Chapitre 7 : Les confessions étouffées

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La fin du semestre approchait à grands pas, et avec elle, l’atmosphère pesante des derniers jours de cours. Le campus était devenu silencieux, presque spectral, comme si les bâtiments eux-mêmes retenaient leur souffle. Les couloirs, où résonnaient autrefois des éclats de voix, étaient désormais remplis de soupirs nerveux et de pas pressés. Les bancs des amphithéâtres étaient recouverts de cahiers griffonnés et de regards hagards.

Mais dans le cœur d’Émeric, ce n’était pas la pression des examens qui pesait. Non, c’était cette lettre. Celle qu’il avait lue et relue tant de fois que les mots lui étaient désormais imprimés dans la mémoire. La lettre d’Esmeralda. Une lettre qu’il n’aurait jamais dû ignorer, qu’il n’aurait jamais dû découvrir aussi tard. Ces mots sincères, simples, mais si profondément vrais, le hantaient.

Depuis cette découverte, il ne croisait plus Esmeralda sans ressentir une douleur sourde dans la poitrine. Et Juliette, elle, s’était refermée, distante, presque absente. Il n’arrivait plus à la comprendre, ni à la rejoindre. C’était comme si un mur invisible s’était élevé entre eux.

Assis sur un banc en retrait, Émeric tenait une feuille blanche dans ses mains. Il avait décidé de répondre à Esmeralda. Non pas pour la faire revenir, mais pour dire ce qu’il n’avait jamais su exprimer. Il trempa son stylo dans l’encre et se lança.

> "Esmeralda,

Je ne sais pas si j’ai le droit de t’écrire. Je ne sais pas si mes mots arriveront à combler le vide que j’ai laissé. Mais je veux te dire ce que j’aurais dû dire depuis longtemps.

Je t’ai vue, souvent, sans vraiment te regarder. Tu étais là, toujours là, mais moi… j’étais ailleurs. Aveuglé par une illusion, par une quête qui n’avait pas de sens. Je cherchais à plaire à quelqu’un qui ne m’a jamais vu, alors que toi, tu me regardais vraiment.

Je suis désolé. Désolé de n’avoir compris qu’après, quand il était trop tard. J’ai lu ta lettre. Chaque mot m’a frappé comme une vérité que je fuyais. Tu parlais d’amour avec une sincérité qui m’a bouleversé. Et moi, je n’ai rien vu.

Si je pouvais revenir en arrière, je te parlerais. Je t’écouterais. Je te répondrais. Peut-être que je t’aimerais. Peut-être que je t’aimais déjà, sans le savoir.

Je ne te demande rien. Je ne cherche pas à corriger mes erreurs. Je voulais simplement que tu saches… que tu comptais. Que tu comptes encore.

Émeric."



Il plia soigneusement la feuille, la glissa dans une enveloppe et la déposa discrètement sous la porte de la chambre d’Esmeralda, le cœur battant, les mains tremblantes.

Le lendemain matin, Esmeralda trouva la lettre. Elle la reconnut tout de suite. Elle la déchira avec fébrilité et lut chaque mot, ses yeux s’embuant au fur et à mesure. Un long silence envahit sa chambre. Elle s’assit au bord du lit, la lettre posée sur ses genoux, les doigts crispés.

Elle ne pleura pas tout de suite. Elle ferma d’abord les yeux, la gorge nouée. Puis, doucement, les larmes coulèrent. Mais ce n’était pas seulement de la tristesse. C’était un flot d’émotions retenues trop longtemps, une libération douloureuse mais nécessaire.

Dehors, le vent faisait danser les feuilles mortes. Et pour la première fois depuis longtemps, Esmeralda respira profondément. Elle ne savait pas encore si elle allait répondre. Mais elle savait qu’il l’avait enfin vue. Et cela, quelque part, suffisait pour ce jour-là.

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