Prendre conseil auprès des anciens
Les Bjork organisent une grande fête pour leur anniversaire des vingt-cinq ans de mariage. Ils ont invité tout le gratin de la haute société. Un déballage de robes haute couture et de smoking se fait pour la plus grande joie des paparazzis. Ils ont loué le stade de la capitale pour l'événement.
Chacun se fait voir et pose devant les multiples photocall. Des fonds soit champêtres, soit de feux d'artifices ou encore un immense tapis rouge avec des marches est là pour combler le besoin narcissique des starlettes. Le thème de l'amour est respecté et nombreux sont ceux qui arrivent en cupidon ou en princesse avec des cœurs sur la robe. D'autres se sont déguisés en couple célèbre. Sarah et Dimitri optent pour Bonnie and Clyde. Marc et Christy font pire en se grimant en Christian Grey et Anastasia Steele. Les Plenzo en Princesse Peach et en Mario, référence à la société de jeux vidéos de Julie.
Après avoir obtenu l'accord des Bjork, certains osent même utiliser les personnages de dessins animé. Elena et Thibaut ayant décider d'officialiser ce soir là, ils arrivent dans le même véhicule, en princesse Aurore et prince Philippe. La blonde ne vit plus chez ses parents et reste fâchée depuis l'incident Tiago. Son père as menacé de la déshériter, toutefois, elle se moque de son argent et vu la guerre acharnée que poursuit l'empire Teyssier à l'encontre de Fabrice, il devrait être ruiner dans quelques années. Les Toen sont les seuls absents de la fête, bien que Claudia ait été invité.
La famille Plenzo accueille la jeune fille sans aucun souci. Thibaut ayant repris quelques bribes de l'empire de ses parents avec un immense succès, il fait fructifier le patrimoine à sa disposition et frôle la dix septième place mondiale en fortune personnelle. Il aura largement de quoi nourrir sa jolie blonde. Julie permet même à la jeune fille de venir apprendre les ficelles du métier de conception de jeux vidéos en ligne et envisage de la prendre comme assistante dans sa gestion de l'entreprise au vu des talents de la demoiselle.
Les Tiago profitent de la soirée pour montrer qu'ils sont de retour et jouent également la carte de l'humour en adoptant le look des parents de Raiponce et en affublant leur fille d'une chevelure blonde de deux mètres et d'un petit caméléon vert très sage sur l'épaule. Ils ont encore un peu de mal à la savoir en couple avec Samuel même s'ils sont reconnaissants aux Bjork de les avoir délivré. Dimitri et Sarah sont aussi un peu réticents alors les enfants y vont doucement. Aucune famille ne les empêche de se voir.
Samuel et Maxime choisissent de prendre à contre-pied le thème et débarquent en blanc Olaf pour le brun et en renne Sven pour le blond. Ils sont désespérants de bêtise. Les paparazzis s'en donnent à cœur-joie, ne sachant pas que les deux andouilles ont l'accord parental pour faire croire à une alliance entre les deux familles. Les peluches géantes de Elsa et Anna qui ornent leurs bras sont absolument ridicules et donnent une note de légèreté à la fête.
Tout le monde surveille l'arrivée de l'impératrice. Elle a promis à Thibaut et Lisa de faire soft. Toutefois, l'occasion est si belle pour se moquer des autres que personne n'est vraiment tranquille. Lorsque la limousine s'avance, ils retiennent leur souffle. La porte s'ouvre puis on voit quatre hommes torse nu déguisés en carte à jouer sortir et se positionner. Il n'y a que Thibaut qui rigole. Il vient de comprendre la future connerie qui se prépare.
Une volumineuse robe rouge et noire se dessine. Puis, une silhouette couronnée en sort et se fait porter par le quatuor esclave. Lisa signe à ses parents la référence culturelle et se joint à Thibaut pour rire à loisir. Elena se frappe la tête, désespérée. La belle se fait déposer devant les deux pitres et s'écrie de toutes ses forces :
— Qu'on leur coupe la tête!
L'assistance comprend enfin. La reine de cœur totalement siphonnée d'Alice au pays des merveilles. Non seulement la chipie assume son caractère tyrannique mais en plus, elle montre qu'elle ne redoute pas la menace en faisant mine de vouloir exécuter les rejetons Bjork et Bord. Ils doivent se mordre les lèvres à sang pour ne pas rire devant l'équipage loufoque qu'elle trimballe. Elle a convaincu sa styliste de se pointer en Cruella d'enfer avec une armée de chiots dalmatiens et pas mal de ses partenaires d'affaires lui succèdent en méchants Disney.
