3b. L'erreur : Lana

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Nous sommes obligés de traverser la ville. C’est de pire en pire. Des gens ont cloué des planches à leurs fenêtres, les vitrines des magasins ont volé en éclats, des animaux et des hommes gisent sur les routes, sur les trottoirs, certains encore… vivants ? Les rues et les murs sont salis par la crasse et le sang. Quel gâchis !

Nous nous garons devant le stand de tir, par chance installé en dehors de la ville.

Matt me tend une arme, les sourcils froncés. Il est inquiet. Moi aussi. Et j’ai peur.

Au moment où il ouvre la porte du local, des bras crasseux surgissent ! Les petits vaisseaux apparaissent tant leur peau est translucide. Des zombies essaient d’attraper Matt tandis qu’il appuye de toutes ses forces pour refermer et les empêcher de sortir. Il m’appele à l’aide mais je suis pétrifiée, incapable de mettre un pied devant l’autre. Il ne tiendra pas longtemps, il faut que je bouge. Impossible, mes jambes ne répondent pas.

La porte cède ! Des zombies courent vers moi, d’autres vers Matt. Il tombe mais se relève déjà. Il tire avec son pistolet, en touche quelques-uns. Certains s’affalent, inertes, mais pas tous. Pourquoi ? Ceux qui se dirigeaient vers moi se détournent tous vers lui ! Ils ont entendu les coups de feu.

Enfin réveillée, je cours démarrer le 4X4. Pourvu qu'il n'ait pas enlevé la clé ! Elle est sur le contact. Je démarre et ressors du véhicule en laissant une jambe à l’intérieur. Je tire dans le tas, à l’opposé de mon partenaire, déjà loin comme s’il s’était déporté ! Il réitère l’opération. Les monstres sont presque à l’attraper et la seconde suivante, plusieurs mètres les séparent. Je n’atteint aucune cible mais les bruits provoqués par mon arme et le moteur les attirent maintenant vers moi. Je grimpe sur le siège, enclenche la marche arrière et m’arrête à la hauteur de Matt qui se jette à mes côtés. Je recule, puis accélère, pied au plancher alors que sa portière est encore ouverte.

— Mauvaise idée, râle-t-il. On va devoir trouver un autre moyen de t’apprendre le tir.

— Ça me rappelle une série que je regardais avec mes enfants…

— C’est à ça que tu pensais au lieu de venir m’aider ? hurle-t-il, les yeux exorbités.

Je m’abstiens de répondre par crainte que sa fureur s’abatte sur moi. Son visage frôle le mien tant sa réaction est violente et ses yeux lancent des éclairs. Ses traits sont crispés de rage contenue. J’arrête la voiture pour lui permettre de conduire et de se concentrer. Malgré tout, il s’en sortait très bien tout seul.

Au lieu de démarrer, il coupe le moteur et frappe le volant à plusieurs reprises.

— Je suis désolée, je murmure, mal à l’aise, sans oser le regarder.

— Tu es désolée ??? C’est tout ce que tu trouves à dire ? J’ai bêtement cru que tu étais assez forte, que tu serais à la hauteur et toi, tu me laisses tomber ! J’ai failli crever à cause de toi ! Tu en es consciente ?

Je baisse la tête. Je ne sais pas quoi répondre, je me suis surestimée, je me suis vue capable de soulever des montagnes pour retrouver ceux que j’aime.

— J’imagine qu’après ça, tu vas refuser que je t’accompagne…

— Tu m’as trahi ! Tu as trahi ma confiance !

— Redonne-moi une chance s’il te plait, je peux y arriver.

Il ressort de l’automobile et reprend la direction de l’école de tir. Il avance vite, à grands pas, son arme braquée droit devant. À quoi joue-t-il ? Il ne va pas y retourner ! C’est du suicide ! C’est un test. Je le rattrape. À quelques mètres des zombies, il fait feu. Il est devenu fou, il les attire à nous ! Un grogneur tombe. Deuxième coup de feu, deuxième grogneur à terre. Troisième fois, la créature reste debout. Il la vise à nouveau, elle s’écroule.

— À toi. Tu peux en toucher quelques-uns avant qu’on ne doive partir. Dépêche-toi, tu n’as pas la journée.

J’essaie, une fois, deux fois, trois fois, sans succès. Il se place derrière moi et place ses mains glacées sur les miennes, pour maintenir mes doigts sur l’arme avec fermeté.

— Tu vois ce que je vise ? C’est là que tu dois le toucher. Maintenant !

Le monstre s’écroule à mon grand soulagement. Matt me saisit par la taille et m’entraîne en courant jusqu’au 4X4. Nous y parvenons si vite que je n’ai pas senti mes pieds toucher terre… Toute cette calamité est décidément en train de me rendre cinglée.

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