Défilé

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— Bravo, je n'aurais pas dit mieux, Minnie ! S'exclame une brune hilare. Au fait, tu as choisi lequel ?

— Je ne leur ai pas encore demandé. Tu es sûre que je ne peux pas venir avec Elena ?

— Non ma petite Minnie. Elena est la fille de ma concurrente. Si elle venait, elle aurait des ennuis avec sa mère.

— Et avec Maman, je peux ?

— Ils ont à ce point les hormones en ébullition que tu n'oses pas leur demander ?

— Lisa, de quoi elle parle ? Questionne alors le beau brun.

— Maeve m'a invité à un défilé pour sa marque de lingerie. Je dois venir accompagner, mais je n'arrive pas à choisir lequel de vous fera le moins de grabuge par rapport à Thibaut.

— Pour toi, aucun de nous ne fera de grabuge petite souris, lui répond Maxime d'un air triste.

Savoir que Lisa est à ce point effrayée par les disputes incessantes rend le beau brun mal à l'aise. Il ne veut pas la perdre elle aussi. Lui et Samuel s'énervent si vite qu'ils font peur à leur amie. Elle n'ose pas sortir avec eux si l'un des deux autres est présent de crainte de se retrouver au milieu d'un scandale. Lui et Samuel échangent un regard peiné. Ils se sentent un peu cons tout d'un coup.

— Alors c'est décidé. Si vous promettez à la petite souris d'être sages, vous pouvez venir tous les deux voir mes anges, ricane la brune.

— C'est pour me demander cela que tu es venue ?

— Non. Je suis venue au secours d'un damoiseau en détresse aux prises avec une féroce tigresse.

— Ton fauve m'a sauté dessus, ronchonne Maxime.

— Que veux-tu ? Ma petite chatte doit craquer pour toi.

— Ah non ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi !

— Rassure-toi Minnie. Je blaguais juste. Alors c'est bon pour toi ? Si tu veux être sûre qu'ils se tiennent à carreau, invite Christy ma douce minnie, rigole la jeune fille qui tend alors les bras vers la boule de poils agrippée au pull du brun. Et toi, Duchesse, arrête de fréquenter les bad-boy et viens ici. C'est l'heure de la pâtée. Au revoir O'Malley. À samedi.

La brune part en riant doucement, le chaton dans ses bras. Quelques minutes plus tard, les trois autres rentrent à l'intérieur et la porte vitrée de la terrasse se ferme. Les musiques du dessin animé résonnent aussitôt. Le brun se dépêche d'appeler sa mère. Il sait qu'elle sera ravie de sortir un peu et de voir ses amis. En plus, Maeve dit vrai. Si Christy est là, l'ambiance sera plus agréable et il y a moins de risques de grabuges.

Le jour J, Christy sautille comme une enfant. Elle est ravie d'aller à un événement mondain avec son fils. Pour l'occasion, elle a fait de gros efforts vestimentaires. Revêtue d'une robe courte élégante, et ayant mis des talons pour l'occasion, la femme est très distinguée. Son fils a opté pour un pantalon noir et une chemise blanche, look intemporel et indémodable, très homme d'affaires en devenir. Son mari leur prête la limousine afin qu'ils arrivent en grande pompe. Lisa arrivera avec Maeve et Thibaut, Samuel tout seul. Mais ils seront tous placés les uns à côté des autres au premier rang.

Pour éviter un maximum de conflit, Lisa se place entre Samuel et Maxime. Christy à côté de son fils et de Maeve, les deux blonds sont chacun à une extrémité. Le défilé se passe bien. Les trois femmes ne cessent de bavarder. Les photographes se réjouissent d'avoir trois rejetons fortunés réunis. Cette pub servira la marque. Surtout que les mannequins s'amusent à descendre du podium pour donner des petits bouts de papier vierge aux deux bellâtres en ricanant. Tout le monde pense que ce sont leurs numéros de téléphone, alors que c'est juste une blague. Il n'y a rien d'écrit ou alors des blagues stupides de cour de récré.

