Jour de piano

10 minutes de lecture

Un chapitre / Une musique

M83 - Midnight City

https://www.youtube.com/watch?v=dD6qXgKjKzU

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Avertissement.

ce chapitre contient un passage sensible avec certaines scènes “olé olé”. Si tu as peur pour ta santé mentale, cache tes yeux et saute le paragraphe en question.

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Mercredi 5 août 1981.

Nous avons pris le déjeuner sur la terrasse à l’ombre du tilleul. Je n’ai pas eu à demander à ma mère et à Gaspard ce qu’ils font cet après-midi. Ils m’ont devancé en prétextant une sortie dans des magasins de bricolage, me gratifiant d’une tirade sur mon potentiel ennui si je venais avec eux. J’ai souri intérieurement. Gaspard était à la fois gêné et aussi impatient de partir de la maison. J’ai marmonné un bon après-midi depuis le canapé du salon où je suis allongé, un livre à la main. J’ai attendu d’être certain qu’ils soient partis, pour monter à l’étage.

Tour d’horizon de ma chambre. Elle est nickel. Aspirateur passé, draps du lit changés, bibliothèque rangée, lavabo nettoyé. Je laisse les volets à demi fermés pour conserver la fraîcheur dans la pièce. Je redescends, sors dans l’allée et regarde ma montre. Le message que Lucas m’a laissé sur le ticket de caisse indiquait qu’il serait à la maison à 15h. Il ne devrait donc pas tarder. Je joue avec mon bracelet en cuir pour dompter mon impatience. De la fenêtre du salon, je le vois qui arrive à vélo, avec son grand sourire. Il porte le même t-shirt que le premier jour où je l’ai rencontré, celui à rayures. Mon cœur palpite d’excitation tout autant que les papillons que je ressens dans mon ventre. Lucas lâche sans ménagement son vélo par terre et vient me saluer en me présentant sa main. Je la lui sers. Au moment où nos mains se rejoignent, Lucas m’attire contre lui et sans préavis vient m’embrasser. Je goûte avec plaisir ses lèvres, sa langue qui s’enroule autour de la mienne. Nous restons collés l’un à l’autre, je sens son érection aussi dure que la mienne. Nous faisons une pause en nous souriant bêtement. Je l'emmène au salon.

— Nous avons la maison pour nous tout seul pendant trois heures !

— Cool, on a donc le temps de faire plein de choses ! dit-il avec un sourire équivoque.

— Tu me proposes quoi ?

Je le vois se jeter sur le canapé, en écartant les jambes, les bras posés sur le dossier. Je me mets à rougir.

— Et si tu me jouais du piano ? dit-il amusé, comprenant que je pensais à autre chose de plus exotique. Je suis à la fois déçu et honteux.

— Avec plaisir.

Je m’assois sur le tabouret, choisi une partition. Mon choix se porte sur une valse de Chopin. Ça risque de casser l’ambiance, mais j’adore ce morceau. J’ai les mains moites, le stress m’envahit. Calme-toi, Alexandre, ce n’est pas un concours que tu passes ! Je ferme les yeux, prends trois grandes respirations et me lance. Je me laisse gagner par la mélancolie du morceau, et aussitôt, mon appréhension d’avoir un public si spécial tombe. Bientôt, Lucas se rapproche du piano. Il me regarde avec respect. Je redouble d’envie de lui proposer le meilleur de moi-même. J’achève la valse, tourne quelques pages et enchaîne un autre morceau. Au bout de quelques minutes, les dernières notes du piano s’envolent, je glisse mes mains sur mes genoux. Lucas applaudit.

— Je suis épaté, Alex. Tu joues merveilleusement bien.

— Merci.

— Ça fait longtemps que tu fais du piano ? Tu dois en faire tous les jours, non ?

— Ça va faire dix ans. J’essaye chaque jour d’y consacrer un moment. En ce moment, les vacances aidant, j’ai davantage de temps.

Lucas me regarde avec admiration.

— Tu m'apprendras à en jouer ?

— Heu, ouais, bien sûr, première leçon maintenant, si tu veux.

Je décale mon tabouret, il approche une chaise sur laquelle il s’assoit. Pour commencer, je lui indique à quoi correspond une gamme et où se situe la note do. Il pose son doigt sur la touche et poursuit les notes suivantes. Il me sourit. C’est plus fort que moi, je me jette sur lui pour l’embrasser. Il répond avec autant de fougue que moi. Je crois que comme lui, je n'ai pas envie d’en rester là. Maladroitement nous nous dirigeons vers le canapé sur lequel Lucas vient s’asseoir. Pour ma part, il n’est plus question d’hésiter. Je viens à califourchon sur lui, sans m’asseoir complètement sur ses genoux pour autant. Ses yeux semblent apprécier mon audace. Nos baisers redoublent. Je sens ses mains se poser sur mes fesses, elles m’invitent à m’asseoir, ce que je fais cette fois-ci, sans hésitation. Elles se rapprochent avec plaisir de mon entrejambe. Mes mains tremblent sur ses épaules, il doit forcément s’en apercevoir. Tout en continuant à l’embrasser, j’alterne entre les yeux fermés et ouverts. Je commence à perdre le contrôle de ce que je fais. Je me laisse guider par le plaisir. J’ai imaginé ce moment, celui de mes mains glissant sous son t-shirt. Je sens enfin sa peau sous mes doigts. Lucas fait de même en passant les siens sous mon vêtement. Nous nous découvrons, explorons avec empressement. Nous nous picorons le visage, le cou, le torse. Mon désir se décuple de minute en minute, le temps devient élastique. Lucas finit par enlever son t-shirt. Je brûle de désir en redécouvrant son torse que j’ai admiré aux cascades. Je n’en reviens pas de le voir, sur ce canapé, se laissant toucher par mes mains maladroites. Elles descendent jusqu’au nombril et se posent sur la boucle de sa ceinture. Il a comme un petit sursaut. M’autorise-t-il à aller plus loin ?

