Hypothèse

10 minutes de lecture

Il fait nuit. Le vent frais réveille Maeve qui se relève en se frotttant les yeux. La jeune fille as une mine affreuse, les yeux rouges, les cheveux et les vêtements en pagaille. Elle met quelques minute à réaliser où elle se trouve et ce qui vient de se passer. Vidée de toutes les larmes de son corps, elle est étrangement calme. Elle s'essuie le visage, se recoiffe rapidement et réajuste ses habits. Puis, elle sort son téléphone et prend une photo du haut de la lettre. Elle l'envoie à Marc Bord sans un mot malgrè qu'il soit près de minuit.

Elle ramasse alors les papiers, les place dans le coffre fort. Elle garde l'étrange clé dans sa poche, allume la lumière et change le code. Elle reçoit un message de Monsieur Bord qui lui demande où elle est. Elle lui transmet sa position GPS puis continue de ranger et fermer les volets et la fenêtre. Marc annonce son arrivée dans une demi heure et la supplie de ne pas bouger, qu'il vient la chercher. Elle ne répond même pas, amorphe. Elle vérifie que les volets et chaque fenêtre sont bien fermées puis verrouille toutes les portes une par une. Elle place toutes les clés sur le grand portant sécurisé et le referme à l'aide du code.

Elle referme enfin l'immense porte d'entrée, place la clé dans sa poche et se dirige doucement vers le portail. Elle n'attend que quelques minutes avant que la berline noire de Marc ne débarque à toute vitesse. Ils ont mis moins de vingt minutes. L'homme d'affaires se gare en catastrophe. Lui et son fils sortent de la voiture. Marc pose sa veste sur les épaules de la jeune fille.

**

Il est presque minuit. Marc a finit de travailler sur un dossier et se prépare à aller se coucher auprès de sa mie. Son téléphone sonne. A cette heure, il n'y a que peu de personnes qui osent le déranger et encore moins qui passe la barrière des numéros autorisés. Il doit sagir d'une urgence alors l'homme d'affaires ouvre le message.

Il s'agit d'une photo envoyée par un très vieux numéro. Le numéro personnel de René Teyssier. Marc agrandit aussitot pour mieux voir et manque de faire tomber son téléphone en comprenant de quoi il retourne. Il répond aussitot à la jeune fille en s'inquietant de sa sécurité et du lieu où elle se trouve. Il remet ses chaussures et sa veste puis va réveiller son fils en le secouant sans ménagement.

— Maxime Debout! Habille toi tout de suite! J'ai besoin de toi en urgence! Fais en silence. Ne réveille pas Christy.

Marc jette un pantalon, une chemise et un pull à son fils puis consulte le nouveau message reçu. Il répond pendant que Maxime s'habille en quatrième vitesse, très inquiet. L'air soucieux de son père, le fait qu'il le réveille en pleine nuit en lui demandant de ne pas faire de bruit, et surtout de ne pas prévenir sa maman mettent en panique le brun.

— Papa? Qu'est ce qui se passe ? demande Maxime qui s'exécute.

— Maeve a besoin de toi. On va la chercher. Je t'expliquerais bientôt. Mais à cet instant, tu es le seul qui peut l'aider. Alors tais toi et viens.

Les deux hommes se précipitent vers la voiture. Marc démarre en trombe. Pas besoin de GPS, il a reconnu l'adresse. Maxime attache sa ceinture sans tout comprendre. Son père conduit vite et en serrant les dents. C'est tout le contraire de ses habitudes. Toutefois, l'évocation de Maeve et la confiance totale qu'il a en son père, font que le brun reste silencieux durant tout le trajet. Maxime en profite pour finir de se réveiller en utilisant la bouteille d'eau de la boîte à gants.

Qaund ils arrivent à destination, son père ne prend même pas le temps de se garer correctement et s'arrête en plein milieu de la chaussée pour sortir du véhicule ronronnant encore. Il se précipite vers la jeune fille qui semble complétement hagarde et pas assez vétue pour le milieu de la nuit. Marc pose sa veste sur les épaules de la jeune fille pendant que Maxime sort.

**

— Maeve. Nous parlerons tous les deux dès demain matin. Je t'en fais la promesse. Mais là, tu dois rentrer et dormir. Laisse Maxime te prendre dans ses bras. Il ne dira rien. Je lui scotecherais la bouche si il le faut. Viens dormir à la maison. Avec lui. Comme avant. S'il te plaît!

La jeune fille regarde enfin l'homme d'affaires pendant que le brun la serre dans ses bras et la tire vers les sièges arrière de la voiture. Elle se laisse faire sans protester. Elle s'assoit et Maxime lui installe la ceinture de sécurité. Il s'attache à son tour et son père qui as repris le volant fait demi tour et rentre vers la demeure Bord. Cette fois en roulant prudemment et les mâchoires un peu moins crispées. Le retour dure environ trois quarts d'heure. Personne ne parle. Maxime se contente de serrer Maeve dans ses bras, Marc de rouler et elle... de rester sans réaction.

