Il était une fois, un petit garçon qui, pour attirer l'attention d'une fillette blonde, s'amusait à lui faire des blagues. Il lui "emprunta" même sa barrette à cheveux, afin que celle-ci vienne le voir pour la récupérer. Mais de vilains jouets stupides vinrent alors gâcher ce moment de tendresse maladroit !

Narrateur : Nan, mais ça va pas ? Barrez-vous de mon récit ! C'est moi qui écrit et qui raconte !

Narratrice : Mais pas du tout ! Vous êtes dans la magnifique histoire toute mignonne que je m'efforce de conter. Veuillez, Monsieur, vous retirer en tout bien tout honneur de cette narration.

Narrateur : Mais ? C'est qu'on voudrait me piquer mon chef d'œuvre !

Narratrice : Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre. Comment voulez-vous faire de l'art littéraire avec des protagonistes aussi incompétents que clichés ? Il ne suffit pas d'aligner mots et personnages, pour que soit beau votre passage !

Narrateur : Mais c'est qu'elle me provoque la voleuse d'histoire ! Que vous n'êtes ici qu'un second couteau, sortie du bas fond d'un hameau !

Kenny : Les copains, venez vite voir !

Pit : Ohé moussaillon ! Qu'aviez donc à vous exciter ainsi, par Neptune ?

Kenny : Baston de narrateurs !

Les jouets : Baston d'narrateurs ! Baston d'narrateurs !

Ha d'accord ? Ils veulent qu'on joue à ça ? Qui dit confrontation de narrateur, dit échange verbal et duel de répliques. Et pour ça, rien de plus pertinent que d'utiliser au mieux les cartes que nous avons en mains, en l'occurrence ici : les jouets.

Du coup, victoire est déjà mienne vu le talent au rabais des protagonistes adverses. Je n'aurai aucun mal à leur faire regretter d'avoir fait irruption dans mon récit, qui est bien plus qualitatif que celui de mon opposant. Que narration soit faite, de mon conte en fête. Vous qui ici, manquiez de classe, je ne vous ferai aucune grâce.

Qu'importe cette pimbêche, qui ne sait point que rien ne m'empêche. Quand on me cherche, on me trouve, et celle-là je l'y jetterai bien dans une douve !

Qu'il en soit ainsi, face à cet indécis, je prends donc l'initiative de la première invective. Viens à moi, mon cher Chuck, et que bataille soit lancé !

Chuck : Hiiiiii haa ! Amenez-vous les danseuses ! Je m'en vais vous chasser et vous faire goûter à la tradition du goudron et des plumes !

Qu'il en soit ainsi. Mais je n'ai aucune raison de craindre cette amatrice. Monsieur Pit, voilà votre heure de gloire, qui restera dans les mémoires ! J'en appelle à votre voix, afin que pour eux sonne le glas !

Pit : Milles sabords ! Narrateur, vous avez faits le bon choix ! Par ma magnifique moustache et mon œil de lynx, moi le vieux Pit, je m'occuperai de couler ce marin d'eau douce !

Narratrice : Un pirate face à un fier cowboy ? Auriez-vous déjà renoncé à la victoire ?

Narrateur : Nan ! Parce que d'abord mon pirate, bah c'est le plus grand des pirates de tous les jouets de pirates !

Narratrice : Ha ouais ? Bah mon cowboy, c'est le plus fort ! Même qu'en fait, c'est un cowboy du futur avec des pistolets laser !

Narrateur : Et moi, mon Pit, il a un bateau volant, et son sabre il annule les pistolets laser d'abord.

Narratrice : Ouais, mais mon cowboy à moi, il est invulnérable contre les attaques de pirates moustachus !

Narrateur : Ouai, mais la moustache de mon pirate, elle est magique et elle annule les pouvoirs d'invincibilités des cowboys !

Narratrice : Bah moi j'ai un prince charmant qui fait tomber les moustaches magiques !

Narrateur : Bah moi j'ai un super chevalier qui a une lance qui supprime les charmes de princes d'abord !

Kenny : Dites, on est d'accord qu'ils ont largement passé l'âge de ce genre d'enfantillages non ?

Pit: Morbleu moussaillon ! Que c'est des délires de narrateur. Faut pas chercher à comprendre, faut juste regarder en silence.

Deux heures de duel pour n’en arriver à rien, il va falloir se décider qui est le vrai conteur de cette histoire. Nan, mais sérieusement, faudrait penser à rendre la barrette à cheveux. Comme ça, on en parle plus et la question sera réglée.

Mais non enfin ! J'en ai besoin moi, c'est un de mes outils de narration ! Sinon, c'est comme si mon histoire n'avait pas de sens ! En tant que scénariste et écrivain, votre conscience professionnelle ne peut accepter cela.

Dans ce cas, que faisons-nous ? Il faut bien que ce chapitre ait un dénouement !

Je ne vois plus qu'une seule solution. Il nous faut croiser les sources, fusionner les récits, rassembler légendes et merveilles.

Nous allons donc poursuivre cette histoire à deux. Je m'occuperai de l'humour, et vous de poésie et d'émotion.