Reconnaitre son échec

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Une fois le repas terminé, Marc et Maeve se dirige vers le bureau de Monsieur Bord. La brune s'affale sur un fauteil de cuir moelleux sans se préoccuper de sa tenue si peu convenable pour une discussion aussi importante. Elle et Marc ne s'attardent guère aux conventions à cet instant. L'homme d'affaires est nerveux. Il reste debout et tourne en rond. Il est étonné que la jeune fille lui ai envoyé un sms puis se montre si docile depuis. Encore plus qu'elle n'en ait parlé à personne d'autre. Il ignore si c'est une opportunité de regagner sa confiance ou si elle compte le détruire.

— Maeve... Je sais que cette lettre a du te paraitre très étrange. J'ignore ce que tu en as pensé. J'ignore aussi ce que tu sais réellement de mon passé avec ton père. Toi seul connaît ce que Rudolf as bien pu te dire ou non. La vérité ou les mensonges, ni quelles vérités et quels mensonges. Je ne sais même pas par où commençer, ni ce que tu souhaites savoir.

— Avez vous laissé René mourir? dis d'une voix mielleuse la jeune fille

— NON! JAMAIS! Je ne ferais jamais cela à quiconque et encore moins à un homme que j'aimais et respectait, un second père pour moi.

— Bonne réponse. Grâce à Thibaut, je le savais déjà. J'ai consulté les rapports de l'hopital qui ont fait mention d'un massage cardiaque de votre part pendant plus d'une demi-heure après la mort de René. Rudolf m'as fait croire que vous avez accéléré la mort de René. Saviez vous qu'il ne s'agissait pas d'une crise cardiaque mais d'un empoisonement? réponds d'une voix neutre.

— NON! Je l'ignorais totalement. Pardon de me montrer aussi nerveux et indiscret mais à quoi? Le sais tu?

— Par quoi? Du tabac pour sa pipe qui avait été enrichi en beta bloquants. Par qui? Son propre fils. Pourquoi? Pour récupérer l'empire Teyssier. En lui faisant du bouche à bouche, vous auriez pu mourir vous aussi. Vous n'y avez échappé que grâce à l'adrénaline qui faisait battre votre sang à toute vitesse et votre jeune âge.

— Je...

Monsieur Bord tombe assis sur son fauteil. Il tente de contrôler ses émotions. Ce que vient de raconter Maeve est une bombe. Le récit des souffrances de Maeve avait déjà été difficile à entendre. Apprendre que Rudolf as tué son père chamboule Marc. Son ancien meilleur ami avait certes bien changé, toutefois, jamais il n'aurait pensé que c'était à ce point. L'homme d'affaires aimait énormément René et Rudolf. Il n'arrive pas à le croire bien qu'il ne doute pas une seconde des propos de Maeve.

La jeune fille rest silencieuse et lui laisse le temps pour accuser la nouvelle. Elle a longtemps cru que Monsieur Bord avait cessé le massage à cause de Rudolf jusqu'à ce qu'elle céde à Thibaut et ne recherche les rapports d'autopsie et des urgences. Puis qu'enfin elle épluche les factures de Rudolf quelques semaines à peine avant la mort de René. Elle aussi ne croyait pas ce qu'elle avait découvert. Alors elle peut comprendre que l'homme d'affaires soit sous le choc. Elle a lu l'affection entre son grand-père et Marc dans les différents courriers qu'ils s'étaient échangés pendant des années. Des conseils et des remerciements. De l'amour Père -fils sans le dire.

— Etiez vous vraiment ivre quand vous avez écrit cette lettre?

— Non. On avait bu un peu trop d'alcool Christy et moi au moment de rédiger mais pas au point de ne pas avoir les idées claires. J'ai écrit ... ce que je pensais que Rudolf voulait lire. Je me suis totalement planté.

— Si il y a bien une chose dont je suis certaine, c'est de l'amour immense et du respect infini que vous portez à Christy. C'est pour cela que je savais que les propos de cette lettre étaient en parti mensongers.

— En partie?

— Faites pas l'innocent. Je sais que mon père et vous aviez l'intention de nous marier moi et votre imbécile de fils. Rudolf me l'avait dit.

— C'était un délire de gamins.

— Non. Une stratégie familiale ancestrale. Mais bon, je m'en fous de ça, dis maeve dans un geste d'impatience. Vous savez pourquoi Rudolf a refusé? Il détesté m'élever et m'avait confié à la vieille.

— Non. Les premiers jours, il avait fait allusion au fait d'accepter puis as soudain changé d'avis. Je n'ai jamais su pourquoi. Maeve.... Je... Je t'aurais élévé comme ma fille, avec autant d'amour que pour Maxime. Mon offre était désinterréssée. Je voulais prendre soin de toi avec Christy. Rien d'autre. Je m'en veux tellement de ne pas avoir réussi à convaincre Rudolf.

— Mahon? Ca ne vous dit vraiment rien?

— Non. J'y ai pensé toute la matinée et ni moi ni Christy ne savons quoi que ce soit à propos de ce mot. Je ne peux pas t'aider sur ce point.