Quand ils rentrent dans la maison Bord, Christy dort encore. Marc ordonne à son fils d'emmener Maeve dans sa chambre pour qu'elle se douche, se réchauffe et de lui fournir un pyjama. Il indique à son fils de ne pas poser de questions ou chercher à parler et de se contenter d'agir en gentleman comme il l'a déjà fait à de nombreuses reprises.

— Maeve? Quelqu'un d'autre que toi as lu ou est au courant de ce courrier?

— Non. Que moi. J'ai pensé qu'il valait mieux garder cela discret.

— Je te promets de tout t'expliquer demain, une fois que tu auras dormi. Ce n'est pas ce que tu crois.

— Je ne crois rien. Saviez vous pour Mahon?

— Mahon? Non. Désolé Maeve. J'ignore de quoi tu parles.

— Ok... On parlera demain. Je crois qu'on as beaucoup de choses à se dire. Christy savait?

— Oui, je l'ai écrit avec elle en réalité.

— Ca explique. Je ne dirais rien à personne tant qu'on aura pas parlé tous les deux. Même à l'autre andouille qui vous sert de fils. Mais après, lui et Thibaut devront tout savoir.

— Bien sûr. C'est évident. Va te reposer Maeve. Surtout ne fais pas tourner cela en boucle dans ta tête. Je te promets que je t'expliquerais chaque mot demain. Quitte à ce que tu me détestes encore plus.

— C'est mon géniteur que je déteste. Vous, j'hésite encore. Bonne nuit monsieur Bord. A demain. Je vous écouterais.

Maeve tourne le dos et monte à l'étage. Elle sait où se trouve la chambre de Maxime qui la suit docilement. Elle ouvre la commode et récupère une paire de chaussettes, un boxer et le haut d'un pyjama sans un mot. Elle va vers la salle de bains, se retourne enfin vers le brun.

— Je vais bien. Ne t'inquiètes pas. J'ai juste découvert un secret entre ton père et le mien. Mais... je ne pense pas que ton père soit un salop... Il faut vraiment que je dorme. Je reviens dans cinq minutes. Ne te pose pas de question et attends moi sous les couettes. Je ne parlerais de rien de toute manière.

— D'accord princesse. Je m'inquiète juste pour toi... Mais si tu me dis que ca va alors daccord. Je me déshabille pendant que tu te douches et on se retrouve sous la couette pour dormir.

Au bout de cinq minutes, la jeune fille ressort propre et vêtue de la tenue de nuit. Elle se glisse contre le brun en silence et pose sa tête contre son torse. Instinctivement, il la serre dans ses bras et lui caresse le dos et les cheveux. Tout deux laissent quelques minutes à leurs coeurs respectifs pour retrouver leur calme. Ils se calinent sans un mot. Maxime voudrait s'escuser de son comportement mais il sent que ce n'est pas le moment. Alors, il se tait. Comme lui as conseillé son père.

— Je n'ai rien bu ce soir. Je n'ai aucun substance toxique dans le corps. Je veux que tu le saches.

— Oui je sais que tu es clean depuis que ... Thibaut est auprès de toi.

— Il a une théorie sur ce qui s'est vraiment passé et pourquoi tu as été aussi con. Sur moi aussi. Je n'y crois pas mais... Ce soir, j'ai très envie de vérifier son hypothèse.

— Je sais mais je ne la connait pas. Je crois que mon père est au courant. Mais comment on vérifie?

Maeve lève alors la tête et regarde Maxime droit dans les yeux. Son regard reste perdu pendant de longues minutes. Elle semble réfléchit à un problème insoluble et Maxime ne sait pas du tout quoi faire ni si il doit parler ou se taire. Il se contente de continuer à lui caresser les cheveux.

— Je suis clean. Je n'ai jamais fait cela avant, avec qui que ce soit. Met toi le dans le crâne petit coq, murmure Maeve.

La jeune fille tend son visage vers celui du brun puis se hisse un peu sur son torse. Ne cessant de le regarder dans les yeux, elle se rapproche de plus en plus puis ferme enfin les paupières en posant doucement ses levres sur celles du brun tétanisé.

Le contact chaud et hésitant à se retirer fait vriller le brun. Il bascule Maeve d'un mouvement de hanches et lui rend avec fougue son baiser. Posant ses mains de chaque coté de la tête de la brune, Maxime lui picore le visage et les lèvres sans pouvoir s'arrêter. Elle ne le repousse pas. Ses bras se glissent dans le dos du jeune homme pour qu'il reste près d'elle. Les deux adolescents s'embrassent doucement, avec crainte, envie et respect.

