Viennoiseries
Le soleil se lève à peine en ce vendredi matin que Thibaut est à la porte des Bord avec une montagne de pains au chocolat, croissants, brioches et autres mets de boulangerie. Il n'est pas rasé et a des cerne sous les yeux. Il débarque de l'aéroport directement, avec juste un détour pour le pain. Nerveusement, il tente d'avoir des nouvelles de son amie qui roupille encore dans les bras de Maxime.
Marc et Christy calment le garçon et lui assurent que Maeve va bien. Elle profite juste du plaisir de voler la couette de Maxime. L'homme d'affaires raconte briévement les raisons de l'arrivée de Maeve au manoir Bord et sans tout révéler, fait à Thibaut la même promesse qu'à Maxime. Il leur racontera tout en détail dès que la brune l'y autorisera.
Pour pleinement apaiser le blondinet, Christy le laisse rentrer dans la chambre pour voir les deux anges bruns enlacés. Maxime est réveillé et ne peut pas bouger. Maeve as enroulé la couette autour d'elle de telle façon qu'il est prisonnier. Thibaut dépose un baiser sur la joue de la jeune fille qui gromelle sans se réveiller. Les deux garçons ne parlent pas mais se font un check du poing pour se dire bonjour.
Le maigrichon tente de libérer son ami en tirant doucement la couette de façon stratégique. La situation fait sourire les deux garçons qui s'amusent de la capacité d'emmerdement qu'à Maeve même quand elle dort. Ils finissent par chuchoter et rire doucement. Maxime est enfin désentravé et file pisser pendant que Thibaut s'assoit sur le bord du lit. Le brun retrouve son pote qui caresse les cheveux de la brune, seul élément indiquant sa présence sous la couette roulée en boule. Un ours qui hiberne. C'est l'image qui leur vient tous deux à l'esprit. Cette pensée commune et complice leur rappelle de bon souvenir.
Doucement Maxime tate le terrain pour s'assurer de la théorie de Thibaut et Marc. Ce qu'l redoutait se confirme. Son père et son pote ont compris depuis un sacré moment que le grand dadet craque totalement pour la petite chipie. Maxime finit par le reconnaître à demi mots sans évoquer le baiser. Il présente maladroitement ses escuses à son pote et promet de se faire pardonner. Le blondinet se moque et compare les tentatives de Samuel avec Lisa à des broutilles face au boulot qui attend Maxime pour se faire pardonner de la brune. Gentiment, il lui promet tout de même son aide.
La brune bouge enfin et sort une main. Elle tattone à la recherche de quelque chose. C'est la cuisse de Thibaut qui subit le pincement de reconnaissance. Sans même sortir un oeil de la couette, elle marmomme.
— Bonjour chouchou
— Bonjour diablesse. Bien dormi?
— OUAIS! Il est trop confortable.
— J'ai libéré ton prisonnier qui devait pisser
— Pas grave. Je trouverais d'autres sévices à lui faire subir.
— Les pains au chocolat te feront t'ils sortir de ta grotte, ma grincheuse amie?
— Fallait le dire plus tôt banane, dis Maeve en jetant la couette à terre et en se précipitant à la cuisine en courant.
Les deux garçons sont stupéfaits quelques secondes puis éclatent de rire en même temps. L'estomac de Maeve est pire que celui de Maxime. Elle tuerait pour de la bonne bouffe. Ils ont intérêt à se dépécher si ils veulent avoir quelque chose à manger. Thibaut profite que Maxime s'habille et se douche pour lui emprunter un rasoir et de quoi se rafraichir. Quand ils arrivent en bas, la table est mise. Tout est prêt et une demoiselle ronchonne que Christy ait planqué les victuailles.
