22b. Frustration : Matt

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Ma rage est telle que je coure jusqu’à l’autre salle pour m’emparer du sabre. Je me précipite ensuite sur la clôture que j’escalade d’un bond. J’atterris au beau milieu des malaformes qui m’entourent déjà. J’exécute un tour complet sur moi-même, mon arme fermement maintenue entre mes deux mains. Je suis content de moi. J’en ai décapité quelques-uns et j’ai réussi à éloigner les autres. Ils reviennent déjà à la charge, avides de sang frais. Je me jette sur ceux qui me font face, et d’un seul coup de lame, les coupe en deux. Trois sont définitivement hors d’état de nuire, les cinq animés restants sont maintenant dans l’incapacité de m’atteindre. En attendant, ceux auxquels j’avais tourné le dos se sont rapprochés d’un peu trop près. J’en aperçois de nouveaux qui arrivent, attirés par les grognements de leurs semblables. C’est la fête, plus on est de fous, plus on rit ! Je saute par-dessus les bras qui se tendent vers moi pour garder une bonne distance entre les créatures et moi.

D’où sort celui-ci qui saute du portail ? C’est mon frère ! Lui aussi a dû entendre le bruit et il vient me prêter main forte, muni d’une épée ! Ma sœur nous rejoint aussi avec un arc. Du haut de la clôture, elle vise le cœur des monstres et n’en rate aucun. Lorsqu’elle a utilisé toutes ses flèches, Jo ou moi les récupérons sur les cadavres pour les lui rendre. C’est incroyable ! Plus nous en tuons, plus il en apparait ! À cette allure, nous devrions avoir bientôt nettoyé tout le quartier ! Mais j’entends des chiens ! Pas ça, dans ma précipitation, je n’ai pas pris d’arme à feu ! Ils accourent par la rue perpendiculaire. Carole se déplace rapidement sur le mur pour les atteindre avant qu’ils ne débouchent sur nous. Malheureusement, elle ne parvient à toucher que les têtes, ou au mieux, les gorges des animaux.

Lana ! Elle est au pied du mur dans le jardin. Je ne la vois pas, je reconnais sa voix. Ma sœur saute la retrouver et réapparait quelques secondes plus tard. Elle nous envoie des armes à feu ! Il était temps ! Les chiens sont à l’angle maintenant ! Jo et moi nous positionnons tels des cow-boys, mon frère, un pistolet à la main, une mitraillette dans les miennes. Nous faisons feu sur les bêtes pendant que ma sœur éloigne les malaformes qui nous ont suivis. Alors que nous devons justement nous reconcentrer sur eux, un nouveau problème fait son apparition : Clément et Bob ! Il ne manquait plus qu’eux ! Je soupire et intime à ma famille de ne pas ébruiter la survenue des deux hommes. Si jamais leurs épouses les découvrent, elles vont devenir complètement hystériques !

J'éloigne les deux hommes au plus vite, et leur ordonne de rester à l’écart. Je confie la mitraillette à mon rival, sans oublier de lui préciser qu’il faut économiser les munitions et qu’il ne doit appuyer qu’en cas danger extrême. Il a erré dans les bois, affronté ce fléau d’aussi près que tous les survivants, alors j’imagine que je n’ai pas besoin de lui rappeler que les tirs à répétition vont ramener de nouvelles créatures.

Je les quitte ainsi, Clément déterminé, Robert mort de trouille. Je dois aller retrouver mon frère, il passe avant eux. Je ne les ai pas laissés démuni, on ne pourra me faire aucun reproche.

Il ne reste pratiquement plus que des demi corps au sol, mais encore suffisamment alertes pour essayer de nous agripper de leurs doigts crasseux. Carole et Jo s’en sont bien sortis mais c’est à moi d’achever les monstres. C’est moi qui ai créé cette guerre à l’entrée de ma maison. J’arrache l’épée des mains de Jo et la plante dans la poitrine du premier être immonde que je vois. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que Clément m’imite avec un coutelas. Et jusqu’à ce que nous n’entendions plus que le bruit provoqué par nos propres respirations. Nous nous observons. Il est couvert de sang. Je dois reconnaitre qu’il n’a pas froid aux yeux. C’est ce qui leur a permis de survivre pendant tout ce temps, c’est sûr. Nous nous toisons toujours. Qu’attend-il ? Que dois-je faire ou dire ? Veut-il que je parle ? Que je l’attaque ? Je préfère faire demi-tour. La situation devient lourde de sous-entendus et je perdrai trop à me mesurer à lui. Lui aussi, mais il ne serait plus de ce monde pour le constater.

En franchissant le portail, je me rends compte que Lana nous dévisageait, elle aussi. Je marque une pause à sa hauteur, lui lance un regard genre « quelque chose à redire ? ». Comme je ne parviens pas à déterminer si elle est en colère ou simplement surprise et devant son absence de réponse, je me dirige vers le puis. J’ai besoin de me laver.

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