Projets
La bande est réunie sans Thibaut. Une grande présentation des résultats des associations du lycée doit avoir lieu dans quelques jours. De nombreux mécènes ainsi que l'ensemble du corps professoral, éveil, primaire, collège et lycée réunis, seront présents. Chaque club doit montrer ses résultats afin d'obtenir une bourse attribuée par les enseignants ou directement des mécénats. L'enjeu est assez important et un bon nombre de lycéens angoissent à l'idée d'apparaître devant autant de monde.
Le petit blond aide son club de sciences dont il est chargé de faire l'exposé. Les quatre autres comparses travaillent eux aussi. Les filles voudraient parler du projet calendrier bien qu'il ne fasse pas vraiment parti du domaine des associations. L'opération a été un succès dont le lycée souhaite se vanter. En réalité, ce sont les deux filles qui ont porté cette initiative fructueuse.
Les calendriers se sont très bien vendus. Beaucoup de lycéens et de collégiens ainsi que quelques étudiants voulaient afficher l'une des trois stars sur ses murs. D'autres ont aimé les clichés très artistiques, dignes de professionnels. Thibaut ayant photographié gratuitement, les filles se sont débrouillées pour obtenir des retouches et des impressions auprès de différents sponsors en échange d'une petite publicité ou d'une phrase de remerciements. Les calendriers n'ont donc quasiment rien coûté et les bénéfices sont conséquents.
L'association de défense des animaux qui a obtenu le chèque n'en croyait pas ses yeux. La dirigeante pleurait de joie. Elle qui croyait que les gosses de riches ne pensaient qu'à eux-mêmes et ne voyaient les animaux que comme des accessoires de sac à main, elle a été surprise. Non seulement bon nombre d'entre eux ont fait des dons, mais grâce au bouche - à - oreille produit par cette vente, un grand nombre de chiots et de chatons ont été adoptés. L'argent va permettre de rénover le refuge et de l'agrandir.
Elena a négocié le prêt de vêtements et de matériel d'éclairage auprès de sa mère. Un retoucheur professionnel parmi les contacts de Claudia Toen a repris pour une somme modique les images pour en améliorer la netteté et certains détails. Lisa a démarché les commerçants ainsi que plusieurs parents pour obtenir une participation aux frais de retouches et d'impression. Avec l'aide de Maxime, elle a écrit à Marc Bord qui a offert les trois-quarts du passage sous presse des exemplaires.
Enthousiasmé par cette idée, il a obtenu les droits de faire à ses frais un poster géant des clichés de son fils afin de les offrir à sa femme comme cadeau de Noël. Christy a pleuré de rire en ouvrant le paquet. Son époux, ayant prouvé son humour à son fils en réalisant en secret les mêmes poses, permet ainsi d'accoler père et fils en taille réelle. La ressemblance et la beauté des deux hommes sont indiscutables. Maxime soupçonne quelques retouches sur les abdos de son paternel, toutefois, il n'a pas et n'aura jamais de preuves.
Les deux filles sont heureuses de leur succès. Travailleuses, intelligentes et bien formées par leurs parents, elles ont accompli un travail de titan en un temps record. Ce qui à la base n'était qu'une blague est devenu un projet complexe et ardu dont la réussite n'a été possible que grâce aux deux filles. Maxime et Samuel sont fiers de leurs amies et les félicitent en découvrant les chiffres exacts et toutes les démarches qu'elles ont faites avec brio.
Les demoiselles ne souhaitent pas s'arrêter en si bon chemin. Navrées du manque de cohésion dans les actions éparses, elles aimeraient fonder une vraie association des élèves pour encadrer les projets des établissements Washington de l'éveil au lycée. De nombreuses idées sont abandonnées faute de moyens ou d'adeptes. Les grands événements de ce genre sont rares.
En questionnant son grand-père Marcel, dont la mémoire d'éléphant contient de nombreuses et utiles informations, le beau brun a confirmé ce que la bande redoutait. Le corps professoral ne fait vraiment des efforts que pour les classes ou projets des héritiers, et ce, depuis un minimum de cinq générations, Marcel ayant à l'époque déjà interrogé son propre grand-père. Les enfants sont navrés en entendant cela et veulent faire changer les choses.
En plus de vouloir annualiser le projet calendrier, les filles débordent d'idées. Mais pour cela, elles doivent monter et présenter un plan d'action complexe. Maxime, dont les talents en organisation et en hiérarchisation sont importants, et surtout incapable de résister aux yeux doux de ses amies, a été mis à contribution pour peaufiner les détails. Samuel prenait des des notes au fur et à mesure et participait à la réflexion.
