Calendrier de l'avent. Jour 1, Alvar

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E. Y

J' avais astiqué ma motoneige, mes rennes piaffaient d'impatience, mes malamutes et mes huskys hurlaient à la lune, tout ce beau monde en avait assez, ils attendaient.

Elle était partout, en Russie voisine, en Europe de l'Ouest, dans le sud de l'Allemagne, en Turquie, dans certains coins, elle provoquait des carambolages et des coupures d'électricité, ici niet, comme dirait l'encombrant voisin. Pas un Markka, euh ! On disait euro maintenant !

Bref ! elle n'était pas là, nul ne savait quand il allait commencer à neiger, c'était la faute du réchauffement climatique, disaient les scientifiques...

En attendant, je me marrais à les voir évoluer, visible à des kilomètres dans leur déguisement blanc éclatant sur un sol gris. Les militaires de l'Europe entière venaient faire joujou à la frontière. Ah ! On serait bien protégés en cas d'invasion des Russes,tiens !

Je les fuyais maintenant ces matamores qui n'avaient inventé ni l'eau chaude ni le fil à couper le beurre. Eux et leurs gradés qui se prenaient pour des héros de l'antiquité grecque. Ils n'étaient pas méchants, au fond, mais j' avais toujours gardé un petit fond antimilitariste. Ça datait du temps béni de ma jeunesse, étudiant à Montpellier, j' avais suivi une jeune brune volcanique dans l'aventure du Larzac, j'y avais récolté des coups de matraque et une interdiction de finir mes études en France. Ce n'avait pas été grave à l'époque je m'étais vite consolé avec une beauté aux cheveux couleur de blé et aux yeux d'un bleu profond. Une Allemande que j'avais rencontrée en Italie où j' avais dû fuir. J' avais gardé la dent dure, depuis cela, pour tout ce qui portait un uniforme.

Ils n'étaient pas biens méchants, au fond, ces terribles guerriers qui protégeaient l'intégrité du sol européen, mais ils effrayaient la faune locale, lemmings, lagopèdes, renards, loups, ours et lynx avaient fui le secteur depuis qu'ils y patrouillaient.

j' avais déplacé mon campement au sud, au bord de la mer, qui était encore libre de glace à cette époque. Plus pour longtemps, diraient certains. Mais j' en doutais, je m'y étais encore baigné la semaine dernière avec des amis venus de France. Des Bretons venus faire de la plongée sous glace et qui s'étaient contentés, déçus, de barboter dans une eau qu'ils avaient trouvée fraiche et revigorante.

Je me contentais de pêcher et de chasser en cette période, ma longue pelisse rouge bordée de blanc, me tenait trop chaud, je l'avais pendu à un clou, mes bottes doublées je les avais tronquées pour une bonne paire de chaussures de randonée, plus pratique pour la marche sur un sol herbeux.

Je lissais ma longue barbe fournie avec amour et me mirait dans la glace, j' étais encore pas mal pour mes soixante printemps. J' en avais fait chavirer des coeurs, polisson, va ! Je tournais sur moi-même, mes muscles saillaient là où il fallait, c'était très bien ! Oh, j' avais parlé trop vite, je prenais un peu de ventre, je pinçais avec une moue dégoutée ces bourrelets disgracieux. Il me faudra pousser un peu la fonte dans les prochains jours, si je voulais faire sauter sur mes genoux les jolies touristes venues du sud de l'Europe, il me faudra entretenir mon beau corps d'athlète. Père Noël ou pas, je n'en étais pas moins homme.

Je répondis enfin à la longue lettre que m'avait adressée une admiratrice française, à sa prose, j' avais deviné que la gamine n'en était plus une depuis un moment déjà. Habituellement, c'était mon secrétariat qui s'occupait des réponses, mais lorsque je suspectais que la petite fille puisse être une femme un brin coquine je demandais à la secrétaire en chef qui était madame Noël de pouvoir répondre. Oh ! je devais ruser bien entendu, car madame connaissait mes penchants pour les jeunes femmes, elle se méfiait.

La petite fille avait demandé entre autres une paire de menottes ornées de fourrure rose...

Mais, un truc choquait, un je ne sais quoi ! Oui ! c'était une veille lettre, suis-je étourdi ! Il me faudrat passer la main un jour, mais Marie-Noëlle, n'a pas l'air d'être préssée de tomber d'une cheminée. Du coup, pourquoi cette Chloé m'interesse t'elle autant ? je ne sais, je suis juste inquiet, je n'ai toujours pas reçu sa lettre cette année.

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