3
Noboru possède une fierté : non pas l’enfant qui refuse de naître dans les entrailles fraîches de Riku, mais un petit lapin, délicate boule de poil et blanche et noire qui vit à l’intérieur de sa nōka, et qu’il ne surveille pas, puisqu’il est aux champs tout le jour.
Alors qu’à la rivière Riku s’épanche pour laver le kimono de son époux, un tanuki pas si sauvage franchit l’ōdo dans l’espoir de dénicher quelque chose à grignoter. En furetant aux envies de sa truffe mouillée, il trouve, dans la nourriture du lapin, de quoi contenter à sa gourmandise : il ces victuailles engloutit avec une promptitude telle qu’il quitte les lieux quelques minutes plus tard, le ventre bien rempli.
Quelques minutes trop tard puisque Noboru le saisit de ses mains calleuses, par le cou, de sorte que ce chenapan ne puisse le mordre, à peine se tortiller ! Ses génitoires immenses balancent dans le vide alors que l’homme le soulève, et le toise d’un regard torve.
« Toi, vilaine créature, qu’as-tu fait pour mériter ce que tu viens de dérober ? »
Noboru n’attend pas la réponse de l’animal qu’il continue sa réprimande sur un ton des plus virulent :
« Rien ! Cette nourriture n’est pas la tienne ! Et pour cela même tu seras puni. Je t’attacherai à un arbre jusqu’à l’aube ! C’est tout ce que tu mérites pour avoir volé un honnête homme ! Et s’il te vient l’idée de recommencer, sache que j’ai une arquebuse, et que je n’hésiterai pas à te tuer, toi et les tiens ! »
Annotations