Chapitre 6

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Le grand jour était arrivé. Il avait plu abondamment depuis les premières heures du jour et William nous avait menés à l’abris, Napoléon et moi avant que le terrain ne devienne trop glissant. Mon maitre et sa mère étaient venus en fin de matinée. Tout en discutant, le jeune homme m’avait préparé.

-La charrue nous attend en bas du champs, Rex. Le terrain glissant et la pluie battante ne nous faciliterons pas la tâche. Je sais que tu n’as jamais travaillé sous un tel orage, mais c’est aujourd’hui ou jamais.

Il m’avait flatté l’encolure. Napoléon était venu me saluer avant notre sortie, m'encourageant. Il m'avait donné quelques conseils pour économiser mon énergie. Puis nous étions partis. M’enfourchant, William m’avait demandé de descendre la colline en passant sur le terrain que nous allions labourer. Il était difficile d’y voir à plus de cinq mètres et la boue rendait le sol glissant, même pour moi. Si mon maitre était descendu à pied, il serait tombé. Une fois arrivés, il s’était dépêcher de m’atteler.

-Allez Rex ! Avait-il hurlé malgré le vent. On va le labourer ce champs ! Toi et moi, on va le faire, camarade !

Je m’étais cabré en un puissant rugissement. Il était temps pour moi d’accomplir ce pourquoi l’on me préparait depuis des semaines. Je piaffais d’impatience, n’attendant plus que ses ordres. L’orage produisait un vacarme assourdissant qui m’empêchait d’entendre pleinement la voix de William. Cependant, je m’en fichais bien car je connaissais ma mission.

-Avance ! Avait-il hurlé. Vas-y mon Rex !

Dans un souffle roque, je m’étais élancé.

-Au pas, Rex ! Au pas !

J’avais suivie l’allure donnée, montant courageusement la pente. Il n’avait fallu guère peu de temps pour que les lames ne s’enfoncèrent dans la terre gorgée d’eau. William avait glissé quelque peu depuis l’arrière de la charrue.

-C’est bien mon vieux ! Allez !

Sous ses encouragements, j’étais parvenu au sommet du champs. Tirant légèrement sur la corde de gauche, il m’avait fait tourner pour que nous puissions redescendre.

-Doucement, Rex ! Doucement !

Nous avions fait plusieurs montées et descentes. Je sentais que William commençait à fatiguer. J’avais voulu m’arrêter mais il m’avait inciter à continuer. Un gros rocher s’était alors présenté face à nous.

-Tout doux, Rex, oh !

J’avais pris le trot. J'avais senti que William paniquait mais je ne pouvais pas ralentir, pas maintenant !

-Arrêtes-toi ! Stop !

D’un puissant coup de cornes, j’avais fait voler la roche en éclat. Les lames avaient sectionné les morceaux qui s’étaient présentés. J’avais rugis, fier de mon exploit.

-C’est bien Rex ! Bravo mon vieux !

Nous avions ainsi continués pendant de longues heures sous l’orage grondant et la pluie incessante qui avait même redoublée d’ardeur, semblant presque nous défier de continuer. Imperturbable, William m’avait guidé de sa voix si lointaine à mes oreilles. Je n’aimais pas cette sensation de distance entre nous. Mais je savais qu’il n’était pas loin. Le travail m’avait parut interminable mais j'étais heureux d'aider mon maitre. Rien ne m'avait jamais fait plus plaisir a cet instant.

Dans la soirée, l’orage s’en était allé, nous offrant quelques rayons de soleil. J’avais gravis la dernière montée. Celle qui signait la fin du travail. D’un même mouvement, William et moi avions tournés la tête, admirant dans la lumière orangée ce que nous avions accompli.

-On l’a fait, Rex, avait-il dit dans un souffle. On… on a réussi.

Il était venu me flatter l'encolure. Il s’était soudainement effondré. Je m'étais aussitôt cabré en rugissant, espérant alerter ses proches dans la masure de pierre et de chaume. Il n'avait fallut guère plus de quelques secondes à Madeline pour sortir en courant.

-William !

Je piaffais d’inquiétude, bougeant dans tous les sens et ignorant mon chargement qui se déplaçait derrière moi.

-Eh bien, avait dit Alan en avisant le champ. Il n’était pas fou. Sacré Will…

- Du calme, Rex, du calme !

Je m’étais cabré en rugissant, les forçant à reculer. Mon inquiétude pour mon maitre m’aveuglais.

-Oh, tout doux ! Tout doux ! Avait dit Madeline. Calmes-toi !

Le souffle roque, je m’étais efforcé d’écouter sa voix malgré mon état. Elle avait saisi mon licol avec précaution, conscience qu’au moindre redressement de ma part, elle se serait envolée.

-Alan ? Peux-tu emmener Will’ à la maison ? Je m’occupe de Rex.

- Tout de suite, ma tante.

Il avait pris mon maitre dans ses bras et l’avait emmené. Je grattais le sol de mes griffes. Madeline m’avait détachée et m’avait guidée jusqu’à la grange où elle m’avait ôté les autres harnachements. Malgré cela, je ne tenais pas en place. Napoléon s’était alors approché et m’avait gratouillé l’encolure, m’apaisant quelque peu. Je lui avais ensuite rendue son geste en l’imitant. Néanmoins, ma queue trahissait mon agitation.

-Eh bien, tu n’as pas l’air épuisé, mon gaillard, avait murmurée la femme. A croire que tu es une vraie force de la nature.

Elle s’en était allée, nous laissant seuls. Plusieurs heures plus tard, Alan avait apporté une marmite de bouillon de légumes. Mais je n’avais pas faim, préoccupé par mon maitre.

-Si tu t’en fais pour Will’, il est tombé malade. Cet idiot s’est surmené contre les éléments. Et voilà que je parle à un dinosaure, pfff ! Qu’est-ce qu’une bête comme toi pourrait comprendre à tout ça ?

Il allait s’en aller lorsque je suis venu lui donner un petit coup de museau.

-Eh, qu’est-ce que tu veux ?

J’aurai aimé pouvoir le remercier. Après tout, il m’avait informé de l’état de mon maitre. En ce sens, je lui ai léché brièvement la main en émettant un grondement sympathique.

-Beurk ! Mon cousin a vraiment des animaux bizarres…

Il s’en était allé. Plus apaisé, je m’étais autorisé à manger. Puis, dans la soirée, c’était Claudine et sa mère qui étaient venues nous rendre visite. Elle m’avait caressée en me félicitant pour mon travail. Quoi que capricieuse et bornée comme une mule, cette enfant était douce et gentille. Elle avait même offert un morceau de carotte à Napoléon. Sa mère, quant à elle, s’était contenté de me regarder. Elle avait alors sourit légèrement.

-Mon neveux aura au moins trouver un ami sur qui compter.

Elles étaient parties. Je suis venu me rouler en boule sur un tas de paille. Je m’inquiétait un petit peu pour William. Après tout, nous aurions pu faire cela le lendemain, au vu de l’orage que nous avions essuyés ensemble.

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