Chapitre 2

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Le cœur battant, les trois orphelins se regroupèrent près de la porte secrète qu'ils venaient de découvrir. Les murs, imprégnés d'un silence lourd, semblaient presque respirer, comme si le manoir attendait que quelque chose se passe, que l’un d’eux fasse le prochain mouvement. Mais l’ombre derrière le miroir, l’entité qui les avait surveillés, semblait toujours présente, invisible mais menaçante.

Éloïse prit une profonde inspiration, son regard se posant sur les documents et le journal intime que leur arrière-grand-mère avait laissés. "On doit en savoir plus," dit-elle, déterminée. "C'est notre seule chance de comprendre ce qui se passe ici."

Léo acquiesça, mais une peur sourde s’empara de lui. "Si on ne part pas maintenant, on sera pris à son tour." Mais il n’eut pas le courage de dire tout haut ce qu’il ressentait : qu’il avait l’impression que ce manoir, avec ses mystères et ses ombres, était une prison dans laquelle ils étaient condamnés à errer à jamais.

Jules, encore sous le choc, se blottit contre sa sœur aînée. "Qu’est-ce qu’on fait, Éloïse ?" murmura-t-il, ses yeux remplis de terreur.

La jeune fille secoua la tête. "On doit comprendre ce qui s’est passé ici, Jules. Ces gens qui ont souffert dans ce manoir, on doit savoir pourquoi. Ils sont liés à nous… Et peut-être qu’ils peuvent nous aider à sortir."

Elle se pencha sur le journal intime, ses doigts tremblants effleurant les pages usées. En lisant à voix haute, les mots la frappèrent comme une gifle.

"Le pacte des ombres. Chaque génération doit sacrifier l’un des siens pour que la malédiction ne se poursuive pas. Cette maison vit de la douleur et du sang. Quand les enfants de l’héritier reviendront, il faudra choisir celui qui sera pris. Si personne ne se sacrifie, alors les âmes du manoir réclameront une vie."

Une lourde chape de terreur s’abattit sur les orphelins. La vérité était terrible. Ils n’étaient pas simplement là par hasard. Le manoir les attendait, mais pas pour les accueillir dans la chaleur d’une maison retrouvée. Ils étaient les victimes choisies pour honorer un pacte vieux de plusieurs générations.

"Nous devons fuir, maintenant !" Léo s’écria, son visage blême. "Ils veulent l’un de nous. Ils veulent qu’on se sacrifie !"

Mais Éloïse, le journal serré dans ses mains, se figea. "Non, il y a plus que ça. Maman et papa… Ils ont dû être liés à ce pacte aussi. Peut-être qu’ils ont essayé de le briser, peut-être qu’ils sont morts en tentant de le faire."

Jules, les yeux pleins de larmes, s’accrocha à elle. "Alors, on doit faire quoi ?! On va mourir ici, comme eux ?"

Éloïse, le cœur serré, se redressa. "Non, je refuse de les laisser gagner. Nous allons briser cette malédiction, ensemble. Si nos parents ont échoué, c’est peut-être parce qu’ils ont été seuls. Mais nous, on n’est pas seuls. Nous sommes ensemble."

Léo, bien qu’hésitant, sentit l'espoir renaître dans son cœur. "Mais comment ? Comment on brise un pacte qui dure depuis des siècles ?"

"Nous devons nous rendre là où tout a commencé," répondit Éloïse, les yeux fixés sur l’escalier qui menait aux étages supérieurs. "Là où le premier sacrifice a eu lieu."

Les trois enfants montèrent en silence, leurs pas lourds sur les marches décrépites. La porte du dernier étage était juste devant eux. Une porte étrange, comme une dernière barrière, marquée de symboles gravés dans la pierre. Ils savaient qu’au-delà, la vérité les attendait.

En franchissant la porte, ils pénétrèrent dans une grande salle circulaire, où le sol était couvert de poussière et de cendres. Une grande table en bois, toute en splendeur d’antan, trônait au centre. Autour de celle-ci, des chaises étaient disposées en cercle, comme si une réunion était en cours… mais il n’y avait personne. Juste des ombres dansantes qui semblaient surgir des murs.

Au fond de la pièce, une grande cheminée éteinte semblait avoir été le foyer de rituels secrets. Et sur le sol, des marques anciennes étaient visibles – des traces de sang séchées, des sigles mystiques.

C’est alors qu’Éloïse remarqua un livre poussiéreux posé sur la table, comme si quelqu’un venait de le poser là. En l’ouvrant, elle découvrit un texte écrit en lettres anciennes, décrivant le dernier acte du pacte : "Quand la dernière génération des héritiers reviendra, un seul pourra briser la malédiction, mais au prix d’un sacrifice. Le sang de l’élu fera sauter les chaînes."

La vérité éclata soudainement dans son esprit. Il n’y avait qu’une seule façon de briser ce pacte. Un seul d’entre eux pourrait s’en sortir, mais il fallait qu’un sacrifice soit fait.

"Éloïse…" murmura Léo, le visage pâle, "Tu ne vas pas…"

Elle le coupa d'un geste de la main. "Je suis l’aînée. C’est moi qui suis destinée à briser cela."

Les ombres dans la pièce commencèrent à bouger, se contorsionnant comme des spectres affamés, attendant leur part du sacrifice. Les voix, faibles au début, se firent de plus en plus fortes, des murmures de souffrance et de douleur, les voix des âmes perdues du manoir. "Tu dois choisir, Éloïse… Choisir ton sacrifice."

Un bruit de pas lourds résonna derrière eux. L’air se refroidit brusquement. Une silhouette encapuchonnée apparut dans l’encadrement de la porte. C’était l’entité qui les avait suivis depuis le début, la forme déformée qu’ils avaient vue dans le miroir. La présence qui les observait depuis toujours.

"Le moment est venu," dit la voix, résonnant dans la salle comme un écho. "Choisissez le sacrifice, ou tout sera perdu."

Éloïse, sans hésiter, se tourna vers ses frères, un regard déterminé dans les yeux. "Je vais sauver ce que je peux, mais vous devez me promettre de continuer à vivre. Ne laissez pas la peur vous définir."

Les ombres se tendirent, et l’air sembla vibrer autour d’elle. L’Élu avait été choisi.

Le sacrifice de l’une d’elles permettrait de briser le pacte. Mais Éloïse n’était pas prête à laisser ses frères mourir dans cette folie. Et elle savait ce qu’elle devait faire.

Une dernière fois, elle se tourna vers Léo et Jules, les yeux remplis de larmes et de détermination.

"Je vous aime."

Et, dans un éclat de lumière, elle fit face aux ténèbres qui les entouraient, brisant le cercle et libérant les âmes emprisonnées. Mais, à un prix que seul l’amour fraternel pouvait comprendre.

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