— Ce n'est pas un mot. Ok. Je ferais mes recherches si vous ne savez pas... Pourquoi vous pensiez que Maxime etait la personne dont j'avais besoin hier soir?

— Mon fils m'as tout raconté à propos de toi et des nuits où tu as dormi avec lui. De la peluche que tu as volé et cachée pendant tant d'années... Maxime est l'une des personnes dont tu as toujours eu besoin. Lui et Thibaut.

— Christy aussi. J'ai besoin d'eux trois.

— Maeve ... Sais tu pourquoi Rudolf haissait tellement Dimitri et Sarah? Cela a toujours été une énigme pour moi. Je n'ai jamais trouvé quoi que ce soit qui le justifie.

— Oui je sais. Mais je ne suis pas encore prête à en parler.

— Je serais là si tu as besoin. Même en plein milieu de la nuit. Comme hier soir.

— Ne me mentez pas. Je veux la vérité. Je suis certaine que vous ne dormiez pas.

— Non, dis l'homme d'affaires dans un sourire. Je venais tout juste de finir de travailler. Je suis insommiaque.

— Ca doît être génétique. Le grand dadet se balade dans les couloirs du lycée la nuit. Ca en serait presque flippant.

— Surtout du coté de la cantine. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi affamé en permanence. Heureusement que je suis riche pour lui acheter à manger car il coûte cher en bouffe.

— Vous aimiez Rudolf? Je veux dire quand vous avez écrit cette lettre? Et après?

— Oui. Il était mon meilleur ami, mon pote d'enfance. Celui que je voyais comme un frère. Un peu comme Maxime et Thibaut. On s'est brouillé pour une anerie mais je continuais à le respecter et vouloir nous rabibocher. Jusqu'au jour où Zeina est morte et où il a insulté Christy à l'enterrement.

— Il n'y a pas eu d'enterrement.

— Si. Tu ne nous as pas vu car Rudolf nous a mis à la porte mais Christy et moi sommes venus dès que nous avons su. Il a hurlé des mots atroces à Christy. Je me suis interposé. Ton père et moi nous sommes battus.

— Cela explique son oeil au beurre noir et ses levres gonflées les jours suivants.

— Oui. J'avais des marques similaires. Il a même sorti un couteau pour me faire reculer et partir.

— Quand on a déménagé.... C'est là où j'ai entendu la première insulte envers vous. Il m'as fait croire pendant des années que vous aviez tué Papy. Et d'autres horreurs sur vous, Maxime et Christy.

— Je ne suis pas un saint. J'ai fait des choses pas très jolies jolies.

— Je me doute. Mais êtes vous un salop pour autant?

— A toi de me le dire. Je ne rougis d'aucun de mes actes. Si je le dois, dis le moi.

— Rien de rien?

— La seule chose dont j'ai honte est de ne pas avoir compris ce que tu vivais. Jamais je n'aurais pensé Rudolf capable de te frapper. Je me doutais qu'il n'était pas un bon père mais pas à ce point. Si seulement ... Si j'avais su, j'aurais tout fait pour te protéger, pour te récupérer. J'ai été le pire parrain possible, réponds l'homme en marchant nerveusement.

— Non. Le pire c'est Rudolf. Il méprisait votre fils. Il me disait vouloir le voir malade ou mort. Pourtant, je n'ai jamais rien découvert qui dirait que Rudolf ait cherché à attenter à sa vie.

— Tu as trouvé des choses contre d'autres? Je veux dire ... à part René?

— Oui. Plusieurs personnes ont failli mourir chez les Bjork ou Toen. René, Sania et pas mal de Wang n'ont pas eu de chance de survie... J'ai aidé à l'assasinat de certains Wang. Je ne suis guère mieux.

— Les Wang ont cherché à te faire du mal. Ils ont touchés aux parents de Lisa. C'étaient des ordures. Personne ne mérite la mort, toutefois, tes gestes peuvent se comprendre.

— Je n'ai pas commandité quoi que ce soit avant qu'ils ne s'en prennent à Lisa. ce qui s'est passé avant, ce n'est pas moi. La purge... vient d'ailleurs.

— Sait tu qui c'est?

— Oui. Et c'est lié à la haine de Rudolf envers le monde entier. Je dois encore éclaircir certains points. Thibaut va arriver demain matin. Puis je rester dormir cette nuit encore?

— Bien sur Maeve. Tu as été et est toujours la bienvenue ici. Faut t'il que je scotche la bouche de mon fils par sécurité?

— Non. Il pourrait se digérer de l'intérieur s'il ne peut pas manger. Et puis, j'ai l'habitude qu'il dise des conneries. Pourquoi vous n'avez pas participé à la vengeance de Rudolf contre les Toen à la mort de René? Les Tiago l'ont fait.

— Ton père ne m'en as pas laissé la possibilité. Il a commencé les coups bas envers tout le monde, y compris moi, une fois que René n'était plus là pour le réfréner.

— Et vous? Vous avez commencé les coups bas quand?