C'est paisiblement que tous s'attablent, Maeve se posant sur les genoux de Thibaut pour un câlin. Ou bien pour lui mettre des miettes sur le costume. Peu importe pour le garçon. Elle va bien. Il est rassuré après s'être fait un sang d'encre. Il la gronde gentiment. Elle aurait du lui dire qu'elle allait à sa ancienne maison. Il l'aurait accompagné. Il n'obtient qu'une langue tirée en guise d'escuses et un bisou qui le barbouille de chocolat chaud et de confiture de fraise.
La mauvaise foi de la jeune fille fait sourire tout le monde. Jamais elle n'admettra qu'elle a tort. Ils retrouvent la chipie de leurs souvenirs les plus doux. Force est de constater l'amour immense entre Maeve et Thibaut. Le blondinet la couve des yeux. Elle cherche la bagarre et les câlins. Maintenant tout le monde constate l'aspect purement fraternel entre eux. Maxime ferme les paupières quelques secondes. La jalousie qu'il ressent à cet instant ne laisse plus de place au doute. Il est amoureux de Maeve. Elle le sait. Il est foutu.
Il réouvre les yeux subitement en se faisant bombarder par des miettes de pain. Maeve déteste les costumes et saccage les tenues des deux jeunes hommes. Elle est encore en pyjama et s'en fout totalement. Thibaut s'amuse à la faire râler en lui rappelant que cet après midi elle a une négociation et va devoir se doucher et s'habiller en pingouin. Marc qui sera un de ses adversaires encourage la jeune fille à rester en pyjama. Il la met au défi de lui souffler le contrat dans cette tenue au désespoir de Thibaut qui a peur qu'elle accepte.
Les chamailleries vont bon train. Thibaut kidnappe Maeve à la fin du repas pour la ramener chez elle. Il tente d'user de son peu de force. Elle se débat pour rire mais se laisse faire. Maxime récupérera son pyjama plus tard. Les deux enfants ont des tonnes de choses à se raconter. A vrai dire, Maeve cache peu de choses à Thibaut. Juste les parties les plus horribles de la personnalité de Rudolf. Celles là, c'est Jacob et David qui les connaissent.
Mot pour mot, la demoiselle répéte la discussion entre elle et Marc pendant qu'elle se douche. Thibaut patiente dans la chambre et lui prépare une tenue décente. Il range aussi une partie du bordel. En mettant au sale les vetements, il trouve les clés et surtout la petite clé de banque mystérieuse. Il fait promettre à son amie de ne pas aller là bas seule de nouveau et par sécurité lui confisque la clé.
Le jet d'un gant de toilette trempé est la réponse qu'il attend. Maeve ronchonne mais accepte. Elle sort de son bain de vapeur et daigne enfin revetir des habits corrects. Le rendez vous de l'après midi n'étant qu'à 16h, les deux enfants décident d'aller à l'ancienne maison. Maeve veut montrer les photos troublantes à Thibaut. Elle est persuadée d'avoir un petit frère. Le blondinet s'installe au volant de la berline de luxe et ils partent.
Une fois sur place, Maeve lui montre ses découvertes. Ils vérifient ensemble qu'il n'y ai pas d'autres cachettes et rapportent les documents au manoir. Le jeune homme examine les photos attentivement et se montre aussi troublé que la brune. Il faut vraiment en savoir plus sur ce Mahon. Mais pas aujourd'hui. Il y a un rendez vous à honorer et surtout des nerfs à apaiser avant une nouvelle tempête émotionnelle.
Après une rapide collation, ils reprennent la route en direction du bureau central de Marc Bord. Ce matin, l'homme leur a proposé de faire route ensemble, pour économiser l'essence que represente les deux heures de route aller. Ils ont accepté pour profiter de l'occasion de discuter ensemble des dernieres découvertes. C'est calmement qu'ils font le trajet et réflechissent aussi à des actions pour finir de détruire Fabrice Toen et quelques derniers ennemis qui ne jouent pas réglo. La négociation se passe à merveille. Thibaut gagne le contrat. Les trois s'apprêtent à rentrer quand Maeve apercoit Samuel à une terrasse en ville.
