Deux mois intenses
Lisa et Elena ont fort à faire bien que les cours soient finis. Leurs responsabilités et les engagements pris les obligent à continuer le projet. Il y a de nombreux dossiers administratifs à réaliser pour créer les différents clubs. Mineures et surtout non destinées à rester à long terme, les deux demoiselles cherchent un ou plusieurs responsables pour chaque groupe.
Les parents de nombreux élèves, y compris ceux des héritiers, sont forts occupés par un mystérieux adversaire qui monte dans le monde des affaires et volent plusieurs contrats. Pour assurer la pérennité du projet, les deux jeunes filles savent qu'il est préférable de trouver des leaders parmi le corps enseignants ou bien des retraités qui sont loin du monde des affaires. Leurs premières tâches sont donc d'aller discuter et recruter des personnes susceptibles de les aider à porter le projet.
Pour l'éveil et le primaire, les directeurs ainsi que l'ensemble des professeurs s'inscrivent comme membres actifs et deviennent trésoriers, présidents et autres postes essentiels. À partir du collège, les clubs sont communs avec le lycée. Les responsabilités sont donc réparties selon les envies et capacités de chacun.
Ainsi, le club de littérature voit à sa tête la bibliothécaire, le professeur de Teyssien du collège et celui d'histoire géographie du lycée. Xavier Plenzo devient membre honorifique. Des maisons d'édition et des écrivains subventionnent et les élèves liront des livres en devenir pour fournir des avis avant corrections ou participeront à des concours comme candidats ou juges dans la catégorie jeunesse.
Le club de Sciences regroupe la directrice du Lycée, les professeurs de sciences des collèges et Lycée, quelques industriels dont Julie Plenzo. Il va collaborer avec plusieurs autres clubs. Dimitri Bjork et Claudia Toen ont permis de faire un vrai département Mode. Toute la partie stylisme est associée aux professeures d'arts plastiques et d'informatique pour le dessin industriel. La fabrication est supervisée par des couturières ou bijoutiers de métier.
Marcel Bord se trouve une occupation qui soulage son fils et sa belle-fille. Il casse les pieds à son petit-fils en venant très souvent au lycée. Il a été nommé membre honorifique du club des arts de la scène. Pour l'instant, il s'agit juste du club de théâtre qui s'agrandit pour s'ouvrir à la rentrée au cinéma et à la publicité en étroite collaboration avec la section graphisme du club de sciences. Le directeur du collège, fervent amateur de Molière, préside avec les professeurs de philosophie et de Merken.
Pour chaque rassemblement, les jeunes filles font s'investir des professeurs et des entreprises. La volonté affichée est que chaque club puisse s'autofinancer par lui-même via des mécènes ou des actions commerciales. Le trop-plein général participera aux projets des plus petits ou en cas de soucis et permettra le lancement de grosses opérations ou rénovations pour tous. Une sorte de pot commun dont les bienfaits seront alloués selon la volonté générale.
Elena s'occupe des présentations orales devant les comités ou les démarchages auprès des relations publiques des entreprises. Lisa rédige les cahiers des charges et règlement intérieur de chaque club ainsi qu'une ligne directrice pour les cinq ans à venir. Heureusement pour elles, les professeurs et un bon nombre de lycéens décident de les aider.
Thibaut a convaincu son père Xavier de faire venir des écrivains et philosophes, ainsi que d'offrir quelques beaux ouvrages à la bibliothèque Washington. Les lycéens ont repeint eux-mêmes l'intérieur du bâtiment. Quelques ébénistes et fabricants de meuble ont offerts du mobilier moderne et confortable. Les vieux meubles, encore en bon état, ont été donnés pour les plus défavorisés.
Rodrigue Tiago a surpris sa fille en finançant un club gastronomique qui se réunira dans les cuisines de l'un de ses restaurants étoilés et qui aura la chance de recevoir les conseils du chef et du pâtissier. Une initiation au goût sera proposée aux enfants dès l'éveil et des commis de cuisine iront guider pour les fabrications de gâteaux ou sucreries revendus au profit des bambins. Rodrigue a démarché le plus célèbre boulanger de la ville qui livrera à un tarif préférentiel les viennoiseries vendues en primaire lors de la pause du matin.
Chacun apporte sa pierre à l'édifice. Discrètement, l'impératrice participe à la proposition de stages ou d'intervenants variés que propose Thibaut. C'est Lisa qui est en contact avec lui et la brune. Elena est tenue à distance. La jeune métisse reçoit e-mails ou appels en visio, mais jamais le couple infernal n'adresse la parole à la blonde ou aux deux garçons.
Thibaut est très souvent en voyage et a délégué les négociations concernant le club de sciences à ses acolytes. Il est très peu présent durant l'été. Ses parents au contraire sont très impliqués. Ils s'amusent comme des enfants tout comme Claudia, Dimitri, Rodrigue et Marcel.
Les deux jeunes filles ne savent plus trop où donner de la tête. Fort heureusement, Samuel et Maxime font leur maximum pour leur venir en aide. Christy distille quelques conseils avisés par moments, cependant, elle laisse les adolescents se débrouiller un maximum seul. C'est plus formateur de suer que de suivre les directives des autres.