L'après-midi se passe à merveille. Les deux grands garçons se tiennent à carreau. Thibaut reste silencieux. Maeve dorlote Lisa et Christy sans vraiment se préoccuper d'eux. Ils visitent les coulisses et Maxime se bouche les oreilles quand la brune propose certains ensembles à sa maman pour booster la libido de Marc Bord et faire au brun un petit frère ou une petite sœur. L'ambiance est amicale et très joyeuse.

Samuel reçoit quelques messages de ses parents étonnés de le voir à un défilé de mode. Sarah est celle qui se moque le plus quand elle apprend qu'il s'agit de lingerie féminine. Toutefois, leur fils se montrant un parfait gentleman, il honore leur nom et les Bjork ne s'offusquent pas plus que cela de le voir parmi la jet-set.

Les festivités se terminent. Samuel et Thibaut repartent avec un sac cadeau pour leurs mamans. Christy choisit elle-même son modèle ainsi que Lisa qui repart avec un ensemble pour elle et un pour sa maman. Elle rentre avec la limousine de Maeve. Le beau brun exige pour rire un cadeau lui aussi et montre un bracelet scintillant. Bien que très étonnée, Maeve lui offre de bon cœur. Il dit en souriant que c'est faire un collier à une duchesse qui lui a tapé dans l'œil.

Christy veut immédiatement en savoir plus. Toutefois, dans un instant de complicité, aucun des deux adolescents ne vend la mèche. Marc ayant un très important dîner d'affaires, ce soir-là, ils finissent tous les trois par rentrer ensemble et se font une soirée DVD dans le salon. Cependant, quand la brune commence à piquer du nez, elle file rapidement chez elle et ne prend pas le risque de s'endormir sur l'épaule de Maxime.

Quelques jours plus tard, la jeune fille propose de nouveau aux garçons de venir à un autre défilé de mode masculine cette fois. Lisa et Thibaut déclinent l'offre, bloqués par un souci familial. Christy se sent un peu souffrance et Maxime reste à son chevet. Maeve se retrouve donc seule avec Samuel. Étrangement, la soirée se déroule à merveille. Les deux adolescents font très attention à leurs paroles et passent un très agréable moment. Ils reviennent avec de nombreux cadeaux, pour Thibaut et son père, Rodrigue Tiago, Maxime, et même étrangement pour Dimitri et Marc.

De retour au lycée, le grand blond se fait charrier sur son intérêt soudain pour la mode. Il en rit et fait mine de ne s'intéresser qu'aux filles mannequins. Il se vante d'avoir les numéros de chacune des anges célibataires. Cela tourne vite en bataille générale aux coussins entres mecs. Un joyeux bordel. Quelques tabloïds spéculent sur un nouveau couple Teyssier-Bjork dans l'indifférence générale.

Elena est furieuse contre les deux garçons qui ont toujours refusé de venir aux présentations de sa mère. Elle les oblige en se lamentant. Tous les deux finissent par accepter à contrecœur pour ne pas blesser leur amie. Toutefois, ils la forcent à inviter également Lisa, Thibaut et Maeve. Le duo infernal décline poliment. Les bellatres font leur devoir et se montrent pour être photographiés dans un souci d'égalité. Si Samuel aime bien la mode, Maxime ne s'en préoccupe pas vraiment et suit son propre style. Toutefois, le fait qu'ils soient vus aux défilés fait de la publicité pour la marque et ils jouent le jeu.

Alternant les bras de Maxime ou Samuel, Elena fait les choux gras de la presse people. Les journaleux ne savent plus sur qui spéculer. Les deux andouilles en rajoutent et posent l'un à côté de l'autre en prenant une attitude tendre, juste pour faire perdre la tête aux vautours trop prompts à inventer des romances. La rumeur du couple Bord - Bjork fait pleurer de rire même les parents. Pour faire le buzz, les journaleux sont prêts à dire n'importe quoi.

