Chapitre 1 Début de la rentrée

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La rentrée universitaire. Ce moment unique où l’air semble chargé d’espoir, d’appréhensions et de promesses silencieuses. Le ciel était clair ce matin-là, lavé par une pluie nocturne qui avait laissé la cour légèrement humide, comme pour symboliser une page fraîche à écrire. Les premiers rayons du soleil filtraient entre les grands arbres bordant l’allée principale, caressant les visages avec douceur.

Des groupes d’étudiants se formaient çà et là, éclats de rire, bousculades amicales, retrouvailles chaleureuses. Certains affichaient une confiance assumée, d’autres marchaient avec la timidité des nouveaux venus. L’université bourdonnait d’une vie nouvelle, pleine d’échos, de pas pressés, de sacs à dos trop lourds, de stylos oubliés dans les trousses.

Émeric, lui, était arrivé tôt. Trop tôt, comme à son habitude. Il s'était assis seul sur un banc, à l'ombre d'un vieux manguier, son sac posé à ses pieds, le regard perdu dans les mouvements de la foule. Il observait en silence, avec cette posture discrète de ceux qui préfèrent écouter le monde plutôt que le défier.

C’est à ce moment-là qu’il la vit pour la première fois.

Juliette traversait la cour, accompagnée d’une amie. Ses cheveux, encore mouillés par la pluie du matin, collaient légèrement à sa nuque. Elle riait. Pas un rire forcé ou exagéré, mais un rire pur, spontané, qui sonnait comme une mélodie dans le tumulte environnant. Elle portait une chemise blanche, simple, et un pantalon bleu marine. Rien d’ostentatoire. Mais à cet instant précis, pour Émeric, tout sembla s’arrêter.

Il n’entendait plus rien. Il ne voyait plus personne. Juste elle.

Ses pas ralentirent inconsciemment. Son cœur s’accéléra. Et lorsqu’elle tourna brièvement la tête dans sa direction — sans vraiment le regarder — il sentit une chaleur étrange envahir sa poitrine. Il détourna aussitôt les yeux, comme pris en faute. Mais il savait déjà : cette fille, il ne l’oublierait pas.

Les jours suivants, il la revit à plusieurs reprises. À la cafétéria, en amphi, dans les couloirs. Elle était toujours entourée, toujours souriante. Elle dégageait cette lumière tranquille qui attirait sans jamais brusquer. Mais jamais elle ne sembla remarquer Émeric.

Et pourtant, il se surprenait à l’attendre, à guetter son apparition. Il calculait ses horaires, s’arrangeait pour passer par les mêmes chemins. Il vivait de ces petits instants volés. Et dans son cœur naissait un désir qu’il n’osait nommer : celui d’exister pour elle.

Pendant ce temps, une autre présence se rapprochait de lui : Esmeralda. Elle aussi avait remarqué Émeric. Elle aimait son calme, sa façon de regarder les choses avec tendresse, sa manière de se faire oublier. Elle s’asseyait parfois à côté de lui en cours, lui souriait, lui posait des questions. Elle cherchait à le connaître, mais lui, enfermé dans sa bulle, n’y prêtait qu’une attention distraite.

Émeric rêvait de Juliette. Et Esmeralda, elle, rêvait d’Émeric.

La rentrée venait à peine de commencer. Mais déjà, les premiers nœuds du destin se formaient, tissant dans le silence les prémices d’une histoire douloureuse.

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