Sous les Mers de Paris
Chacun fabriqua une paire de gants improvisée en déchirant des morceaux de leur chemise. Ils espéraient ainsi avoir un minimum d’adhérence. Une seule tentative possible, si l’un d’eux ratait son ascension, il pourrait faire chavirer l’embarcation de fortune et balancer les autres à l’eau.
Ce fut Floyd qui prit en premier cette responsabilité, il s’empara de la corde qui retenait la voile au mât, posa sa main sur l’une des vitres et cala son pied droit dans un coin formé par la structure métallique. Il se propulsa pour poser sa main gauche sur une vitre de la rangée supérieure et bloqua son autre pied de la même manière que le droit. L’équilibre était précaire et l’effort physique intense, mais il tint bon, pour lui, ses compagnons et son capitaine.
Collé contre la paroi, il sentait le métal chauffer ses mollets et ses avants-bras. Pensant y trouver une meilleure prise, il continua sa montée tout en déviant sur la gauche pour atteindre l’une des arrêtes des la pyramide. Le choix parut efficace, avec une jambe de chaque côté de l’arête, il était plus à l’aise pour continuer son ascension. Arrivé à la moitié, il prit encore plus d’assurance en sentant que cette partie était plus sèche, moins atteinte par les vagues. À partir de là, Il put atteindre le sommet en quelques mouvements assurés.
Une fois tout en haut, il fut heureux de voir que la pyramide n’était pas entièrement creuse, tout un enchevêtrement de barres métalliques se croisant pour former une structure simple, mais visiblement solide. Il enjamba la paroi de verre et s’assit quelques minutes pour reprendre son souffle. Il attacha la corde à l’une des barres, et la lança en direction du radeau. Elle était trop courte pour ses compagnons puissent l’atteindre directement, mais leur apporterait une meilleure prise une fois atteinte.
Ce fut Piers qui se lança en deuxième, comme Floyd, il assura sa première prise avec son pied droit. En posant son second pied, il se trouvait déjà à quelques centimètres de la corde, il voulut l’attraper, mais perdit l’équilibre et ne dû son salut qu’à un réflexe de sa main gauche qu’il posa à plat sur une vitre. Sa chute ralentie, il put reprendre son équilibre et continuer à grimper pour atteindre la corde et le sommet.
Le capitaine, pressé de découvrir ce que cache le monument et rassuré par la réussite de ses deux moussaillons, passa en troisième, sans encombre, mais lorsque Conrad attrapa la corde, celle-ci céda, le frottement sur le verre du sommet l’avait petit à petit fragilisée, le marin tomba dans l’eau froide. Il tenta de remonter sur le radeau, mais la panique et le froid mit fin à son calvaire en à peine quelques minutes. Ses trois compagnons le regardèrent se noyer, totalement impuissants.
Tiraillés entre la tristesse de la perte de leur ami et l’excitation de la découverte, ils ne prirent que quelques secondes pour se recueillir. Déjà le capitaine ne regardait plus cette mer qu’il n’avait que trop vue depuis des mois. Tout ce qui l’intéressait dorénavant, c’était cette pyramide et ce qu’elle pouvait contenir en son cœur.
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