(scène sensible)

Il répond avec autant de fougue que moi. Je crois que comme lui, nous avons envie de continuer, aussi nous levons donc et maladroitement nous nous dirigeons vers le canapé sur lequel Lucas vient s’asseoir. Pour ma part, il n’est plus question d’hésiter. Je viens à califourchon sur lui, sans m’asseoir sur ses genoux. Ses yeux semblent apprécier mon audace. Nos baisers redoublent. Je sens ses mains se poser sur mes fesses, puis se rapprocher de mon entrejambe, ce qui m'excite encore plus. Mes mains tremblent sur ses épaules, il doit forcément s’en apercevoir. Tout en continuant à l’embrasser, je ferme les yeux, emportés par le bonheur de ce que je ressens. Je commence à perdre le contrôle de ce que je fais. Je me laisse guider par le plaisir. J’ai imaginé ce moment, celui de mes mains glissant sous son t-shirt. Je sens enfin sa peau sous mes doigts. Lucas fait de même en passant les siens sous mon vêtement. Nous nous découvrons, explorons avec empressement. Nous nous picorons le visage, le cou, le torse. Mon désir se décuple de minute en minutes, si tant est que les minutes représentent à présent bien soixante secondes, tellement le temps devient élastique. Lucas finit par enlever son t-shirt. Je brûle de désir en redécouvrant son torse que j’ai admiré aux cascades. Je n’en reviens pas de le voir, sur ce canapé, se laissant toucher par mes mains maladroites. Elles descendent jusqu’au nombril et touchent la boucle de sa ceinture. Il a comme un petit sursaut. M’autorise-t-il à aller plus loin ? Son hochement de tête sonne le top départ à l’ouverture de son short. Une fois sa ceinture détachée, je fais glisser sa fermeture éclair. Aussitôt, j’entrevois la belle bosse de son slip noir, à moins que ce soit un caleçon, je ne sais pas encore. Je pose ma main dessus et je sens la chaleur de son sexe à travers le tissu. Il soulève ses fesses pour tirer son short un peu plus bas. Je finis par lui enlever ses baskets. De ses pieds, il fait glisser son short jusqu'aux chevilles. J’écarte ses jambes enfin libérées pour avoir une vue complète de son entrejambe. Il porte donc un slip. Il ne me reste plus qu’à m’agenouiller. Je pose mes mains sur ses cuisses, porte mon regard sur le sien. Lucas me sourit, il doit être, comme moi, rouge comme un bonbon Haribo. Je remonte lentement, mais l’assurance qui m’avait porté jusqu’à présent cède la place à l'appréhension de ce qui va suivre. J’arrive à l’élastique de son slip, glisse quelques doigts dessous, me rapproche de son intimité. Mais je me retiens, je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que cela va trop vite, tout simplement.

*

Je vois Alex hésiter à me toucher la bite à travers mon slip. Peut-être cela va-t-il trop vite pour lui ? Pour éviter de l'embarrasser, je préfère l’inviter à prendre ma place sur le canapé, ce qu’il fait tout de suite sans hésiter. Je ne croyais pas que nous allions nous dévêtir de la sorte aussi vite, même si j’en avais très très envie. Je lui enlève ses chaussures, son bermuda, l’obligeant à soulever son cul, et en moins de deux, le voilà en slip. Il a un petit rire nerveux. Je lui fais un clin d'œil pour le détendre en m’agenouillant à mon tour. Pourtant, je dois être aussi nerveux que lui. La bosse que je vois dans ce beau petit slip blanc me fait bander encore plus. Un flash me revient, celui de l’été dernier, avec Juliette dans sa chambre. Moi qui perds mes moyens, honteux, ne comprenant pas ce qui m’arrive. Aujourd’hui, tout est différent. Je n’ai jamais été autant en accord avec moi-même. Le désir, l’envie, les sentiments sont là. Et aucun problème côté technique. Je regarde ce garçon avec une envie telle que je ne peux m’empêcher d’approcher mon visage de son slip. Je sens son odeur corporelle mélangée à celle de la lessive. Sa queue est aussi dure que la mienne. Je dépose plusieurs baisers sur son morceau de tissu. Je sens comme des minis sursauts de la part d’Alex. Les yeux fermés, sa tête est légèrement renversée en arrière. Il est si beau vu d’ici. Je passe en revue ses abdos, son large torse, ses épaules musclées, sa pomme d’adam, son menton. Je préfère alors, de mes lèvres, remonter doucement le long de son ventre, en déposant un baiser sur son nombril, plusieurs sur les poils fins de son torse, un autre sur son téton droit, puis d’autres dans son cou. Il finit par ouvrir les yeux, cherche ma bouche pour y plonger sa langue.
(fin de la scène sensible)