C'est la nuit. Maxime se réveille en entendant de minuscules bruits sur le balcon. À moitié endormi, il songe à une chouette qui se serait posée sur la rambarde ou un autre animal de passage. Cela arrive souvent qu'il soit réveillé par des activités nocturnes, lui qui dort toujours la porte-fenêtre entrouverte. Il se tourne de l'autre côté pour se rendormir. Cependant, il continue de percevoir des petits grincements, comme quelque chose qui fouille.

Il fait donc semblant de dormir et par curiosité, tente de trouver l'origine en entrouvrant les paupières, encore un peu ensommeillé. Des ombres floues se dessinent, se détaillant au gré du vent dans les branchages qui dévoilent la lueur des étoiles par cette nuit sans lune. Sûrement une bestiole. Il verra demain s'il trouve des traces de passage dans la poussière et les feuilles qui salissent son balcon. De toute façon, Maxime aimant dormir dans la pénombre, il n'y a pas de source lumineuse tel une lampe ou un réveil qui fournirait un semblant d'éclairage intérieur.

Soudain, la porte vitrée, entrouverte pour avoir un peu d'air, s'écarte davantage et une ombre floue pénètre. Le vent se fait plus intense et la peau de Maxime frissonne de froid. Le brun ne distingue pas la forme, mais elle paraît très grande. Il y a quelque chose se mouvant dans sa chambre. Il en est sûr. Maintenant, il est bien réveillé et ses sens sont en alerte. Pourtant, il ne voit et n'entend plus rien maintenant.

De petits chocs à peine audibles semblent provenir de la salle d'eau. Le brun se concentre et écoute attentivement. Il comprend clairement qu'on déplace doucement des choses sur le meuble, faisant bouger le verre et tinter la brosse à dents. Enfin, c'est ce que suppose Maxime. C'est furtif et si le brun n'avait pas une excellente ouïe, il ne l'entendrait probablement pas.

Réfléchissant à toute vitesse, il se rappelle les vols qui ont eu lieu il y a environ deux ans et se demande ce qui peut être intéressant pour un cambrioleur. C'est d'ailleurs très étrange de prendre un tel risque. C'est osé de venir dans l'une des chambres les plus surveillées, dans un lieu truffé de caméra. Cela relève du suicide ou bien du grand art.

C'est incroyable qu'il ne se soit pas fait repérer d'ailleurs. Non, c'est même impossible. Maxime se dit qu'il doit halluciner, qu'il s'agit d'un écureuil ou d'une souris. Personne ne pourrait approcher de sa chambre, que ce soit par le toit ou la terrasse sans que le service de sécurité ne le voit. Il y a au moins trois caméras qui surveillent les alentours. Le brun se calme et se gronde intérieurement de délirer ainsi. Il se rallonge en secouant la tête.

Il reste toutefois attentif, son cœur ayant besoin d'un peu de temps pour évacuer la petite montée de stress qu'il vient de se faire. La porte de la pièce d'eau bouge et grince. Le chuintement passe ensuite au pied de son lit très vite, enfin, c'est ce que suppose le brun. Il entend juste des bruits étouffés de déplacement. Il fait si noir sans lune ni éclairage extérieur à cette heure avancée de la nuit. Maxime commence à avoir l'imagination qui s'emballe.

C'est son bureau qui est fouillé maintenant. Un animal se serait dirigé de l'autre côté, vers son sac où traîne des biscuits et des pommes. Il n'y a rien d'intéressant pour une bestiole parmi les papiers. Le brun s'énumère mentalement le contenu de sa zone de travail. Paralysé par la peur et aussi pour ne pas indiquer qu'il est éveillé, il ne bouge pas. Malgré l'obscurité, Maxime devrait distinguer les contours d'une silhouette.

Il en est certain, ce n'est pas un animal, mais bien un humain qui doit en vouloir à son ordinateur ou à son téléphone en train de charger. Son instinct lui disait bien que ce bruit n'était pas naturel. On est en train de le cambrioler, en pleine nuit, en croyant qu'il dort. Il ne peut bouger, l'individu étant trop proche. Les murs des chambres sont insonorisés, et malgré la porte vitrée ouverte, il y a peu de chances que quelqu'un l'entende en plein milieu de la nuit. Le brun songe à allumer le plafonnier pour attirer l'attention des hommes de la sécurité, mais l'interrupteur est trop éloigné, l'intrus étant sur le chemin. Maxime réfléchit à la meilleure façon d'agir.

