Inès est écrasée de tristesse. Elle voudrait faire comme Papa : disparaître dans sa chambre et ne plus penser à rien. Mais elle n’y arrive pas. Elle dort mal, se réveille tout le temps, pleure beaucoup alors que Papa dort très fort et très longtemps. Mamie dit que c’est les médicaments. Inès en veut bien aussi, si ça empêche d’être malheureux.

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Une dame est venue aider Papa à la maison, parce qu'il ne se rappelle plus trop comment on s'occupe des enfants, et il ne fait pas le ménage ni les courses. Et Mamie ne peut pas venir tout le temps.

Parfois, il oublie même de donner à manger à Inès. Mais elle a pris l’habitude et se sert toute seule dans le frigo.

Elle s'appelle Mélanie et elle est gentille. Inès l'aime bien parce qu'elle lui parle, et elle est vivante.

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Papa est vide et creux. Il ne parle pas beaucoup, il ne pleure pas. Inès est toujours fâchée : il n’a même pas demandé pardon pour lui avoir caché que Maman est morte.

Il ne mange presque plus, que du café le matin. Il est là mais pas vraiment. Ça va un peu mieux quand il y a Mélanie, elle l'oblige à manger avec elles. Et il a même l’air un peu content, par moments.

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Mélanie est là presque tous les jours maintenant. Une nuit, Inès a encore fait un cauchemar mais quand elle est allée retrouver Papa dans sa chambre, c’était pire. Mélanie était là, à la place de Maman. Dans le lit. Contre Papa.

Inès a été horrifiée.

Elle essaie de détester Mélanie mais c’est difficile parce qu’elle est vraiment gentille avec elle. Par contre, sa colère contre Papa est montée encore d’un cran.

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Un jour, Inès a entendu Papa et Mélanie se disputer dans le bureau. Elle n'a pas compris ce qu'ils disaient mais ils ont crié. Ça faisait longtemps que Papa n'avait pas fait autant de bruit. Mais c’est Mélanie qui a gagné : quand ils sont revenus, elle a annoncé à Inès qu’elle pourrait retourner à l’école la semaine prochaine. Papa trouve toujours qu’il est trop tôt ; il est parti dans sa chambre et a claqué la porte.