Alex finit par ouvrir les yeux, cherche ma bouche pour y plonger sa langue. Nous commençons à avoir très chaud, en effet, je sens perler plusieurs gouttes de sueur au creux de mon plexus solaire et le long de mes tempes. Je caresse ses cheveux, son visage et continue inlassablement à l’embrasser. Quand soudain, nous entendons le bruit d’un moteur.

— Oh putain, merde, ta mère !

J’enfile mon short aussi vite que possible, mais dans la précipitation, je me casse la gueule, ce qui fait rire Alex, malgré l’état d’urgence de la situation. Il me jette mon t-shirt à la figure. Je le vois se dépêcher de se rhabiller lui aussi, avant d’ouvrir la porte-fenêtre et de me foutre dehors. Je ne lui en veux pas. Je pense aussitôt à mon vélo que j’ai laissé devant la maison. Je suis grillé ! Alex me regarde, il vient de comprendre lui aussi. Il décide de me rejoindre. Nous faisons le tour de la maison en passant devant le garage, et approchons discrètement du coin de la maison. Alex jette un coup d'œil rapide sur l’entrée. La voie est libre. Je ne peux pas m’empêcher de lui déposer un baiser sur la bouche avant de récupérer mon vélo et de m’enfuir. J’espère que tout se passera bien pour lui.

*

Je referme la porte d’entrée. J’entends le rire de ma mère sur la terrasse. Inutile de monter dans ma chambre, il faudra bien que je lui explique la présence du vélo de Lucas dans la cour. Je compte sur Gaspard pour me défendre, si besoin. Je les rejoins comme si de rien n'était.

— Oh, mon chéri, te voilà ! Tu as passé une bonne après-midi ?

— Heu, oui…et vous ?

— Oui, mais fatigante. Nous avons fait plusieurs magasins, mais je n’ai pas trouvé ce que je cherchais pour la tapisserie de notre chambre.

— Tu es si difficile aussi ! lui répond Gaspard, sur un ton taquin.

— Exigente, tu veux dire, répond-elle, en souriant. Oh, Alexandre, s’il te plaît, joue nous donc un morceau. Avec cette chaleur, j’ai besoin d’apaiser mon esprit.

J’obéis. J’avoue être perplexe quant à leur réaction. Pas un seul commentaire ou allusion à propos du vélo, je n’en demande pas moins. J’ouvre ma partition et leur joue de nouveau la valse de Chopin. En vérité, je ne la joue pas pour eux, mais pour le garçon qui, il y a encore quelques minutes à peine, me faisait vibrer d’une si grande intensité.

C’est donc sur la terrasse que mon père nous trouve, tous les trois, en train de rire à une blague de Gaspard, un verre d’apéritif à la main, un bol de chips et des glaçons posés sur la table de jardin.

— Bonsoir tout le monde. Et bien, je vois que l’on s’amuse bien ici. J’ai passé une journée épouvantable, dit-il.

L’ambiance se refroidit d’un coup.

— Je te sers un verre ? lui demande Gaspard.

— Je veux bien, merci.

Gaspard s’exécute en lui versant un généreux verre de vin rosé.

— Trois glaçons s’il te plaît, merci, ajoute mon père sur un ton sec.

Gaspard les ajoute sans rien dire, mais je vois qu’il se retient de tout commentaire.

— Alors cette tapisserie, tu l’as trouvée ? demande mon père.

— Même pas, je déclare forfait ! dit ma mère, qui visiblement s’en moque éperdument.

— Ça valait bien la peine de me bassiner avec ça toute la soirée d’hier !

— Et toi, Alexandre, qu’as-tu fait ?

Mais avant même que je puisse répondre, ma mère vole à mon secours.

— Figure-toi qu’il nous a accompagnés toute l’après-midi. Je dois reconnaître qu’il a été d’une patience d’ange avec sa chère maman.

— Tu mens très mal, Françoise ! crie mon père.

— Qu’est-ce qui te prend ? Tu as décidé de passer tes nerfs sur nous ? crie-t-elle à son tour.

D’un bon, je me lève, hors de question de rester là.

— Et toi, Alexandre, je te prie de rester là.

— Lâche-moi !

Et je le laisse là, debout, son verre à la main, sans qu’il ait le temps de répliquer quoi que ce soit. Je monte dans ma chambre avec le sourire aux lèvres. C’est comme si Lucas m’avait donné sa force pour l’affronter. Comme quoi, ce n’est pas si compliqué de lui tenir tête à ce vieux con.

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