— Envers les Toen... Depuis qu'ils ont émergé. Envers Rudolf après la mort de Zeina. Les autres, j'ai toujours été réglo. Même avec les Bjork. Ils m'énervent mais j'ai été réglo.Je te le jure.

— Je vous crois.

Un silence s'installe durant de longues minutes. La jeune fille est plongée dans ses pensées. L'homme d'affaires l'observe avec inquiétude. Maeve ne lui dit pas tout. Il est certain qu'elle connaît d'autres choses sur Rudolf et garde le secret. Et puis, quel est ce mot? Mahon? Cela ne lui dit vraiment rien. Elle est trop calme et semble assembler un puzzle dans sa tête. Une énigme dont il n'a pas toutes les pièces.

— Seriez vous prêt à abandonner une partie de votre empire si cela permettait à votre fils de trouver le bonheur?

— Je serais capable de dormir dans la rue si cela peut faire en sorte que Maxime soit heureux. Mais j'avoue que je trouve ta question étrange.

— Pas tant que cela. J'aurais besoin de certaines de vos entreprises pour gonfler l'empire de Thibaut et celui de Lisa.

— Et en quoi cela aiderait Maxime à être heureux? Je ne suis pas bien la logique.

— Thibaut va épouser Elena. Lisa sera avec Samuel. Pour que les couples soient de niveau équivalent, il va falloir faire grossir leurs dots respectives.

— Leurs dots? Ah Ah Ah Maeve ta façon de parler me file la frousse. Mais cela ne réponds pas à la raison du bonheur de Maxime.

— Quitte à avoir des concurrents, autant que le challenge soit réel.

— Thibaut ne sera jamais un concurrent pour toi et tu le sais. Samuel, je n'arrive pas à savoir. Il est vraiment bizarre et changeant depuis quelque temps. Lisa est très en colère contre lui. Mais je ne vois pas le lien avec Maxime.

— Elle lui pardonnera. Bientôt. Faut que je lui parle. Pour le petit coq, c'est simple. S'il est trop puissant, il attirera la haine. Si il joue à armes quasi égales, il sera un concurrent pour se challenger et l'amitié aves ses potes sera possible. Donc le bonheur.

— Mais quel est ce secret? Que me cache tu Maeve? Tu sembles si sure de toi. Quelles horribles choses font que Samuel se mette dans cet état? Puis devienne impuissant pour se faire pardonner comme l'est Maxime? Dailleurs, leur pardonnera tu un jour?

— Vous savez très bien que je suis incapable de détester Maxime. Par contre, je vais bien le faire galérer car votre théorie avec Thibaut se révélé juste de son coté. Votre fils est dans un beau merdier. Pour Samuel, je lui ai déjà pardonné certaines choses.

— Fais suer mon fils autant que tu veux tant qu'il a espoir de pardon.

— Vous seriez vraiment prêt à perdre le nom des Bord si j'épousais Maxime?

— Tu l'envisages vraiment?

— Non. Mais répondez à la question.

— Peu importe le nom de famille qu'il porte, Maxime est et restera mon fils et un excellent hommes d'affaires qui fera prospérer l'empire familial.

— Vous n'avez pas vraiment répondu mais je comprends l'idée. C'est vrai que vous avez essayé d'avoir un second enfant avec Christy?

— Comment sait tu cela?

— Donc c'est vrai.

— Oui, c'est vrai. Mais seul Christy et moi le savions.

— Rudolf a soudoyé le médecin traitant de votre famille. Christy a reçu des contraceptifs au lieu de vitamines et ce pendant des années... Jusqu'à ce que vous abandonniez l'idée. Ensuite, Rudolf a fait introduire les contraceptifs dans la madelaine qu'elle prend chaque matin. Je l'ai découvert l'an dernier et j'ai immédiatement fait cesser cela. Il a tenté aussi de vous empoissoner, une dose non pour vous tuer mais juste pour vous rendre malade. Votre santé de fer ne lui a jamais permis d'avoir cette satisfaction.

— Je... NON! Il n'aurait pas osé! NON ! Je ne peux pas le croire! POURQUOI?

— Il ne voulait pas d'un second héritier Bord. Je ne sais pas pourquoi.

Marc frappe le mur avec violence. Cela fait trop de choses à encaisser. Rudolf qui tue René et Sania, qui tente de tuer les Bjork et Toen, et qui l'empêche d'avoir un second enfant. Lui, son meilleur ami. Trop, c'est trop. Marc s'affale dans son fauteil et se met à pleurer. Toute l'affection et le respect qu'il avait encore pour Rudolf vient de se fracasser. Son coeur se brise.

Christy, qui espionnait derrière la porte, rentre soudain et se précipite vers son époux pour l'enlacer, elle aussi en pleurs. Elle l'embrasse et le serre en silence. Puis, tout en continuant à laisser les larmes couler calmement, elle regarde la jeune fille qui les observe. Aucune méchanceté dans les yeux de Maeve. Tout juste de la curiosité mais bien caché sous un masque de neutralité.

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