Lettre 1
Ma tendre sœur,
Je vous écris en ce jour, car ce que j’ai à vous annoncer ne peut attendre votre visite du mois prochain. Avant de commencer, tâchez de comprendre que c’est avec toute liberté que je vous écris aujourd’hui, et que père ne sait rien de cette entreprise. Je vous prierai donc de garder le contenu de cette lettre pour vous et de paraître surprise lorsque père vous l’apprendra par lui-même. Tout en écrivant ces mots, je me rends compte que main tremble, tant la nouvelle que je suis sur le point d’écrire me perturbe. Oh, pardonnez-moi de tant diverger, mais la peur mêlée à l’excitation me font perdre ma bienséance. Alors voilà, je vous le dis, je vais me marier. Si seulement vous pouviez savoir ma sœur tous les sentiments qui se bousculent en moi à cet instant. D’un côté, j’ai l’impression d’être enfin considéré comme une adulte, de l’autre la peur enfantine que je ressens me fait douter de cette entreprise. Vous pour qui ce sujet ne renferme aucun secret pouvez-vous faire part de vos conseils. Comment devrais-je me sentir ? Devrais-je être amoureuse ? Où n'est-ce là qu’un sentiment d’enfant qui n’a pas lieu d’être ? Ou alors mieux vaudrait que je ressente un sentiment d’amitié pour mon futur mari. Je ne sais quoi répondre. Qu’en est-il pour vous avec votre mari ? Oh, ma sœur pardonnée cette question qui vous a certainement blessé par sa curiosité, et loin de moi l’idée de rentrer dans votre vie privée, à laquelle je dois rester absolument étrangère. Mais ces interrogations ne peuvent rester sans réponse, et je me vois mal les demander à maman. Comprenez qu’elle me prendrait encore pour une enfant et qu’elle serait énervée par toutes ses questions qui n’ont pas lieu d’être alors qu’une alliance importante entre deux familles et sur le point de se conclure. J’espère chère Léonia ne pas vous avoir contrarié avec mes pensées d’enfant. Je vous le demande encore une fois de garder le contenu de cette lettre sous silence. Il est vrai que j’aurais pu envoyer cette lettre à nos autres sœurs mais Lariane ne m’aurait pas compris, quant à Saharine, elle aurait certainement pensé comme mère si ce n’est pire. Malgré nos dix ans de différence, vous êtes la sœur avec laquelle je suis la plus proche, surtout que vous êtes la seule avec laquelle j’entretiens une relation épistolaire. J’espérais également que le fait que vous soyez enceinte de votre deuxième enfant puisse vous donner assez d’expérience pour pouvoir me prévenir de ce qu’il m’attend. J’attends avec beaucoup d’impatience votre réponse et me vois contraint de vous dire adieu, mère m’attend pour notre séance de lecture quotidienne.
Votre dévouée, et tendre sœur,
Luna de Lunarem
P. S. : comme vous avez dû le remarquer, je ne peux encore vous révéler le nom de mon futur mari. J’ai trop peur que cela s’ébruite, j’en serais si honteuse.
Écrit le 23e jour le solstice d’hiver de l’an 3979, depuis le château de Villeurf à Lugenstig sur la planète Lunarem, faisant partie du groupe de planète du feu
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