Lisa aimerait créer une association d'élèves pérenne qui superviserait en permanence l'ensemble des projets et des différents clubs. Composée de parents et de professeurs, elle encadrerait et favoriserait des actions régulières au bénéfice des établissements et des élèves. En fonction de l'âge et des capacités de chacun, cela permettrait une véritable cohésion et connexion entre les enfants des différentes classes.
Pour l'éveil et le primaire, les filles songent à la vente mensuelle de gâteaux ainsi qu'une proposition de chocolat chaud, jus de fruits ou viennoiseries à l'heure de la récréation du matin. Des petits objets simples, fabriqués par les enfants, comme par exemple des pots à crayons en pâte à sel pourraient financer l'achat de jeux ou des ateliers ludiques tels la venue d'un cirque ou une sortie au théâtre de marionnettes.
Le collège fabriquerait des objets plus perfectionnés et organiserait un spectacle mêlant musique, chant et danse. Les voyages de fin d'année seront plus intéressants. Des nettoyages de plages ou des journées de bénévolats initieront les bambins à l'écologie et à la bienfaisance. Un marathon, dont chaque kilomètre parcouru apportera de l'argent, permettra aux sportifs de briller et rajoutera à la cagnotte. Lisa sait que de nombreuses possibilités s'offrent en fonction de l'envie des collégiens, même si leur jeune âge restreint certaines activités. Il suffira d'avoir l'aval des professeurs qui sont en général partants pour ce genre d'initiative.
C'est pour le lycée que les deux chipies regorgent d'imagination. Heureuse de pouvoir passer du temps avec sa fille et fière qu'on lui demande des conseils, Claudia Toen s'est beaucoup investie dans le projet calendrier. Elle s'est aussi amusée comme une enfant. La mère d'Elena lui a fait part d'une envie non réalisée qu'elle avait quand elle était encore lycéenne. N'étant pas à l'époque l'épouse d'un puissant, elle n'avait pu développer son potentiel.
Claudia souhaitait créer un club de mode. Des lycéens fabriqueraient des vêtements qui seront présentés par d'autres camarades lors d'un défilé annuel. Ainsi, de futurs stylistes ou mannequins pourraient être repérés. Claudia se propose de donner elle-même des conseils et du matériel pour mener à bien les débuts de ce club. Les vêtements ainsi créés pourraient être vendus aux enchères au profit de l'association des élèves.
Cette idée enthousiasme les quatres adolescents bien qu'ils ne soient pas férus de mode. Cela ouvrirait les portes à de nombreux débouchés professionnels pour leurs camarades. Elena est certaine d'obtenir la collaboration des pom-pom-girls. Le club de sciences dont fait partie Thibaut offre déjà des opportunités pour de futurs chimistes, ingénieurs informatiques et d'autres métiers. L'éventail proposé s'agrandirait pour la plus grande joie des lycéens.
Maxime propose une nouvelle possibilité. Son grand-père Marcel a délégué une majorité de ses responsabilités à son fils Marc et il s'ennuie. Féru de cinéma, le vieillard a de nombreux contacts et connaissances. Son petit-fils suggère d'occuper le ronchon en lui demandant son aide pour un club de cinéma qui pourrait proposer de courts-métrages publicitaires aux petites entreprises locales. Associé au club de théâtre, cela peut produire de très bonnes choses et une ou des soirées spectacles attireraient un public de connaisseur.
Le tout sera de convaincre Marcel. Pour cela, Maxime sait qu'il pourra compter sur ses parents fatigués de la bougonnerie du patriarche. En plus, sous ses dehors difficiles, Marcel a toujours une âme d'enfant dont son petit-fils sait tirer profit. Aider des jeunes et montrer son savoir sont des choses qui rendront heureux le vieil homme tout en l'empêchant de faire des visites bi-journalières dans le bureau de son fils ou de squatter le téléphone de sa si patiente belle-fille Christy.
Ce genre d'initiative plaira aux professeurs et aux étudiants. Afin que tous bénéficient du projet, outre les perspectives professionnelles, Lisa a pour idée d'utiliser la manne financière au profit de choses tenant à cœur aux adolescents. La bibliothèque aurait bien besoin d'une touche de modernité en renouvelant sa décoration pour la rendre plus chaleureuse. Ils choisiront des interventions de conférenciers dans des domaines bien plus variés que ceux proposés actuellement. La jeune métisse déborde de joie.
