Papa avait raison, Inès n’était pas prête. Mais en y pensant bien, elle ne sait pas si elle aurait été prête un jour.

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Elle était toute contente d’y aller. C’est Mélanie qui l’a emmenée, Papa n’a pas eu le courage. Elle a retrouvé son amie Emma, et tous les enfants de sa classe ont été gentils avec elle, Maîtresse aussi. Mais à la récré, les grands dans la cour lui ont parlé. Ont dit des choses qu’Inès ne voulait pas savoir. Ont ri.

D’abord, elle n’a pas compris les mots. Mais ils lui ont bien tout expliqué.

Elle n’aurait pas dû venir.

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Suicide. Pour Inès, ça ne veut rien dire. Ce n’est pas un mot qu’elle connaît. Ils ont expliqué que Maman s’était tuée toute seule. Qu’elle a mangé des médicaments pour mourir, parce que Papa est amoureux d’une autre femme. Inès s’est bien appliquée à les ignorer, elle a essayé de se sauver, elle a même bouché ses oreilles. Mais ils ont insisté. Et puis, tout le monde le sait, parce que c’était dans le journal. Alors, Inès y a cru.

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Inès ne pensait pas que le vide pouvait être plus profond encore. Sa peine plus immense. Son coeur est si rabougri qu’elle ne le sent plus taper. Sa gorge lui fait tellement mal que rien ne sort.

Elle a l’impression de couler, elle ne sait plus comment respirer. Ou de tomber, sans savoir quand elle va toucher le sol. Elle a sûrement fini par le toucher, parce que ses mains et son front sont écorchés.

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Elle n’a pas de souvenirs de la fin de cette journée, ni des suivantes.

Elle est devenue comme Papa, elle n’arrive plus à parler, ni à pleurer. Elle n’a même plus assez de force pour détester Papa, alors que tout est sa faute.