Chapitre 3
Dans la pénombre, douze silhouettes semblèrent sortir du mur qui couronnait l'autel. Elles s'avancèrent et firent cercle autour de celui-ci. Sans hésiter, la plus haute des silhouettes s'avança, se pencha sur le visage d'Alyala et déposa sur ses lèvres, un chaste et doux baiser. A l'instant même où les lèvres de la jeune-fille furent libérées, l'empreinte éthérée de son corps se leva, flottant lumineuse dans la pièce, et prit le chemin de la terrasse. La sensation de ce flottement lui était familière. La plénitude l'envahit subtilement lorsqu'elle saisit que sa conscience embrassait tout : de la terrasse où elle était parvenue jusqu'aux montagnes bleutées à l'horizon et au-delà. La chaleur née au coeur de sa poitrine, se répandit en elle jusqu'aux extrémités de ses membres, ondoyante et dorée. Alyala embrassait tous les mondes ; les mondes l'habitaient toute entière...
Sur les pavés blanchis par le soleil et les pluies diluviennes des riches saisons, flottait Alyala. Les infimes entailles de pierres se révélaient avec élégance à son regard ; l'air subtilement mouvementé, délivrait une infinité de sons dont la mélodie captivante éveillait son oreille ; en quête des matières à leur image, l'éclat des couleurs peignaient le paysage ; le monde, intensément vivant, lui délivrait ses adages...
Brusquement, un souffle souleva sa chevelure aux reflets mordorés...
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