De très longues minutes passent sans qu'ils ne prêtent attention au monde extérieur. Ils sont dans leur bulle, enfin calmes et paisibles. C'est Maeve qui rompt ce moment magique en tournant un peu la tête et en chuchotant qu'il faut dormir. Maxime s'écroule sur elle dans un dernier bisou sur le front et les deux s'endorment, emmélés l'un dans l'autre, le nez dans le cou de l'autre.

Le matin se finit sans que l'un ou l'autre n'ait bougé. Ce sont des bruits au rez de chaussée qui finissent par les réveiller.En s'étirant doucement et en rougissant au vu de leur position et surtout de l'entrejambe plus que gonflée de Maxime, les deux adolescents sortent du lit et de leur torpeur. C'est naturellement que le brun récupère un pantalon de pyjama avec une ficelle et aide Maeve à le serrer pour qu'il ne tombe pas. Les deux enfants n'osent pas parler après s'être dit bonjour.

Ils descendent pour le déjeuner. Se dirigeant ensemble vers la cuisine, ils tombent en premier sur Christy qui sans un mot enlace Maeve très fort. Maxime s'aperçoit que sa maman est en larmes et l'interroge du regard. Christy se contente d'un sourire et d'un bisou sur les cheveux de la jeune fille qui se laisse faire. Une montagne de crêpes et de gaufres sont les preuves du besoin de s'occuper l'esprit de la maman.

Quelques minutes à peine après que les enfants n'aient commencé leur festin, Marc rentre. Il dépose un baiser rassurant sur les lèvres de sa douce épouse, fait une tape sur l'épaule de son fils et s'assoit en regardant les deux gloutons affamés. Aucun doute, ils meurent tous les deux de faim et leur gourmandise naturelle va venir à bout de l'incroyable quantité de nourriture. L'homme observe la jeune fille avec attention. Il essaye de deviner son état d'esprit avant d'avoir uen discussion qu'il craint houleuse. Il a envoyé un message à Thibaut ce matin pour le prévenir de la présence de Maeve mais sans entrer dans les détails.

Pour l'instant, la jeune fille tente le combo gaufre chocolat banane dans un sandwitch de crepes. Elle ne regarde personne, juste la nourriture avec des yeux d'enfant. Elle se régale et abuse des sucreries. Maxime n'est guère mieux avec son mélange fromage de chevre miel gaufre. On dirait qu'ils n'ont pas mangé depuis des jours. Christy sourit de leurs appétits mais on voit qu'elle est très inquiète et observe elle aussi Maeve pour la déchiffrer. L'homme d'affaires se décide enfin à rompre le silence.

— Bonjour les enfants... J'espère que vous avez bien dormi et je prends plaisir à vous voir manger de si bon appétit.

— Bonjour papa. Tu sais bien que je suis un estomac sur pattes.

— Bonjour Monsieur Bord. Cessez de vous torturer avec Christy. Je ne suis pas en colère, juste très intriguée et je veux la vérité, quelle qu'elle soit.

Cette déclaration, dite d'un ton monotone et presque blasée, fait sursauter Christy et Maxime. Si la première est encore plus inquiète, le second est encore plus surpris et interrogatif. Marc est rassuré. Le ton neutre est signe d'écoute et les mots indiquent que la jeune fille les observe aussi avec attention tout en dévorant le petit déjeuner. Si elle était fachée, même la présence de Christy et de Maxime n'aurait pu empêcher la tornade. Au contraire, la donzelle semble même curieuse, ce qui montre qu'elle n'a pas pris la lettre pour argent comptant. Marc va pouvoir s'expliquer.

La demoiselle a relevé les yeux et regarde droit sans fléchir l'homme d'affaires. Contrairement aux dernières fois, il n'y a aucune animosité. Elle semble sonder Marc pour se forger une opinion. Les tracas de monsieur Bord semble apaiser l'habituelle colère et ses prunelles émeraude n'ont aucune lueur métallique. Pourtant, c'est la première fois de sa vie que Marc a l'impression d'être une proie observée par un prédateur qui s'amuse.

Quoique non. Il a déjà eu ce sentiment quand il draguait Christy et qu'elle se refusait à lui. Quand aucun sourire ou émotion ne transparaît sur le visage mais qu'il sent qu'on se moque de lui intérieurement. Maeve a bien grandi. Elle maitrise de mieux en mieux ses émotions et devient vraiment redoutable quand il s'agit de rentrer en dominante dans une discussion importante.

Marc comprends que chaque mot, chaque respiration, intonation ou silence sera scruté et décortiqué. Il ne pourra pas mentir ou dissimuler quoi que ce soit. Maeve veut la vérité, toute la vérité sur le passé de son père et sur l'amitié qui as uni les deux hommes d'affaires pendant de très nombreuses années. Aussi sur ce qui a tout détruit et les secrets des familles Bord et Teyssier qui lui sont inconnus encore.

Annotations

Vous aimez lire danslalune123 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0