La pénombre ne permet pas au brun de distinguer des formes toutefois, son ouïe fine perçoit ses stylos rouler sur la vitre pour finir par terre. Un bruit sourd indique que quelque chose de lourd, comme un livre, vient de tomber de l'étagère. Maxime ignore ce qu'il cherche, mais l'intrus y va à tâtons. Il fait trop de bruit. Ce n'est pas logique. Un cambrioleur serait plus discret en sachant la chambre occupée.

Les sons se rapprochent de nouveau très rapidement. À ses pieds, la couette qui repose par terre bouge et est tirée par quelqu'un qui marcherait dessus. C'est très faible toutefois les sens en alerte du brun détermine le moindre stimulus. Son cerveau fonctionne à toute vitesse et envisage toutes les possibilités.

Maxime songe soudain aux mafieux. La famille Wang est quasi exterminée et les rares survivants se terrent terrorisés. Cela ne peut pas être eux. Le mystérieux clan qui s'attaque auw Wang n'a jamais montre le moindre signe d'hostilité envers qui que ce soit d'autre que les Wang et Fabrice Toen. Pourquoi s'en prendraient t'ils soudainement à lui? Il n'y a aucune raison. L'esprit du brun divague et va d'une idée à l'autre sans se fixer.

Le jeune homme songe soudain au type étrange qui suit Maeve en permanence. Il imagine que cet homme pourrait avoir utilisé le balcon de la belle pour rejoindre le sien qui est proche. Le brun repense au soi-disant assistant particulier qui, dans sa façon de bouger et de regarder les alentours, semble entraîné au combat. Et si la haine de la brune avait engagé un tueur ?

Non, elle n'aurait pas fait cela. Maeve est fâchée contre lui, mais pas à ce point. Elle mène une guérilla commerciale contre son père Marc, pas envers lui. Elle est réglo. Elle utilise des méthodes respectables. Non, elle ne peut pas avoir fait cela.

Cependant, ce type n'est pas net. Il est sur le qui-vive en permanence. Même le propre garde du corps de Maxime, un type pourtant difficilement impressionnable, trouve inquiétant le soi-disant assistant de Maeve. Son propre père Marc lui a dit de se méfier de l'individu. Cet homme très étrange a un regard froid. Un regard de tueur et aussi d'excellents réflexes. Le moindre bruit fait se mettre en position de défense l'individu. On dirait qu'il s'attend à chaque seconde à se battre.

Maxime commence à paniquer. Et si la brune avait changé à ce point ? Ils étaient amis avant. Il y a huit ans. On change beaucoup surtout de l'enfance à l'adolescence. Elle semble haïr son père Marc. Peut-être qu'elle le déteste aussi. Peut-être qu'elle veut sa mort. Elle a promis de ruiner la famille Bord. Tuer l'héritier est un bon moyen pour avoir une victoire sur le long terme.

Maxime spécule et tremble. Lui si courageux a soudainement très peur, ne sachant pas les intentions de l'intrus. Doucement, et profitant de l'obscurité, il avance son bras pour attraper de quoi se défendre sans se faire repérer. Il aimerait allumer pour voir son ennemi, mais c'est impossible. Quelque chose le frôle. C'est fugace, cependant, il y a eu un contact qui a chatouillé sa main, lui provoquant un frisson de peur.

Maxime commence à transpirer de terreur. Son cœur bat la chamade. L'individu lui veut du mal. Il tend ses muscles, prêt à bouger. Il déglutit et tente de rassembler son courage. Ses mains tremblent alors qu'il les serre en poings. Le brun se sent seul face au danger et n'est pas préparé à se défendre dans ce genre de situation.

Il perçoit un poids sur ses pieds. Quelque chose de lourd comme une main pèse sur ses chevilles. Cela bouge. Le jeune homme n'y tient plus et bondit pour s'échapper et allumer le plafonnier puis se retourne prêt à combattre.

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