Le ton de la soirée est donné par les plus jeunes. Il est hors de question d'être sérieux ce soir. Une trêve de quelques heures, le temps de bien s'amuser semble déclarée. Maeve ose même se moquer de Christy en la taquinant sur sa rencontre avec Marc. Ceux qui connaissent la femme savent que c'est plutôt elle qui a du dévergonder Marc que l'inverse. La jeune fille propose même ses cartes à jouer pour égayer la soirée de Christy sous le nez de Marc qui préfère se retenir de répondre, y compris quand elle interroge son épouse sur ses préférences physiques.
Le quatuor de Toy-Boy qui accompagnent la Reine se charge de lui amener petits fours et rafraichissements. Il s'agit d'un tout nouveau Boys-band qui cherche à se faire connaître. Ils chanteront leur hit durant la soirée. Mais ce n'est pas le cadeau de Maeve pour les Bjork. Celle-ci offre une étrange boîte à bijoux contenant deux bagues assorties. Une chevalière en platine avec les initiales pour Monsieur, et pour madame une bague en forme de serpent ornée d'un saphir d'un coté et de l'autre un tigre en émeraude.
Madame Bjork lance un regard étonné à sa mère, le bijou ressemblant à une description qu'elle lui faisait enfant. La vieille femme est un peu pâle et son sourire crispée, toutefois, elle fait signe à sa fille que tout vas bien. Maeve n'a pas raté une miette de la réaction de la grand-mère de Samuel. Les autres cadeaux se succédant, personne ne s'attarde sur ce moment.
Un peu plus tard dans la soirée, on aperçoit la matriarche s'isoler dans un coin plus tranquille. Très vite, elle est suivie par une reine de cœur qui se fait discrète. Il n'y a qu'un duo de crétins qui s'est aperçu de la double disparition. Au bout d'un quart d'heure, Samuel est inquiet et va voir ce qui se passe. Il trouve sa mamie assise dans un coin en pleurs qui tient la main d'une Maeve qui semble triste. Il s'inquiète et questionne sa grand-mère pour s'assurer que l'impératrice ne se soit pas montrée insultante.
— Mamouchka tu es fatiguée? Tu veux que je t'appelle un taxi?
— Ne t'inquiètes pas mon petit. Je me remémore de vieux souvenirs. Je vais bien.
— Elle a connu René. Je lui ai demandé de me parler de lui quand il était jeune. Je ne cherche pas les ennuis, juste des anecdotes.
— René Teyssier?
— Oui petit ange. Calme toi. Elle ne veut que m'entendre raconter notre jeunesse, mieux le connaître grâce à moi. C'était un homme bien, un vrai prince au cœur d'or.
— Ok Ok. Je vous laisse tranquille alors. Mais je suis juste à côté si besoin Mamouchka.
— Va t'amuser. Invite donc ta princesse à danser. Cela me ferait tant plaisir de te voir avec ta petite copine.
Le blond s'éloigne alors et rejoint son pote. Il a l'impression que sa grand-mère ne lui a pas tout dit alors, il jette un œil inquiet dans sa direction par moments. Les deux femmes discutent et semblent s'être construite une bulle. Plus d'une heure après leur aparté, la reine de cœur se lève enfin et après quelques loufoqueries, quitte la soirée en prétextant de la fatigue. Mamouchka passe le restant de la nuit à regarder sa fille et son beau fils d'un air triste.
Samuel inquiet ne cesse de s'occuper de sa Babouchka et lui pose milles questions sans arriver à savoir quoi que ce soit. Même Sarah et Dimitri se préoccupent de la vieille femme qui leur semble en proie à un conflit intérieur mais ne cesse de dire que Maeve est charmante et que tout vas bien.
Le lendemain, une fois qu'ils ont tous dormi, la vieille femme réunit le couple et son petit fils pour leur parler. Ce qu'elle a à avouer n'est pas facile à dire. Pourtant, il le faut. Bientôt quarante cinq ans qu'elle garde cela dans son cœur. Mais hier, une jeune fille l'a supplié de révéler son secret. Et ce n'est pas n'importe quelle jeune fille. C'est sa petite fille, la cousine de Samuel, qui a tout découvert en fouillant dans les papiers de son grand-père René Teyssier.
— Ma chérie. Mon petit ange. Dimitri. J'ai quelque chose à vous dire. C'est à propos de la bague que tu a reçue hier mon cœur. Elle m'appartenait avant.
— Alors, c'est bien le bijou de ton premier époux? Mais comment Maeve l'a eu?
— Oui. C'est la bague qu'il m'a offerte pour la naissance de notre premier enfant, un fils. Et si Maeve l'a eu, c'est parce que... Mon premier époux était René Teyssier.
— Quoi? Mais tu m'avais dit qu'il était mort.
— J'ai menti. En fait, je l'ai quitté et cela a été la plus grande erreur de ma vie.
— Madame, je crois que vous nous devez une explication. Est ce à cause de vous que la fillette nous fait une telle guerre?
