9 Décembre Alvar
E.Y
Quelque chose ne va pas, je le sens, je le sais. Depuis qu'elle est là, je le vois bien, elle fait comme si tout allait bien que la vie était de la confiture de fraise, et le futur un bon gros morceau de tarte aux pommes...( La même recette que dans la petite maison de la prairie.) Tiens ma fille, tu es triste, un gros morceau de tarte cuite au four avec un gros bord et plein de beurre.
Mais non, j'ai envie de lui hurler dessus, de la secouer, de lui dire, vide donc ton sac, aprés tu iras mieux. Mais depuis sa descente d'avion j'ai décidé de la laisser parler, d'attendre, même si ça me coûte. Le moment où elle va s'écrouler, car elle va s'écrouler, c'est une certitude, je serais là. Si ce n’est pas moi a ce moment là, ce sera ma femme, ma fille... Comment peut-on tenir ainsi ? Même avec une grande maitrise se soi et une grande dose de pudeur on ne peut tenir bien longtemps.
Oui va-y ma filleule ! Fais comme si tu allais bien. Tu crois que je ne les vois pas tes yeux cernés, que tu as maquillés à la va-vite.
Oui c'est une bonne idée qu'elle a eu Marie Noëlle ( la jeune) de te proposer de sortir entre filles. Ça ne te fera surement pas de mal. Je le vois bien qu'il la faudra la vider cette bile qui te pourrit le corps, que tu refuses à faire sortir.
L'alcool, il n'y a rien de mieux pour désinhiber les sentiments... Et je sais que ma fille sera là pour te prendre sur ton épaule, quand tu vas t'écrouler, car tu vas forcément finir par le faire.
Ah oui ! Je m'en souviens comme si c'était hier de cette lettre que j'ai eue dans les mains il y a peu; tu n'avais plus dix ans depuis longtemps, mais tu en avais 22, tu confonds, les dates, as dix ans tu voulais une paire de menottes sans la fourrure rose, tu te rêvais déjà policière.
Était-ce pour rechercher ta maman ?
La aussi, toi et ton père vous avez forcé mon respect. Je vous voyais souffrir, tous les deux, vous n'en aviez jamais rien montré. Dans le contrôle et la pudeur, vous deux ensemble vous êtes des champions.
Le pire dans tout ça, c'est que j'ai toujours su ou elle s'était barrée ta mère. Trop triste, trop fière pour regretter son geste, son coup de tête, ton père aussi je sais qu'il savait, oh oui ! Il en a souffert, mais sois disant pour ton bien... Il a préféré faire comme si !
Et moi ?
Je n'étais qu'un spectateur, j'aurais sans doute dû le prendre par le bras, lui dire :
- Tu te trompes !
Mais de quel droit irais-je dû faire ça, c'était son choix, le choix d'un homme enfermé dans son chagrin comme dans une citadelle. Tu n'as jamais manqué de rien ma filleule, tout l'amour que ta mère ne t'a pas donné, lui te l'a apporté au centuple, qu'avais-je à dire...
Bon ce n'est pas tout ça, mais j'ai un avion à prendre
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