4b. L'idée : Lana

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C’est une immense bibliothèque ! Bien plus grande que celle du salon ! Des milliers de livres remplissent les étagères appuyées à chaque mur. Sauf celui de droite qui supporte un énorme écran de télévision. Au centre de la pièce, des canapés et fauteuils semblent attendre de la compagnie.

Après m'avoir observée, Matt se dirige vers le fond, où scintillent les verres et les miroirs d'un bar. Il s'assied sur un tabouret, devant le comptoir avant de remplir un verre qu’il dépose sur la table basse avant de s’allonger sur l’un des sofas.

— Tu veux boire quelque chose ? propose-t-il.

— Une coupe de Champagne, je ricane. On fête l’armistice ?

Est-ce possible ? Il a presque rit.

— Je t’écoute. Sois convaincante si tu ne veux pas que je m’endorme. J’ai passé une mauvaise nuit, à cause de toi…

Je ne dois pas m’offusquer de cette dernière remarque désagréable si je veux qu’il m’écoute. Son regard perçant m’assure de son attention, alors je me lance :

— Je regardais une série avec mes enfants. Une série avec des zombies. La situation actuelle me fait penser à ça.

— Un peu.

Il sait au moins de quoi je parle.

— Ecoute moi jusqu’au bout s’il te plait ! Même si ça m’aide que tu connaisses. Donc, nous n’en sommes qu’au départ de ce que vivent les protagonistes. Ceci dit, nous y serons bientôt. Ça c’est l’introduction. Le développement :

— Arrête ton cours de français. Vas au but, m'interrompe-t-il, les yeux à présent fermés.

Je râle avant de poursuivre :

— Je dois apprendre à me battre, nous sommes d’accord là-dessus. Nous avons constaté que l’apprentissage du tir ne sera pas possible. Une des héroïnes se sert d’un sabre. C’est peut-être ce qu’il me faut, non ? L’arc est bien aussi pour la distance, mais trop gros. En plus, il nécessite des munitions. Et sortir pour s'exercer. Je veux apprendre et vite.

J’ai parlé dans le vide ! Il dort ! Je me retiens de courir le secouer et le regarde avec haine. Il m’a laissé faire mon discours, conscient qu’il n’en écouterait pas un mot et que nous feront finalement à sa manière !

Je n’y tiens plus, je me jette sur lui et lève la main pour le gifler. Je manque de rapidité, car il saisit mon poignet avec fermeté. Mes cinq autres doigts s’approchent déjà de sa joue mais il stoppe mon geste de la même manière. Je me débats, cherche à me libérer alors qu’il refuse toujours de me lâcher par crainte que je ne revienne à la charge. J’atterris sur le plancher, mon adversaire penché au-dessus de moi. La respiration saccadée, il me scrute avec une telle intensité que mon sang se glace. Il va me frapper à mort, c’est sûr. Il rapproche encore sa tête de la mienne. L’espace d’un instant, j’ai peur qu’il ne cherche à m’embrasser. Son souffle irrégulier effleure ma gorge, puis mon cou. La situation est embarrassante. Il maintient encore avec force mes deux mains au dessus de ma tête et coince le reste de mon corps sous le sien. Il se redresse soudain et me tourne le dos avant d’être saisi d’un fou rire.

Enfin libre de mes mouvements, je masse ma peau endolorie alors que je ressens encore le froid qui émane de lui. Cet homme m’effraie, et pourtant il est forcément plein de bonnes intentions puisqu’il cherche à nous protéger et nous apporte son aide.

Il se resserre un verre et reprend enfin son sérieux avant de s’assoir sur le même sofa. Je l’imite et m’installe sur le canapé qui lui fait face.

<<— C’est à mon tour de parler ?

Un : ce que vivent les protagonistes de cette série n’est rien en comparaison de ce qui nous attend. Aucune question s’il te plait, tu sauras ce que tu es censée savoir. À ton tour de ne pas m’interrompre !

Deux : les armes à feu. Il t’en faudra une quoi qu’il en soit. En cas d’extrême urgence. Tu avais raison sur un point : tu apprendras à t’en servir sur le tas.

Trois : je suis d’accord pour ton choix d’arme. On va y travailler. Jour et nuit, s’il le faut.

Quatre : apprendre vite : la balle est dans ton camp.

Attends, il y a un cinq.

Cinq : ne t’avise plus JAMAIS de tenter de me frapper !

— Ça t’a pourtant bien amusé…

— JAMAIS, tu m’entends ?>>

Je le défie du regard et frémis en remarquant ses sourcils froncés, ses yeux réduits à deux minces fentes brillantes et ses lèvres tendues en une ligne mince tant sa mâchoire est serrée. Même ses poings attendent la moindre remarque de ma part pour attaquer.

— Maintenant je vais te montrer où on va commencer.

Nous empruntons bien sur un nouveau chemin pour rejoindre l’armurerie, mais nous ne nous y arrêtons pas. Matt ouvre une autre porte, sur le pallier à droite des escaliers.

L'espace que je découvre est encore plus grand que celui où sont cachées les armes. Des appareils de musculation, des tatamis, un rameur… Une salle de sport ! C’est insensé : la maison ne peut pas contenir toutes ces immenses pièces ! Même la taille des chambres est démesurée ! Je n’y comprends rien.

— Il va te falloir une très bonne condition physique. Tu vas souffrir, autant que tu le saches.

Cela ne m’effraie pas. Bien au contraire, j’en ai envie. Envie de ressentir ce que doivent ressentir les membres de ma famille. Ils sont toujours en vie et nous cherchent, c’est une certitude.

Matt m’emmène courir dans le champ clos, derrière le jardin. Ensuite, il me surveille dans la salle de sport pendant que j’utilise les machines de musculation. Il m’a conseillé de muscler surtout mes bras, mes jambes et mes abdos, sans trop forcer pour un premier jour.

Je me permets quelques pauses quand il s’absente, de temps en temps, sans me confier ses projets.

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