25b/ Fatale tentation : Lana

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Nous nous rhabillons en silence. Silence pesant. Je l’observe à la dérobée. Il est tendu et son visage est fermé. Il va encore s’en prendre à moi, je le sens.

— Tu voulais juste me sauter dessus ou tu avais quelque chose à me dire ? demande-t-il sur un ton sec, agressif.

Ça fait mal. Comment la passion qui l’a animé peut-elle se transformer si vite en … en quoi, d’ailleurs, colère, amertume, dédain ? Qu’est-ce qui l’anime ?

Il me fait face, adossé au mur avec nonchalance, les mains dans les poches, et son regard me glace le sang. Cette allure froide et indifférente me rappelle à chaque fois à quel point il peut se montrer cruel et dangereux.

Je tente de rassembler mes idées et bredouille une réponse :

— Je te demande juste de ne pas faire peur aux enfants, et d’éviter de faire des sous-entendus sur notre relation.

— Notre quoi ? Tu appelles ça une relation ? Il me semble qu'il faut s'impliquer à deux, dans une relation, non ?

— S’il te plait, arrête de crier, ils vont nous entendre.

Ces mots me blessent, et je tremble quand il éclate d’un rire hystérique. Il me rabaisse et me fait peur dans ces moments là. Il pourrait changer d'avis et me tuer, ou pire, s'en prendre à ma famille. Je cours jusqu’à la porte mais je ne suis pas assez rapide. Comment ai-je pu oublier ce « détail » ? Il me bloque le passage.

— Ça ne te dérangeait pas qu’on nous voit tout à l’heure, mais maintenant que Madame a pris son pied, elle craint pour sa dignité !

— Matt, arrête, s’il te plait !

Il me hurle dessus. Je suis au bord des larmes. Je refuse qu’il me voit pleurer, serre les dents et redresse la tête. Après tout, c’est lui qui a commencé, dans la clairière. C'est lui qui m’a poussée à recommencer.

— Au fait, c’était comment les retrouvailles avec ton mari ? Il t’a baisée toute la nuit ?

Je n’en crois pas mes oreilles ! Qui veut-il faire souffrir, lui ou moi ? Je ne lui avouerai pas que nous n’avons rien fait, que j’ai essayé mais que Clément m’a tourné le dos parce qu’il a compris dès l’entrée fracassante de mon amant, et que ça lui a brisé le cœur.

— Ta jalousie est ridicule ! Ne me reproche pas ce que nous venons de faire car tu m'as provoquée devant nos familles et nos amis ! Je ne te raconterai pas ma nuit, parce que je ne suis pas si cruelle que toi.

Il se jette sur moi sans cacher son vrai visage et me coince contre le mur alors que sa main m'étrangle. Il va me tuer cette fois, je suis allée trop loin. Ma mort est peut-être la solution à certains problèmes. Plus aucun des deux ne souffrirait par ma faute.

La porte s’ouvre devant Jonathan qui vient directement à nous et se plante près du puîné* de la fratrie.

— Lâche-là, Matt.

Il se rue sur lui et l'oblige à me relâcher. Je m’affale sur le carrelage et tousse alors que l’air qui m’a manqué emplit mes poumons. Carole fait son entrée, curieuse, un sourire sur les lèvres. Elle reste là, à regarder ses frères se battre. Je tourne la tête vers eux pour voir le combat de boxe qui se déroule à côté de moi, en direct.

C’est la première fois que je vois Jonathan dans une telle rage. Ils vont s’entretuer, il faut les séparer ! Jonathan m’ordonne de sortir et de m’enfermer dans ma chambre. Je crois qu’il serait sage de l’écouter. Mais une fois de plus, on m’empêche de fuir. Carole se tient dans l’encadrement.

— Non, Jo, elle reste, affirme la peste. Je vais finir ce que mon très cher frangin n’a pas eu le temps de faire, ma belle.

— Non ! Si je dois mourir ainsi, je veux qu’il le fasse lui, en me regardant dans les yeux.

Je me tourne vers Matt, dont le visage redevient à peu près normal quand ses yeux se posent sur moi. Surpris par ma requête, il hésite tandis que je le fixe, le cœur battant à tout rompre.

— Laisse-là, dit-il, je m’en chargerai. Mais pas aujourd’hui.

Il m’adresse un sourire pervers avant de me dépasser et de partir.

Carole émet un long soupir et lève les yeux au ciel avant de sortir à son tour. Jonathan, plongé dans une profonde réflexion, me regarde avec intensité. Il a quelque chose à me dire, mais cherche ses mots. À l’inverse de son frère, il est plus calme, et surtout plus courtois, plus doux.

— Lana, votre relation devient trop dure à gérer. Pour tout le monde. On ne peut pas empêcher Matt de te tuer et combattre le fléau en même temps. Il va s’isoler, comme il l’a fait la dernière fois. Alors je t’en prie, ne va pas le rechercher. Vous devez éviter de vous voir, de vous parler.

— Ne t’inquiète pas, nous allons partir car j’ai peur qu’il s’en prenne à ma famille.

— Vous ne pouvez pas vous en aller. Vous auriez trop de mal à survivre, seuls. Il ne vous lâchera pas, de toute façon. Si tu t’enfuies, il te traquera, te retrouvera où que tu ailles et la suite, je ne la connais pas, mais il se montrera impitoyable.

— Il a menacé de me tuer, tu t’en souviens ?

— C’est un véritable tour de magie que tu as réalisé en le rendant accro à toi. Son comportement me laisse à penser qu’il est amoureux de toi. Mais il n’a jamais affronté le sentiment d’amour, ni les émotions qu’il suscite. Il les gère très mal mais il ne te fera pas de mal. D’ailleurs, il est parti se calmer, parce qu’il lui serait impossible de te tuer, encore moins les yeux dans les yeux. Tu les fais souffrir tous les deux. Fais ton choix et respecte-le.

*«Puîné» vient du latin «post natus» («né après»). Il remonte au XIIe siècle, composé des mots «puis» et «né», participe passé de naître.

https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/aine-puine-cadet-connaissez-vous-l-origine-de-ces-mots-20230130

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