Une Discussion.

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 L’homme se trouvait assis sur le rebord du trottoir devant le magasin de Ninil Mushroom ; l’œil violet – peinture de lumière – sur son masque fendait les ténèbres et regardait sa fille découvrir sa nouvelle vie. Les souvenirs amers du passé revenaient pour empoisonner son cœur. « Mes jours sont comptés », dit-il.

 To reposait sur son abdomen renflé, les pattes écartées, à côté de l’homme, et libéra un soupir de fatigue.

 « D’habitude, il y a toujours plein de monstres qui viennent nous embêter. Mais, depuis un moment, ils ne sont plus là. C’est ennuyant ! J’aimais bien faire : pif et paf, dans les dents ! Même si c’est maman qui les bat.

 — Ils ne viennent plus parce qu’ils n’existent plus, To, lui répondit-il.

 — Dit, Sans Visage, tu sais pourquoi les humains sont aussi moches ? » l’ignora l’araignée.

 Cette question tira un long silence de l’homme qui chercha ses mots. Il frotta ses mains pour se réchauffer et en posa une sur son cœur. Il inspira longuement, gonfla ses poumons asséchés et détourna son regard de sa petite pour contempler le plafond enténébré.

 « Je pense que le Cataclysme souffre de voir le visage des humains, répondit-il.

 — C’est pour ça que tu te caches ? demanda innocemment To.

 — Ne m’en parle pas, ou je serai dans l’obligation de faire cesser ton existence.

 — Et moi, la vôtre ! » s’exclama Ninil, derrière eux.

 Elle s’approcha dans sa robe rouge, les cheveux relâchés, humides, une serviette sur les épaules, elle leur adressa un sourire poli. « Comment avez-vous trouvé ma danse, cher client ? Je me suis beaucoup entraînée pour parvenir à ce niveau ! Je suis heureuse d’avoir pu vous faire profiter de mon talent. » Elle se pencha et attrapa To avec précaution. « C’est l’heure d’aller faire un petit dodo, toi. Ta maman te cherche.

 — Tss, on a une discussion de mâle, là ! Je suis un adulte, moi, maintenant ! s’exclama l’enfant.

 — Tu es une femelle, To. Les mâles n’existent plus. Tu le sais bien. Et les petites puces comme toi vont au dodo à cette heure-là. Allez ! » la remit-elle à sa mère.

 Ninil étendit sa serviette sur le trottoir afin de s’y asseoir sans se salir les fesses. Elle essaya plusieurs positions avant de trouver la bonne. À genoux, elle regarda les abîmes de la route, et reprit d’un ton joyeux. « Il fait beau n’est-ce pas ?

 — Je suppose », soupira l’homme sans lui prêter plus d’attention.

 Elle se tortilla, mal à l’aise, et posa une main réconfortante sur son épaule. « Vous allez bien ? Vous me paressez plus pâle que d’habitude. Est-ce ma danse qui vous a troublée ? Osez me dire que je suis mauvaise ; je ne vous tuerais pas. Vous êtes trop important à mes yeux, et j’ai besoin d’apprendre. Je l’admets.

 — Vous êtes bonne… à la danse, ajouta-t-il en détournant la tête.

 — Oh, vous êtes si gentil ! D’ailleurs, vous n’auriez pas une petite récompense pour mes efforts ? »

 En réponse, il lui offrit une poignée de pièces. Elle l’accepta, mi-figue mi-raisin. « C’est bien, aussi, dit-elle. Mais, j’ai une meilleure idée. Suivez-moi ! Je vais vous faire visiter mon antre. Vous êtes un ami, maintenant. Je suis certaine que vous avez envi de mieux me connaître. »

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