Chapitre 15
Nous nous étions tranquillement dirigés vers le lieu où nous devions récupérer les matériaux. D’après William, il y aurait des tuiles, des briques et des pierres taillées. Mais alors, mon maitre m’avait arrêté. Dans un champ sur notre gauche, un homme était affairé autour de son tracteur, visiblement embourbé.
-Allons lui donner un coup de main.
Il m’avait désattelé puis guidé vers lui. L’agriculteur nous avait regardé, sidéré. Il avait expliqué que la terre encore spongieuse rendait le travail difficile. A présent, il était coincé.
-Ne vous en faites pas, on va vous aider.
J’avais acquiescé d’un petit rugissement. William avait prit une corde dans le charriot qu’il avait entouré autour de mon poitrail. L’agriculteur était sceptique, croyant difficilement que j’allais pouvoir tirer son tracteur.
-Rex est plus costaud qu’il n’en à l’air.
Ils m’avaient reliés au véhicule.
-Allez mon vieux, avance !
Aussitôt, je m’étais élancé. La corde s’était tendue et j’avais désenlisé le tracteur sans grand mal.
-Impressionnant.
William était venu me féliciter. Je m’étais cabré, rugissant de fierté. Puis nous étions repartis. J’adorais aider les Hommes ! Nous avions parcouru une certaine distance jusqu’à un domaine où nous étions entré. C’était immense.
Le chargement venait d’être chargé.
-Vous êtes sûrs que ce n’est pas trop lourd ?
- Soyez rassurés, Rex est costaud ! Prêt à repartir mon vieux ?
J’avais raclé le sol de mes griffes en grondant.
-Alors en route. Merci monsieur.
J’étais parti au trot, tirant sans effort le gros charriot pour lequel il aurait fallut quatre chevaux, sinon plus, au vu du poids du chargement. Pourtant, ce n’était pas bien lourd.
-Tout doux Rex, avait dit mon maitre en riant. Tu vas t’épuiser.
Je ne me sentait nullement souffrir. L’effort fournit était moindre. Mon instinct me dictait que je n’étais pas encore adulte, et que ma musculature allait continuer de se développer. Le travail effectué lors du labourage du champs m’avait paru être dérisoire à présent. Je ne savais toujours pas de quoi j’étais réellement capable, et il me tardait de le découvrir.
Nous avions ainsi atteint la résidence secondaire.
-Waouh ! avait dit William en mettant pied à terre. Tu es fabuleux mon Rex !
Je lui avais donné un petit coup de museau.
-Tu as bien travaillé, mais ce n’est pas fini. Allez, vient.
Nous avions fait le tour du logis pour venir sur le grand terrain. La famille de mon maitre n’en revenait pas en voyant la charge que j’avais tiré.
-Il a trotté sans faiblir, avait dit William. Et il n’a pas l’air fatigué.
Alan, qui étudiait les animaux, m’avait osculté.
-Je suis formel, cousin, ta bête est d’une force et d’une endurance impressionnante ! A vu de nez, il doit développer autant de chevaux qu’un gros camion ! Tirer un canon d’obus ne serait sûrement qu’une formalité.
- Tu rigoles ?
- Il a le poitrail large, l’encolure massive, les membres imposants… ouaip, un vrai tank !
William avait souri, impressionné. J’avais été libéré mais je voulais aider ! L’oncle et sa femme prévoyaient de détruire la cabane pour créer une nouvelle structure. Un travail qui m’était tout désigné, d’après William.
-Tu vois ce bâtiment de pierre, Rex ? Tu crois pouvoir le casser ?
J’avais secoué la tête tout en ronflant. Pour mon maitre, il n’y avait rien que je ne pouvais pas faire. Je m’étais cabré en rugissant et je m’étais élancé au galop. Mes cornes avaient percutées la pierre et j’était passé au travers du bâtiment sans mal.
-Waouh ! impressionnant ! avait dit Alan.
J’avais rugis, fier de mon exploit. J’avais recommencé une ou deux fois sur demande de William. Puis ils avaient fait s’effondrer le bâtiment.
Durant le reste de la journée, j’avais évacué les gravats du domaine avec mon maitre sans montrer une once de fatigue. J’enchainais les aller et retour au trot à un rythme effrayant, même pour William. J’adorais cela. Napoléon était aussi stupéfait de mes prouesses que je l’étais de son expérience de vie.
Les travaux furent finit au bout d’une semaine. A la suite de ces évènements, on m’avait fait reposer sur le terrain en compagnie de Napoléon. De temps en temps, j’emmenais Claudine en promenade et j’effectuais quelques travaux. Mais la ferme me manquait. J’aurai fais n’importe quoi pour y retourner avec William. Je n’avais guère le moral et Napoléon me comprenais. Un soir, mon maitre était venu nous apporter nos rations. Je n’avais pas touché à la mienne.
-Rex ? S’était-il étonné. Tout va bien garçon ?
En voyant mon air apathique, il avait aussitôt compris et était venu me caresser entre les cornes.
-Notre ferme te manques, hein gaillard ? Moi aussi. Je pense qu’une longue balade te ferais du bien. Demain, on part juste toi et moi.
Je l’avais regardé. Je ne voulais pas randonner. J’avais secoué mon encolure.
-Non ? Ah, je sais. Un fermier est venu nous voir, tout à l’heure. Celui qu’on avait aidé. Il voudrait qu’on s’occupe de labourer l’un de ses champs. Son tracteur a un problème. Ça te tente ?
A ces mots, j’avais redressé la tête. Je lui avais manifesté mon accord.
-Ah, je te reconnais bien là mon Rex !
Le lendemain fut une journée merveilleuse ! Des heures durant lesquelles j’avais labouré un champ en compagnie de mon maitre et du propriétaire, impressionné par l’énergie que je déployais. Me savoir aussi heureux ravissait William. Et quand il fut temps de retourner en ville, ce fut avec une pointe de tristesse. Mais je m’étais rengorgé bien vite, apprenant que William comptait quitter son travail pour en trouver un autre qui nécessiterait ma présence. Claudine, assise aux côtés de William sur le banc du cochet, tenait mes rênes. Ses demandes étaient floues mais je comprenais sans mal où elle souhaitait m’emmener. Elle n’avait cessé de me complimenter, de dire que William avait le meilleur ami du monde.
-Sur ce point là, tu as bien raison fillette ! avait rigolé le jeune homme.
Nous avions regagné le cœur le Londres. Claudine était retournée à l’intérieur. Et alors que mon maitre m’avait arrêté, quelqu’un avait sauté sur lui.
-William !
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