Jour de baignade

7 minutes de lecture

Un chapitre / Une musique

Daft punk - Something about us (Instrumental)

https://www.youtube.com/watch?v=5wVugIWadPI

*

Avertissement.

ce chapitre contient un passage sensible avec certaines scènes “olé olé”. Si tu as peur pour ta santé mentale, cache tes yeux et saute le paragraphe en question.

*

Jeudi 6 août 1981.

Je suis retenu par la sonnerie du téléphone, alors que je m'apprête à aller à la boulangerie chercher du pain. C’est Alex au bout du fil ! J’attendais son appel avec impatience. On se donne rendez-vous à l’entrée du chemin de la rivière. Objectif : profiter de cette journée ensoleillée pour pique-niquer et nous baigner.

Une heure plus tard, nous retrouvons le bassin entouré de végétation humide et luxuriante. J’espère que personne ne viendra nous importuner.

Il est à peine midi, mais lui comme moi avons une faim de loup. Je me suis occupé de nous faire un sandwich jambon beurre, Alex a apporté un paquet de gâteaux Pépito (sans le savoir, il a pris mes préférés! ) et une bouteille d’eau. Nous mangeons face à face sur les rochers, assis en tailleur.

— Et tes parents, ça a été hier soir ?

— À ma grande surprise, oui. Ma mère ne m’a même pas posé de questions.

— Et ton père ?
— Je l’ai renvoyé sur les roses.

Il me dit ça avec une pointe de fierté. Je comprends tout de suite ce qu’elle représente pour lui.

— Lucas, je voulais te dire…

Je vois qu’il hésite. Je ne sais pas s’il pense à ce que je pense, je suis tout aussi intimidé que lui.

— C’est à propos de ce que nous avons fait hier sur le canapé ?

Il est surpris. Apparemment, je me suis trompé.

— Heu, non, mais on pourra en parler si tu veux. Ce que je veux te dire n’est pas facile à dire. C’est à propos de ma mère et de mon cousin…

Il a du mal à se jeter à l’eau. Je le rassure en lui disant qu’il peut me parler en toute confiance. Il finit par cracher le morceau. Je reste sans voix. Son cousin se tape sa mère ? Alex est à la fois soulagé de cette confession et complètement désemparé. Son cousin lui a menti et grâce à Juliette, il a enfin ouvert les yeux. Mais faut-il vraiment la croire ? Je sais qu’elle ferait n’importe quoi pour faire son intéressante. Je garde cette réflexion pour moi, car je ne suis sûr de rien et surtout, je ne veux pas en rajouter. C’est juste que ça me fait vraiment chier pour lui. Il s’allonge sur sa serviette, les mains derrière la tête, l’air pensif. Malgré la situation, je commence à être excité, mais je n’ose pas me rapprocher de lui. Je reste assis à ses côtés.

— Mon cousin me conseille de vivre ma vie et de ne pas m’occuper d’eux. Je t’avoue que j’ai quand même du mal.

— Je comprends. Tu sais, dans six mois, j’ai bien l’intention de me barrer de chez moi, et ce n’est pas pour autant que je ne me prends pas la tête avec mon père. Il n’y a pas longtemps encore, il m’a juré d’arrêter de boire et m’a proposé de m’aider financièrement dès que j’aurais 18 ans.

— C’est génial, non ?

— Ça se voit que tu ne le connais pas. Il y a des jours où j’aurais juste envie de partir, là, comme ça, sur le champ, un sac à dos et hop, à l’aventure.

— Tu ne reviendras donc pas au lycée l’année prochaine ?

— Ah non, sûrement pas.

— On aurait peut-être été dans la même classe !

Comment lui dire que ça fait des années que j’ai envie de partir et que l’échéance est si proche que ça serait stupide de renoncer aussi près du but.

— Pardon, Lucas, fais comme si je n’avais rien dit, toi au moins tu as un objectif dans la vie, dit-il, hésitant.

— Qu’est-ce que tu racontes ? C’est pas avec le fric que je vais me faire cet été au marché que je vais pouvoir m’en sortir. Le pire dans cette histoire, c’est que j’y crois encore.

— T’as raison, il faut croire en ses rêves.

— Et toi, c’est quoi tes rêves ?

— Mes rêves ?

— Oui, tes rêves ? Tu sais ce que tu veux faire plus tard ? Tu t’imagines comment dans dix ans ?

— Tu vas rire. Je sais que c’est perdu d’avance, mon père ne me laissera jamais faire ce que je veux.

— On s’en fout de ton père. Dans l’absolu, qu’est-ce que t’aurais vraiment envie ?

— Je voudrais être pianiste. Un grand pianiste.

— Wouah, la classe. Toi, au moins, tu sais ce que tu veux.

— Arrête, c’est juste un rêve, mon père saura me faire revenir à la réalité !

— Mais quelle réalité ? La tienne ou celle de ton vieux ?