Ses parents ont déjà accepté de collaborer sans même connaître les détails, totalement confiants en leur fille. Elena est certaine de rallier sa maman. Maxime a de bons espoirs concernant son grand-père, et même son père. Christy était une bonne oratrice dans sa jeunesse et sera partante pour favoriser les démarches auprès d'entreprises merkaniennes. Les Plenzo sont déjà dans la maquette sans même le savoir via leur collaboration avec le club de sciences. Le dossier tient bien la route et les filles sont confiantes pour leur présentation qu'elles répètent devant les garçons.
Samuel est un peu en retrait au début de la constitution du dossier de présentation. Il se sent mal à l'aise de ne pouvoir participer davantage. Il aimerait que ses parents s'investissent là-dedans, toutefois, il ignore comment les convaincre. En observant Lisa jouer nerveusement avec son bracelet, il sursaute. Son esprit vient d'être illuminé. Son père Dimitri a souvent des déchets dont il ne sait que faire. Des pierres précieuses ayant un défaut, des accidents ou des chutes de taille l'encombrent. Le beau blond voudrait le convaincre d'en offrir un peu au lycée afin que les apprentis stylistes en fassent des bijoux ou des accessoires.
Aidé de Maxime qui a le même genre de paternel, il rédige un e-mail pour présenter les grandes lignes en "avant-première". Jouant sur l'envie de Dimitri de mettre son nez dans les affaires du lycée et également de redorer son image, les deux garçons pondent un discours très convaincant. Fier de pouvoir briller un peu, le blondinet exagère un peu sur l'importance de son implication avec l'accord de ses potes. À la grande surprise de Samuel, Dimitri lui téléphone aussitôt le mail reçu.
Un peu craintif, Sven décroche et entame la discussion. Il est stupéfait. Non seulement Dimitri offre une bonne quantité de "déchets" mais en plus, il va offrir des cours d'orfèvrerie dans son atelier du centre-ville. Souhaitant s'associer au projet stylisme, il fera venir gratuitement un designer en conférence et organisera un partenariat/supervision. Le dernier cadeau du redoutable homme d'affaires est la mise à disposition d'un local commercial de bonne taille sur l'avenue commerçante principale de Stralinor.
Les adolescents se réjouissent. Les productions se vendront bien plus facilement que dans l'actuel débarras qui sert de boutique. Samuel rigole et taquine son père, ayant compris que Dimitri cherche à repérer de futurs prodiges en voyant les créations au pas de sa porte. Bien qu'intéressée, cette proposition n'en reste pas moins une opportunité rare qui est de suite acceptée. Dimitri finit l'appel en suggérant à son fils de contacter sa mère Sarah dont les relations en maroquinerie pourront être utiles. Certes, ses collaborateurs fabriquent des sacs à dos militaires et des ceintures pour cartouches, toutefois, les sociétés ont le savoir faire pour la maroquinerie de base.
Samuel raccroche en dansant comme un gosse. Être approuvé par son père est rarissime. Quand il reçoit un mail de sa mère qui lui fournit les noms de quelques maroquiniers qui pourraient être intéressés par une collaboration, il laisse éclater sa joie et couvre les deux filles de bisous. Maxime accepte même son câlin amical en exagérant les mimiques d'amour pour faire rire les filles.
En quelques jours, le dossier de présentation a été préparé et bouclé. C'est un vrai travail d'études de marché et de création d'entreprise que le quatuor a monté rapidement. Ils savent que le soutien plus que probable de trois familles de cinq familles de puissants ainsi que des Plenzo et Tiago est un plus qui incitera de nombreux financiers et entreprises à participer activement.
L'intégration possible de minimum trois clubs existants dans le processus renforce l'idée d'un bienfait pour l'ensemble du lycée, et même pour tous les établissements Washington. Les adolescents sont sûrs d'eux. Ils vont plaire à tous. En futurs chefs d'entreprise, ils ont paré à d'éventuelles questions pointues. Les filles ont tous les tableaux, chiffres et réponses imaginables. Observer leurs parents n'a pas été vain.
Maxime et Samuel ont joué le rôle des professeurs pour permettre aux filles de répéter leur discours. Lisa, qui pourtant ne fait que montrer les tableaux et faire avancer les pages, est fébrile. Sa timidité lui donne envie de disparaître et elle aurait bien cédé sa place à Maxime, beaucoup plus à l'aise pour les exposés. Cependant, cela n'aurait pas été juste au vu du travail qu'elle a fourni et dont elle mérite de récolter les lauriers. Les garçons lui ont promis d'être là pour la soutenir.
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