Le brun s'exerce à l'exercice du pouvoir en s'autoproclamant la tête pensante des personnes pratiquant un sport. Le club d'équitation s'est déjà rallié aux jeunes filles tout comme l'équipe de basket, de nautilis, de golf et de natation. En bon esprit d'équipe, ils sont solidaires et ont proposé d'eux-mêmes des moyens de gagner un peu d'argent.
Maxime recadre l'ego des sportifs qui refusent de s'impliquer dans le projet. Le club d'athlétisme et les pom pom girls se font remonter les bretelles par un beau brun exigeant et pointu. Sa grande taille et ses mots incisifs imposent le respect et penauds les sportifs acceptent de mouiller le maillot pour obtenir un peu d'argent par eux-mêmes.
Les quelques gros bras qui voulaient imposer leurs idées se sont vite retrouvés à baisser la tête tout honteux face à la prestance et surtout au rayonnement autoritaire de Maxime. Il a hérité de l'aspect solaire de son père et de son sens de la répartie. De sa mère, il a les yeux brillants quand il est passionné par ses propos. Par contre, l'aspect têtu et ronchon lui vient de Marcel.
Samuel s'occupe étrangement du club d'échec et également de ceux de la promotion des cultures Teyssienne, Merkanienne, Janoise, Rodianaine et Maranienne. Les six groupes boivent littéralement ses paroles. Le blond captive et séduit facilement tout comme son ami brun. Lui aussi a appris à conquérir son auditoire auprès de ses parents.
Il ne rencontre pas beaucoup d'obstacles. Les six assemblées se finançant déjà en grande partie et ayant un très bon esprit d'équipe, ils n'ont aucune difficulté à se rallier aux deux jeunes filles qui leur apportent aucune contrainte. Au contraire, la publicité et les quelques allocations obtenues ne sont que du positif pour eux.
Les clubs culturels se voient proposer une journée de découverte et de promotion pour chacune des régions. Chacun des établissements Washington, de l'éveil au lycée bloque des dates dans le calendrier scolaire et des petits ateliers pédagogiques se créent avec les professeurs de langue. Les joueurs d'échecs reçoivent le financement ou les moyens logistiques pour faire des concours plus éloignés, et même en organiser un, ce qui rapportera un petit pécule très intéressant.
Beaucoup de professeurs viennent travailler bénévolement durant les mois de congés estivaux pour aider les jeunes filles. Certes, ils ne manquent pas de matériel pour leurs cours, cependant, l'essor de tous ces clubs leur permet d'initier des tas d'ateliers ou de cours facultatifs à destination pédagogique. Les cours de soutien pour les élèves en difficulté, tout comme les cours de perfectionnement pour les élèves passionnés ou doués s'organisent bien plus efficacement.
L'éventail d'options proposées s'agrandit et s'adapte aux besoins de chacun. Des activités ludiques comme le théâtre ou la fabrication de crèmes cosmétiques ravissent les bambins comme adolescents. Les enseignants rajeunissent et sont aussi excités que leurs élèves. Elena a parfois du mal à calmer leurs joyeuses démonstrations d'enthousiasme. Lisa arbore un sourire d'enfant, fière de tout ce qui s'accomplit sous ses yeux.
Les professeurs profitent de la validation plus ou moins affirmée des quatre héritiers pour forcer la main des directeurs. Ils avaient envie de réaliser bien des choses, mais étaient bloqués par leur hiérarchie qui n'accordait crédit ou temps que lorsqu'un héritier était concerné. C'est donc une majorité d'entre eux qui se portant volontaires pour gérer ou aider les clubs qui les intéressent. Le grand nombre fait une diversité qui permet à chaque club d'avoir le soutien d'un ou de plusieurs enseignants. Il est même prévu d'ouvrir les clubs aux autres écoles de la ville d'ici quelques années.
Si la partie bancaire se résout assez vite, les dossiers administratifs à déposer auprès des institutions étatiques sont fastidieux. Il manque toujours un document ou une signature. Obstinées, les filles parviennent à faire valider chaque dossier un par un, se présentant chaque matin devant les bureaux d'inscription. Sur un conseil de sa mère, Lisa rapporte quotidiennement des croissants et du café. Étrangement, les dossiers passent plus vite après avoir pris cette habitude.
Le plus difficile est de trouver des locaux adaptés pour chacun des nouveaux clubs. Le club de sciences se voit offrir l'opportunité d'utiliser les murs d'une ancienne concession automobile apportant aux Teyssier. L'entreprise a déménagé dans des bâtiments plus grands et récents et permet ainsi aux lycéens et aux collégiens de profiter d'une bonne surface à quelques pas du Lycée. Il y aura besoin de quelques travaux, toutefois, l'ensemble des activités du club dispose d'un espace vaste.
Les concepteurs de jeux vidéo ainsi que les graphistes et les monteurs de films investissent les bureaux du premier étage dont la connexion internet est excellente. Les futurs ingénieurs en robotique et en mécanique s'accaparent l'espace garage et ses nombreuses prises à fort ampérage. L'espace vitré voit apparaître quelques cloisons et paillasses permettant de faire des mini ateliers pour l'élaboration de divers produits cosmétiques ou d'autres manipulations de laboratoire.
