pas offenser le cuisinier ou faire de peine à son papa. Elle lui est reconnaissante de tous les efforts qu'il fait pour elle. Mais la nouvelle cuisine et ses pipettes de sauces ne valent pas un barbecue entre potes sur la plage.
Les deux hommes discutent mélange de saveurs et parfums enivrants. Ils comparent les différents vins qui pourraient suivre avec ce drôle de plat. Lisa a déjà totalement décroché. Le chef étoilé l'a perdu en présentant une île flottante déstructurée salée avec des œufs de saumon. Certes, c'est censé être une entrée, mais la jeune fille a surtout eu envie de vomir.
Pendant qu'ils bavardent, la jeune fille contemple le décor froid et luxueux. Les plafonniers dorés illuminent les hauts plafonds blancs. Les murs troués de baies vitrées sont noirs et le sol de carrelage en damier souligne le contraste avec les tables recouvertes de nappes blanches et les chaises qui semblent faites d'or fin. C'est tape à l'œil, clinquant et surtout impersonnel. Tout ce que la petite métis Jano-argenienne déteste, autant que le ton prétentieux et arrogant du chef qui se pense le nombril du monde.
Alors qu'elle détourne le regard pour observer la salle, elle est surprise de voir son ami Samuel. Elle ne peut pas le héler, car il est avec sa mère. Ils sont en train de s'installer pour manger. Ils sortent d'un cours de Janois. Sarah tient à ce que son fils se perfectionne et connaisse toujours plus de langages.
La pauvre pratique déjà avec brio le Teyssien et le Maranien. Il a un bon niveau en Merken. Ses parents viennent de l'inscrire à des cours de Janois le samedi matin et d'Argenol le samedi après - midi. Le dimanche, ce sont les révisions à l'aide de journaux télévisés du monde entier. Bref, le jeune homme ne se repose pas vraiment.
Son père Dimitri les rejoint. L'homme effraye bon nombre de personnes. D'une grande classe, il a cependant un regard gris très perçant et un humour particulier assez cinglant ou noir. La cicatrice qui orne son visage n'incite pas à la tranquillité. Des rumeurs folles courent à son égard. Il se serait battu à mains nues avec un ours ou bien aurait été défiguré par un parrain de la mafia tout petit. D'autres fois, il se serait fait cela tout seul pour apprendre à endurer la souffrance en silence...
Dimitri Bjork laisse les ragots se répandre. Tout cela rajoute à son aura de prestige et de crainte. Il a un charisme magnétique, presque animal. Il sait jouer de ses atouts pour impressionner ou effrayer les gens qu'il rencontre. Il fait toujours tourner les choses à son avantage. Sa devise est de toujours se garder une sortie et de surveiller les alentours. Fidèle à sa réputation, il ne supporte pas d'avoir une porte ou une fenêtre dans le dos. Il exige toujours d'avoir une place avec un mur derrière lui, si possible dans un coin discret de la salle lui permettant de scruter la pièce. Si en plus cela est près d'une sortie de secours alors l'emplacement est idéal.
Sarah est moins mystérieuse que son époux toutefois, son look noir et ses vêtements quasi toujours de cuir moulant lui donne une allure de femme sévère, un peu tueuse à gages. Si son époux est plutôt dans le commerce de bijoux et de pierres précieuses, elle, produit et vend des armes. Elle fournit plusieurs groupes de mercenaires souvent adversaires. Alors forcément, cela ne plaît pas et elle traîne une réputation sulfureuse.
Leur fils est leur opposé. Il cultive la transparence et les looks lumineux et colorés, un peu type surfeur. Ce qu'il rêve de faire, c'est de bosser dans le tourisme surtout celui de luxe avec jet privé, casinos et hors-bord. Malheureusement, ses parents trouvent cela futile et le décourage un peu d'emprunter cette voie.
Les week-ends du jeune homme sont studieux et ennuyeux. Il préfère être au lycée où il a l'impression de glander et surtout, où il peut être lui-même avec ses potes. Il est tellement stressé en compagnie de sa famille qu'il n'a pas vue la petite souris dans son coin. C'est Sarah sa mère qui aperçoit Rodrigue Tiago et qui soupire sur les mauvaises fréquentations du restaurant. Samuel n'ose pas lever les yeux vers son amie et lui envoie un texto pour lui dire bonjour. Ensuite, il prend des nouvelles pour savoir ce que trafique Thibaut.
Le jeune homme est en pleine activité cérébrale. Il cherche la bonne dose de café pour se réveiller correctement. Un horrible acouphène l'a empêché de s'endormir et il est encore épuisé. Il n'a pas l'habitude de faire du sport et en une soirée, il en a fait autant qu'en un mois. Il a mal partout et de grandes cernes se profilent sous ses yeux. Fort heureusement pour lui, ses parents sont partis pour un déjeuner en amoureux. Le samedi, il a en général une paix royale, c'est la journée couple. Le dimanche, en revanche, ses parents sont rien qu'à lui, c'est sa journée. Il ne peut donc rien faire sans être accompagné ou questionné.
Dès qu'il parviendra à garder les deux yeux ouverts, il ira voir son pote Maxime. Les deux garçons passent souvent leurs samedis ensembles avec Christy. La maman de son pote est vraiment cool et cela ne le dérange pas d'être en sa compagnie. C'est le seul jour où elle peut profiter de son garçon alors, il la tolère sans aucun souci. En plus, elle a souvent des idées supers de discussion.
