Chagrin.

2 minutes de lecture

 Le chantonnement d’une berceuse s’élevait avec douceur entre les hauts immeubles gris et froids ; un refrain mélodieux éblouissant dans l’obscurité inquiétante du Cataclysme. La lumière d’une lampe oscillait dans l’avenue abandonnée, chargée de décombres et de restes d’une humanité oubliée depuis des âges ; elle était dorée comme le soleil en son temps lorsqu’il éclaboussait encore le monde de son corps chaud et agréable.

 « Ils sont pratiques tes tentacules », fit une araignée dans les cheveux luminescents de Lily. Cette dernière hocha vigoureusement du chef, et les secoua dans tous les sens involontairement ; elles durent s’accrocher à ses longs filaments blonds et attendre que la tempête de lumière se calme.

 « Maman avait les mêmes cheveux que moi ! s’exclama-t-elle. La lumière lui traversait même le corps, et avec, elle a… » Elle se tut, et déglutit en se souvenant de sa maman. « Ma maman pouvait… Eh bien, elle pouvait faire plein de trucs chouettes ! Comme soulever papa d’une main ; ou casser une montagne en deux ; ou encore dissiper le noir quand j’avais peur la nuit. Ma maman était super-forte ! Elle était… » De grosses gouttes de larmes se formèrent sous ses yeux et perlèrent avec un éclat cristallin sur ses joues. « Dit, Ka, reprit-elle, étranglée, où qu’elle est ma maman ? Je veux la voir. Je… Je n’aime pas cet endroit tout noir. Maman ! Maman, maman, maman ! » l’appela-t-elle en cédant à ses sanglots.

 Un bras tentaculaire d’ombres émergea d’une fissure au sol et essuya les larmes salées sur son visage poupin. « Tu n’as pas à craindre le pire, mon enfant. Ta maman est vivante et en bonne santé dans un autre monde. Je suis certaine qu’elle te cherche aussi. Alors, sèche tes larmes, relève la tête et sourit, que ta maman puisse y voir tout le bonheur du monde lorsque tu la retrouveras. D’accord ? »

 La petite acquiesça et se frotta les yeux ; elle tenta de sourire malgré son chagrin.

 « Tu es forte, reprit Ka. Ton père aurait beaucoup à apprendre de toi. » Elle continua à voix basse pour ne pas être entendue. « Tu découvriras que ton existence a été entièrement créée pour être le poison du Cataclysme, Lily. Tu n’es qu’un râle d’agonie sans avenir. Je suis désolée. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire La Noiraude ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0