Elle demande aux deux hommes de rentrer et se dirige d'un pas décidé vers le scandinave. Marc pense que c'est pour se disputer à propos de Thibaut. Le blondinet sait que c'est pour régler ses comptes avec son cousin. Dans les deux cas, il va passer un sale quart d'heure. Quand elle s'assoit sans ménagement et sans demander la permission, Samuel sursaute et comprend tout de suite que ce n'est pas une visite amicale. Il déglutit alors qu'elle lui lance son regard le plus glacial sans le moindre mot. De longues minutes s'écoulent avant qu'il n'ose ouvrir la bouche.
— Salut!
— ...
— Je viens de me prendre une engueulade carabinée par Elena. Je ne suis pas sur d'avoir la force pour en entendre une seconde même si je le mérite. Surtout que toi, tu fais bien plus mal avec tes mots que quiconque.
— ...
— Putain! Même sans parler tu me files les jetons! Ecoutes je sais que j'ai merdé grave. Avec toi, avec Thibaut, lisa, babouchcka ... Tout le monde en fait. Je suis désolé pour l'interview. Je ne me rappele même plus ce que j'ai dit ou pas. Ce n'est pas ce que je pensais. Tout le monde est faché. Je le mérite. Je me sens si mal. J'ai aucune idée de ce que je dois faire pour me faire pardonner. Gifle moi. Crache moi dessus mais je t'en supplie, dis moi comment m'escuser...
— On se ressemble. On a toujours décu nos parents et subit une pression de dingue. Ce que tu as appris t'as fait vrillé. Je peux le comprendre. Je n'étais pas dans un super état quand j'ai appris que ma grand-mère était vivante et cause en grande partie de mon malheur. Jacob m'as empéché de m'ouvrir les veines pour une enième fois.
— Tu me pardonnes?
— Je n'ai pas dit ça. Disons que pour les conneries liés à Amélia, je suis prête à passer l'éponge. Mais pour la dispute avec Thibaut non. Il a souffert sans raison. Ses meilleurs potes l'ont laissé tomber.
— Je suis une merde!
— Pourquoi tu as pensé des telles horreurs?
— Maxime ... Il a dit que toi et Thibaut aviez couché ensemble. J'ai cru qu'il vous avez vu. Il était tellement furax. J'ai cru que c'était vrai. Quand j'ai compris que ce n'était que des suppositions, il était trop tard. On ne parlait plus à Thibaud depuis plusieurs mois. Et après.... Tu restais détestable et tu as attaqué mes parents...
— Donc tout est de la faute de Max
— NON! hurle le blondinet sans la laisser finir. Je nai pas dit ça. J'ai merdé. Maxou n'y est pour rien.
— Un peu mais bon je m'occuperais de son cas plus tard. Tu savais qu'il était amoureux de moi?
— Hein? qui?
— Maxou. Il est amoureux de moi. C'est pour ça qu'il est parti en vrille en me voyant dormir avec Thibaut.
— Oh merde alors... Ca explique pas mal de trucs... Mais comment tu le sais?
— Thibaut avait une théorie et j'ai eu la preuve il y a peu.
— Et Maxou le sait?
— Il vient de le réaliser.
— Oh putain il est dans la merde. Encore plus que moi...
— Ca oui!
— Mais et toi? Je veux dire ...tu l'aimes aussi?
— Je n'en sais rien. Je me suis tellement menti sur mes émotions que je ne suis pas sure de moi. Je ne sais pas si je suis capable d'aimer quelqu'un. Je redécouvre le plaisir de l'amitié avec Thibaut. C'est compliqué dans ma tête.
— Je comprends. J'ai jamais imaginé une seconde ce que tu endurais. Je me dis que j'aurais du le voir. Qu'on aurait tous du le voir.
— C'est le passé. On était des gosses. Tu ne dois pas t'en vouloir pour ça.