Thibaut se regarde dans un miroir, non pas par égocentrisme, mais pour constater les dégâts. Il était tellement épuisé, qu'il s'est couché avec ses vêtements de la veille. En retirant son tee-shirt pour aller se doucher, il le renifle et grimace d'un air dégoûté. Il n'a pas l'habitude de sentir la sueur. Pour une fois, il traîne sous l'eau pour détendre ses muscles endoloris.
Il se dit qu'il a de la chance que ses parents lui fichent la paix, car s'il avait dû se lever tôt comme Lisa, Samuel ou Elena, il serait tellement fracassé que ses neurones l'abandonneraient. Il a encore quelques heures pour se requinquer avant le dimanche matin à discuter voiture avec maman et le dimanche aprèm à parler filles, amour et problèmes d'adolescents avec papa.
Pour l'instant, le jeune homme fouille sa chambre en quête de fringues propres et de son téléphone qui n'arrête pas de bipper quelque part. Seize notifications l'attendent dont quinze de la part de Samuel qui s'ennuie grave. Ce midi, Thibaut est d'humeur taquine et quand son pote lui demande ce qu'il fait et comment il s'habille, il lui envoie une photo de lui nu avec juste une serviette cachant l'essentiel.
La réponse ne se fait pas attendre et prend la forme d'une demande en mariage sous forme de message groupé et de partage d'images avec Maxime. Aussitôt, une seconde demande d'épousailles suit. Maxime joint son propre corps dénudé. Le garçon éclate de rire. Ces potes sont tellement cons !
Juste pour faire chier le brun, Thibaut le dénonce à Christy par sms. Elle l'appelle et le met sur haut-parleur pour qu'il l'entende gronder son fils en riant. Aucun doute, Maxime a une mère en or qui est aussi gamine que les trois mecs. Sa pseudo menace de revenge porn si un de ses potes a le cœur brisé ou de le dénoncer à Marc son père ne fournit qu'un immense rire de la part du brun.
Il faut dire que tout en le grondant, elle le complimente sur sa beauté, qu'il tient entièrement d'elle. Bref, cela dégénère en chamailleries puériles que Samuel tente de suivre du mieux possible par textos, entre deux discussions avec ses parents. Le pauvre s'ennuie fortement et s'échappe par sms du mieux qu'il peut de cette ambiance studieuse.
Thibaud est heureux et bien réveillé maintenant. Il peut se rendre chez son voisin et meilleur ami pour continuer de visu les âneries. Christy a l'intention de leur faire refaire un calendrier spécial à l'intention de Samuel. Il semblerait qu'il soit question de chiper les robes de la douce madame Bord. Il sent qu'il va bien rire encore.
Une qui ne rigole pas du tout est Elena. Occupée à faire la potiche sur une estrade pour qu'une couturière reprenne les derniers ourlets de sa tenue, la belle blonde s'ennuie encore plus que Samuel. Elle déteste la mode. Si elle le pouvait, elle vivrait en jogging et sans manucure. Cependant, sa mère mannequin ne l'entend pas de cette manière et la pousse à prendre sa relève.
Elle l'implique dans les collections, soit comme mannequin, soit comme styliste. Elena a de bonnes idées et une prestance naturelle, mais, ce monde superficiel la gonfle au plus haut point. Elle adopte son sourire de façade et s'évade dans son monde imaginaire fait de jeux vidéo et de piratage informatique. Si ses parents savaient que le hacker qui ridiculise les pare-feu de leurs réseaux est en réalité leur fille, ils feraient un malaise.
Cela lui a appris pas mal de choses et notamment que ses parents étaient loin d'être parfaits. Cela ne l'empêche pas de les aimer et de vouloir leur plaire, toutefois, ils sont un peu redescendus de leur piédestal dans l'esprit de la jeune fille. C'est d'ailleurs sa dernière découverte qui l'a fait revenir vers ses amis d'enfance. Quand René Teyssier est mort, la première chose que ses deux parents ont fait, c'est de chercher à en profiter pour contracter de juteux contrats, le vieillard étant décédé depuis moins de vingt-quatre heures.
Ils ont également utilisé la trêve que tous les autres fortunés respectaient le temps du deuil pour vampiriser quelques usines ou actions. Après, ils ont cherché à l'empêcher de parler avec ses amis pour qu'elle ne découvre pas la vérité et pire, pour qu'elle croit que les responsables étaient les parents de ses propres amis. Pas étonnant que Maeve la haïsse.
C'est dégoûtée par cette vérité que la jolie blonde est allée se changer les idées à la fête foraine. Voir Maxime et Lisa tout sourires et complices, lui a crevé le cœur. Sa meilleure amie lui manquait tellement. Elena est heureuse de pouvoir revenir assez facilement dans la bande même si le quatuor reste méfiant. Elle a beaucoup à se faire pardonner.
Mais pour l'instant, elle doit supporter les épingles qui se plantent dans sa chair par mégarde, un top model devant souffrir en silence et avec le sourire. Dans quelques heures, son sort ne sera guère plus enviable. Elle devra suivre le paternel dans l'un de ses déjeuners d'affaires avec de vieux pervers libidineux qui la déshabilleront du regard.
Un seul a osé avoir la main baladeuse. La gifle qu'il reçut lui apporta la ruine au bout de quelques semaines, papa défendant l'honneur de sa progéniture, non par amour, mais par obligation familiale. Elle soupçonne sa mère d'avoir fait la grève du sexe pour arriver à ce résultat.
Vivement la fin du weekend !
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