Chapitre 4

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Léo et Jules, bien que dehors et à l’abri, n’étaient pas encore en paix. La forêt semblait étrange, comme si elle les observait, chaque arbre courbé vers eux dans une sinistre attente. L'air était glacé, et le vent soufflait avec une force étrange, sifflant dans les branches mortes. Tout semblait trop calme, trop lourd. Comme si la terre elle-même retenait son souffle.

Ils s'étaient éloignés du manoir, mais l’angoisse restait présente, collée à leur peau comme une ombre persistante. Léo tourna son regard vers son frère, qui ne cessait de regarder derrière eux, le cœur toujours battant à toute allure. "Tu crois qu’on est vraiment partis pour de bon ?" murmura-t-il, une pointe de doute perçant sa voix.

Jules secoua la tête, les yeux pleins de terreur. "Je… je ne sais pas. Tu as vu cette lumière, Léo ? Tu as vu comme le manoir s’est effondré ? Il… il semblait tellement vivant. Comme s'il ne voulait pas nous laisser partir."

Léo frissonna. Oui, il avait vu. Il n'avait pas seulement vu le manoir se briser. Il avait vu des ombres s’échapper des fissures, se tordre et se tordre dans la lumière, comme des âmes déchaînées cherchant à s’envoler vers quelque chose de pire encore. Il en avait la sensation que la malédiction n’était pas totalement brisée. Que quelque chose… ou quelqu'un, restait.

"Éloïse," dit Jules, la voix brisée. "Elle… elle nous a sauvés, mais qu’est-ce qui nous dit qu’elle est vraiment partie ?"

Léo baissa les yeux, son cœur serré. Il n’avait jamais voulu douter d’Éloïse, mais quelque chose dans l’air lui disait que cette histoire n’était pas encore terminée. Que le sacrifice de sa sœur avait peut-être ouvert une porte vers quelque chose de bien plus sombre. Il n’arrivait pas à se défaire de cette sensation de malaise.

"On doit en parler à quelqu’un," dit Léo, après un long silence. "On doit comprendre ce qui se passe vraiment. On ne peut pas rester dans l’ignorance."

Jules acquiesça, bien que le doute n’ait pas quitté ses yeux. Ils marchèrent en silence à travers la forêt, cherchant un abri, un endroit où ils pourraient se reposer et réfléchir. Ils avaient décidé de se rendre à la ville voisine, espérant y trouver des réponses, des personnes qui auraient connu l’histoire du manoir et de sa malédiction. Mais chaque bruit dans la forêt, chaque craquement sous leurs pieds, semblait leur rappeler ce qu’ils avaient laissé derrière eux.

Lorsque la première lueur de l’aube commença à filtrer à travers les arbres, ils aperçurent enfin une petite cabane en bois, perdue dans les ténèbres de la forêt. La lumière faiblissante de la nuit lui donnait une allure encore plus sinistre, mais ils n’avaient pas le choix. Ils se dirigèrent vers elle, frappant à la porte, espérant y trouver un peu de chaleur, un peu de réconfort.

La porte s’ouvrit lentement, et une vieille femme, aux cheveux longs et argentés, apparut dans l’encadrement. Elle les observa en silence, son regard perçant semblant scruter leurs âmes.

"Je vous attendais," dit-elle, sa voix calme, mais chargée d’une étrange autorité. "Entrez."

Les deux garçons s’échangèrent un regard incrédule avant de s’avancer dans la cabane. À l’intérieur, l’air était chaud, empli de l’odeur de la terre humide et des herbes séchées. La vieille femme les invita à s’asseoir près de la cheminée, et ils le firent, sans poser de questions. Ils étaient épuisés, mentalement et physiquement, mais une partie d’eux sentait qu’ils étaient au bon endroit.

"Vous avez fait une erreur," dit la vieille femme d’un ton plus grave, en les fixant intensément. "Ce n’est pas fini. Vous avez libéré une partie de la malédiction, mais vous n’avez pas effacé son origine."

"Qu’est-ce que vous voulez dire ?" demanda Léo, sa voix tremblante. "Nous avons brisé le pacte !"

La vieille femme secoua lentement la tête. "Non. Vous avez brisé une partie du pacte, celui qui vous tenait prisonniers. Mais vous avez libéré quelque chose de bien plus dangereux. L’âme de l’entité qui hante ce manoir… elle est toujours là, parmi nous. Vous avez simplement ouvert une porte. Une porte qui mène à des ténèbres plus profondes."

Les yeux de Léo s’agrandirent. "Alors, c’est pas fini ?! Nous sommes toujours en danger ?!"

La vieille femme ferma les yeux un instant, comme si elle se préparait à révéler une vérité terrible. "Vous avez libéré l’âme de l’entité, mais elle a besoin de quelque chose. Elle a besoin d’un corps. D’un hôte."

"Éloïse..." murmura Jules, sa voix brisée par la peur.

"Éloïse est l’âme qui a brisé le pacte, mais elle a aussi libéré l’entité," expliqua la vieille femme, une expression grave sur son visage. "Elle a voulu sauver ses frères, mais elle n’a pas réalisé que son sacrifice allait permettre à cette ombre de se nourrir d’elle, de devenir plus puissante."

Léo se leva d’un coup, le cœur battant. "Qu’est-ce qu’on doit faire ? Comment on l’arrête ?"

La vieille femme les regarda avec une étrange compassion, mais aussi avec une gravité insondable. "Vous devez retrouver le cœur du manoir, là où la malédiction a commencé. C’est là que l’entité se nourrit, là où son pouvoir s’étend. Vous devez y retourner. Et cette fois, vous devrez détruire son essence, afin qu’elle ne puisse plus revenir."

Les deux garçons restèrent un instant figés, incapables de répondre. Retourner au manoir, après tout ce qu’ils avaient traversé, après la perte de leur sœur… c’était impensable.

Mais le regard déterminé de la vieille femme, et la certitude dans sa voix, les poussèrent à se ressaisir.

"Le manoir vous attend," conclut-elle. "Ne perdez pas de temps. Il est déjà trop tard pour les âmes qui y sont restées. Mais il est peut-être encore temps pour vous. Si vous ne faites rien, l’obscurité vous engloutira tous."

Léo et Jules échangèrent un dernier regard, avant de se lever ensemble, unis par le courage et le souvenir de leur sœur. Ils savaient qu’ils n’avaient pas le choix. Ils devaient retourner là où tout avait commencé. Ils devaient affronter l’ombre, une fois pour toutes.

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