— Si t'es pas venue pour m'engueuler, alors pourquoi tu es là? Je vois bien que t'es fachée contre moi. Alors pourquoi tu exploses pas?
— J'ai besoin de toi. Pour diverses raisons. Tu manques à Lisa, à Thibaut et à Elena. Et puis,.. tu es de mon sang. Ce qui se rapproche le plus d'un grand frère du point de vue biologique... Je suis orpheline... J'ai envie de me rapprocher de mes derniers liens de sang. Apprendre à les connaitre.
— Même si dans ton coeur, ton frère c'est Thibaut?
— Oui. Ce n'est pas incompatible. Surtout que toi et moi étions tout de même de très bons amis enfants. J'ai envie de retrouver cela.
— La bande t'as manquée comme à Elena?
— Tu n'imagines pas à quel point. Pire qu'Elena. Je n'avais personne. Pas même des stupides groupies. Père savait tout et me punissait si je parlais bien à quelqu'un.
— Je commence à peine à comprendre pourquoi Rudolf haissait Papa et Maman... Toi tu vivais ça tous les jours...
— Lisa ne te pradonnera pas avant que Thibaut le fasse. C'est par lui que tu dois commençer.
— Mais comment? Il ne m'adresse plus la parole et as changé de numéro.
— Pas d'adresse mais vu comment tu es doué à l'écrit, on va éviter. Je dois déjeuner mercredi avec lui au restaurant près du lycée. Viens là et je vous laisserais tous les deux. Je dois me débarrasser de lui quelques heures. Tu seras une bonne distraction.
— Ok! Et pour me rabibocher avec toi je fais comment? demande Samuel en prenant la main de Maeve dans la sienne pour y poser une bise douce.
— PFFFiouuu j'en sais rien. C'est un bon début. Je te demanderais bien de l'aide pour rendre Maxime jaloux avant de lui dire que t'es mon cousin mais tu risques de te prendre son poing dans le nez.
— T'es une peste! rigole le blondinet
— Oui. Mais le pire c'est que si tu n'avais pas peur de ce poing, tu serais partant pour casser les pieds à Maxime, ne serait ce que pour lui rendre la pareille quand il te rendait jaloux avec Lisa.
— Oui c'est vrai. Lisa le prendrait très mal par contre.
— Je ne veux pas lui faire de peine. C'est une délicieuse idée mais très mauvaise. J'ai quelque chose à te proposer pour te rabibocher. Tu es toujours branché loisirs sportifs?
— Toujours. Je voudrais en faire mon métier principal.
— Si tu as cela en principal, tu arriverais à t'occuper des autres entreprises du monde des affaires?
— Je suppose.
— Bien. On en reparlera. Ce que j'ai en tête, c'est un projet "réalise ton rêve" pour des orphelins. Plusieurs ados ont des envie de sky nautique et autres délires. Ca te dirait d'être leur parrain? Et aussi d'emmener aux parcs d'attractions des chérubins trop mignons en compagnie de la petite souris
— T'es machiavélique! J'adore. Je signe où?
— Je t'enverrais les détails par mail. En atttendant, paye moi un chocolat je suis frigorifiée.
Le jeune homme s'exécute, souriant du culot de la demoiselle, bien plus fortunée que lui. Il est heureux de savoir qu'il a une chance qu'elle lui pardonne un jour. Maintenant qu'elle ne fait plus la guerre à ses parents, il a l'occasion de voir par moments Maeve se rapprocher de ses parents. Il redécouvre Maeve, toute son intelligence, son sale caractère et surtout le coeur en or pour ceux qu'elle aime. Il regrette de ne plus être son ami. Samuel se promet de ne pas foirer cette seconde chance avec sa toute nouvelle cousine. Même s'il sait que dans quelques minutes, il se transformera en chauffeur pour une radine qui ne veut pas payer de taxi.
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