Je le vois qui réfléchit. Il se met sur le côté, la tête sur sa main gauche, le coude posé sur la pierre.

J’en profite pour venir m’allonger en face de lui, dans la même position.

— Changement d’ambiance, on dirait, dit-il, amusé.

— Ça se rapproche dangereusement, on dirait bien, oui !

Je pose ma main sur son flanc et me rapproche encore un peu. Son corps est aussi chaud que le mien. Lequel de nous deux embrassera l’autre le premier ?

(scène sensible)

Je retrouve le goût de sa langue dans ma bouche. Nos corps s’attirent tels des aimants avec souplesse et envie. La chaleur et l’humidité des lieux nous invitent à retirer rapidement nos t-shirts. Alex pousse un léger gémissement, mêlé d’un petit rire lorsque je commence à le chatouiller. Je finis par basculer sur lui. Je m’aide de mes coudes pour soulever mon bassin, juste ce qu’il faut pour éviter de faire peser tout mon poids sur lui. Alex en profite pour balader ses mains sur mon dos, dans le creux de mes reins. Soudain, il agrippe mes fesses à pleine main. Nous éclatons de rire lorsque nos sexes bandés se pressent l’un contre l’autre, seulement séparés par le tissu de nos shorts. Mon excitation afflue dans chaque membre de mon corps. Le regard d’Alex devient de plus en plus coquin et suggestif.
— Et si quelqu’un nous voyait, dit-il.
— Les plus gênés s’en vont !
— Non, mais sans déconner, Lucas !
— T’es un trouillard en fait, je me trompe ?
— Tu crois ? dit-il, en rougissant.
— J’arrête de me moquer, promis, dis-je en venant l’embrasser goulûment.
Je finis par me mettre à califourchon sur lui. Déboutonne mon short, fait glisser la fermeture éclair.
— Allez, à l’eau camarade Dumont !
Je me lève et au-dessus de lui, je vire mon short ainsi que mon slip. Alex se marre et s’empresse lui aussi de retirer ses vêtements. Nous voilà donc en tenu d’Adam et Adam, prêts à entrer dans l’eau qui s’avère être à une température tout à fait adéquate à la chaleur. Nous nous glissons dans le bassin, dessinant à la surface de l’eau des ondes concentriques autour de nous. Nous nageons chacun de notre côté, profitant de cette baignade régénératrice. Le soleil illumine l’eau dont la couleur bleutée phosphorescente gagne en intensité. A tel point que cela en est magique, tellement la surface de l’eau semble diffuser sa propre source de lumière. Je ne vois aucune explication rationnelle à cet étrange phénomène. Je vois Alex émerveillé. Moi-même, je suis complètement subjugué et sous le charme. Sans que nous ayons pu nous en apercevoir tout de suite, une nappe de brouillard nous enveloppe. L’un près de l’autre, nous ne nous sentons pas en danger, au contraire, comme protégés du reste du monde. Cette bulle irréelle n’appartient qu’à nous. Cette fois-ci, le contact de nos corps nus est inévitable. Je devine à peine le sexe d’Alex se dessiner dans l’eau. Et lui le mien.
— On a les couilles rikiki, n’est-ce pas ? me dit Alex, en se moquant de moi.
Pour le faire taire, je lui attrape le sexe et le laisse grossir dans ma main. Il me fixe du regard sans rien dire. Je sens sa main faire de même avec ma bite. Il ne me faut pas longtemps pour que je bande encore davantage. Alex vient m’embrasser en fermant les yeux. Sa beauté me saute aux yeux, je me sens chanceux de l’avoir rien qu’à moi. Je ferme à mon tour les yeux pour profiter pleinement de son baiser. Nous commençons à nous branler mutuellement, naturellement. La sensation inédite d’une main autre que la mienne sur mon sexe est des plus agréables. L’excitation monte à une vitesse fulgurante. J’ai déjà envie de jouir. Nous ouvrons les yeux en même temps. Je lui prends la main et l’emmène un peu plus loin, là où l’eau nous arrive à mi-cuisses. Cette fois-ci, nos deux sexes se font face. Je nous trouve beaux tous les deux. Je saisis mon sexe et reprendre mes va-et-vient, Alex fait de même. Et sans prévenir, je lâche ma semence en plusieurs jets, balafrant son bas ventre et les poils de son pubis. Son sperme chaud surgit à son tour et vient asperger mon nombril et mon torse. Nous nous sourions avant de nous embrasser.
(fin de la scène sensible)

— Allez, à l’eau camarade Dumont !

Nous nous glissons dans le bassin, dessinant à la surface de l’eau des ondes concentriques autour de nous. Nous nageons chacun de notre côté avant de ressortir tranquillement. Ça fait du bien ! Nous nous sourions avant de nous embrasser. Ce baiser a un goût différent, celui de la sensation d’avoir franchi, ensemble, une étape intime de notre vie. D’avoir partagé un moment irremplaçable, qui ne se reproduira plus jamais, car unique.

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