La partie dessin industriel et stylisme sont accueillis dans les anciens bureaux du club de sciences qui deviennent le département mode. Tissus et machines à coudre côtoient les mannequins de mousse et patrons de sacs. La fabrication de bijoux se fera au sein de l'atelier de Dimitri, mais toute la partie création sera au lycée. Claudia met à disposition le podium de sa boutique pour les différents défilés et ventes aux enchères. Toutes les fabrications des établissements Washington seront proposées à la vente dans l'échoppe de Dimitri.
Si le club de théâtre conserve ses locaux, il pourra présenter deux spectacles par an dans le grand opéra de la ville. Le grand amphithéâtre gagne un écran amovible blanc géant taille cinéma, offert par Marcel Bord. Les publicités et courts métrages qui seront produits auront pour décor l'extérieur du Lycée ou les salles de cours du collège. Ils s'associent avec le département mode pour la création de costumes et le club de sciences pour la partie montage et correction d'images.
Les clubs de sports ont le stade et le gymnase à disposition. Le club de gastronomie se déplacera dans les cuisines du restaurant ou dans la cantine du lycée. Les salles de classe du lycée ou du collège offriront un abri temporaire aux autres clubs. Un projet de grande ampleur est imaginé par les professeurs. Ils veulent construire un nouveau bâtiment, à mi-chemin entre le collège et le lycée pour accueillir une majorité des clubs. Le rêve d'un hôtel des associations d'élèves voit le jour dans l'esprit rêveur.
Le terrain est déjà disponible. Elena et Lisa rigolent de l'idée, mais acceptent de présenter le projet à la future réunion en Février. Les enseignants et clubs ont six mois pour faire une maquette de leurs besoins et envies. Le professeur d'arts plastiques a un ami architecte qui se chargera d'étoffer et d'assembler les différentes pièces. Il ne restera que la partie la plus difficile : obtenir les fonds.
La rentrée va bientôt avoir lieu et peu de personnes se sont vraiment reposées. Deux semaines avant le début des cours, les deux jeunes filles forcent au repos tout le monde. Elles-mêmes épuisées, elles font une cure de sommeil chacune de leur côté. Elena part visiter quelques villes importantes. Lisa disparaît sans dire à la bande où elle se rend.
Les quelques appels en visio la montrent au soleil, dans une demeure luxueuse et calme. Elena, Maxime et Samuel, qui s'inquiètent pour la petite souris, finissent par comprendre qu'elle est avec Thibaut quelque part dans le territoire de Jaypur. Ils n'en sauront pas plus. Quand les deux garçons commencent à protester, Lisa se fâche, rappelant que le petit blond est son ami depuis toujours, qu'elle vient de passer un mois et demi avec eux et surtout qu'elle est assez grande pour faire ses choix.
Quand elle raccroche en colère, les bellâtres s'empressent de lui envoyer des messages d'excuses. Ils ont du mal à accepter l'immense sourire et la mine reposée et heureuse que leur amie arbore. Thibaut prend soin de la souris, là-dessus, ils n'ont pas de doutes. Toutefois, la savoir en sa compagnie, et sûrement avec l'impératrice aussi, les dérangent. Leur colère ne redescend pas depuis le mois de Mars. Elle les rend incapables de réfléchir et de s'ouvrir à la discussion.
Elena préfère ne pas intervenir. Elle demande juste à boire un café quand elle traverse la capitale de Jaypur. Elle voit Lisa débarquer avec le blond qui lui fait une bise puis se dirige vers le centre financier de la ville. Les deux jeunes filles passent plusieurs heures ensemble. Quand le soir tombe, la jolie blonde est invitée au restaurant par Thibaut et passe une agréable soirée. Le jeune homme la ramène à son hôtel puis repart avec la douce métisse.
Elena a eu confirmation de la présence de l'impératrice sans jamais la voir. D'après Lisa, la brune est agréable avec elle et prend soin de la jeune fille. Bien qu'elle ne puisse supporter Maeve, Elena a tenu à la remercier pour toute l'aide indirecte qu'elle a donnée dans la création des différents clubs. Via Lisa, elle lui offre des sucreries. La blonde sait qu'un seul mot de la brune aurait pu réduire à néant leurs efforts. C'est le contraire qui s'est produit et Lisa pense que Maeve veut que les clubs s'affranchissent du chèque annuel Teyssier.
Ce ne serait pas de la radinerie, mais une véritable volonté de donner un nouvel essor et de faire profiter tout le monde d'une dynamique autrefois réservée aux héritiers. Lisa a vanté les louanges de la brune au grand mécontentement d'Elena qui s'est mordu les lèvres pour ne rien dire de méchant. Lisa a changé elle aussi et s'affirme de plus en plus. La force de caractère de la brune semble avoir déteint sur Thibaut et Lisa, cependant, ce n'est pas forcément un mal de les voir plus sûrs d'eux.
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