— Elle va arrêter. Mais je suis responsable. J'ai abandonné mon fils et j'ai crée un monstre. Maeve a souffert par ma faute et tant d'autres aussi.
— Ton fils? Tu parles de Rudolf? Tu es en train de me dire que je suis la sœur de cette ordure?
— Oui. La demi-sœur. C'est parce que je l'ai abandonné qu'il est devenu aussi mauvais. Je suis une horrible mère.
— Expliquez nous madame. Je dois vous avouer que je ne comprends pas très bien.
— J'étais l'épouse comblée de René Teyssier. Nous venions d'avoir un fils dont je m'occupais et lui était très pris par ses affaires. Je n'étais pas délaissée, loin de là. Il m'appelait souvent et dès qu'il avait du temps, il était auprès de moi et de notre fils, Rudolf. J'étais choyée comme une reine.
Quand notre bambin eut cinq ans, un partenaire d'affaire de René vient souvent dîner à la maison. Celui-ci me fit une cour éperdue et je tombais amoureuse. J'étais aveuglée par l'amour au point de tromper mon époux si attentionné. Quand je suis tombée enceinte, le bellâtre m'a quitté. Je n'ai pas su mentir et j'ai tout avoué à René qui se réjouissait d'avoir un second enfant.
Bien que je lui ai brisé le cœur, cet homme si bon était prêt à t'accepter ma chérie. Il voulait t'élever comme sa fille sans aucune différence et tout oublié de mon incartade. Je n'ai pas pu. Je n'arrivais plus à le regarder en face ni à être près de mon fils. J'ai fugué, les abandonnant alors, enceinte de six mois.
René a tout fait pour me retrouver. Il m'a supplié de rentrer mais c'était impossible. Nous avons alors fait croire au monde que j'étais morte et avec l'aide de ses contacts, j'ai eu une nouvelle identité et suffisamment sur mon compte en banque pour être à l'abri du besoin. Pour les apparences, j'ai épousé le Baron Tolsky qui se savait condamné par un cancer incurable afin de me donner un nouveau statut social.
Durant toute sa vie, René m'écrivait pour me dire que je pouvais revenir à n'importe quel moment. Il me pardonnait et était toujours prêt à te reconnaître comme sa fille Sarah. Je ne lui ai jamais répondu. Il n'a pas avoué ma faute à notre fils, lui faisant croire que j'étais souffrante, pour me permettre de réapparaitre.
Mais Rudolf était intelligent et il a fini par comprendre et par me haïr. Il a exigé de son père de multiples choses afin de garder le silence. Puis, il a débuté une guerre contre sa sœur, nouvellement mariée, en prétextant une lutte de pouvoir avec son époux.
A la mort de René, je fus chargé avec un ami de veiller, pour ma petite fille mineure, sur la partie de patrimoine que René avait mis à l'abri de son fils. Rudolf entra dans une fureur incontrôlable. J'aurais dû récupérer l'enfant à ce moment là mais je fus trop faible et jamais je n'aurais cru mon fils capable de telles horreurs.
Maeve a découvert la vérité il y a quelques jours à peine. Elle est encore chamboulée et a besoin de temps. Toutefois, elle aimerait enterrer la hache de guerre et apprendre à connaître sa grand-mère, sa tante, son oncle et surtout son cousin avec qui elle était amie avant.
Samuel, mon tout petit... Je comprendrais que tu me déteste... Mais cette enfant... Elle veut vraiment renouer un lien avec toi. Elle a besoin d'une famille.
— Ne me parle plus! Il est hors de question que je fasse le moindre geste amical envers elle. Elle est fausse. Elle te ment. Elle te manipule! Tu mens! Je ne te crois pas!
Samuel s'en va en courant, furieux. Il renverse les bibelots sur plusieurs meubles et s'enfuit de la demeure. Personne ne sait où il va. Il a abandonné son téléphone dans sa chambre et ni Maxime Bord, ni Thibaut Plenzo, ni Elena Toen ou même Lisa Tiago ne savent où il est.
Quand il reparaît en milieu de semaine avec les mêmes vêtements que le dimanche matin, ses amis accourent vers lui et il les rejette. Il ne veut parler à personne. La vision de l'impératrice dans la salle de classe le fait retourner son bureau et partir vers sa chambre où il se cloitre toute la fin de journée. Son père lui rend visite du soir et reste une bonne partie de la nuit à discuter.
Il a besoin de deux bonnes semaines pour encaisser la nouvelle. Mais il refuse obstinément de parler à sa cousine et à Thibaut, le seul de ses potes au courant. Il ne parvient pas à décolérer contre eux, sans aucune raison. Il évite également sa grand-mère. Il se sent trahi par celle qu'il vénérait avant.
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