16 Décembre, Chloé.

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A.R

Je me suis réveillée avec une terrible envie de m’évader, de prendre l’air et de le faire seule. Marie Noëlle mère m’a conseillé de me rendre dans les alentours d’Inari, pour découvrir la culture traditionnelle lapone. Le territoire d’Inari-Saariselkä abrite deux des plus grands parcs nationaux de Finlande. Quand j’ai vu les clichés dans l’album de famille, je n’ai pu résister à l’appel du grand voyage. Pour l’occasion, j’emprunte la voiture de Joël, prépare un sac à dos pour deux jours. Après les recommandations d’usage des uns et des autres, je prends la route pour mon expédition. Les premiers kilomètres défilent tout en révélant des paysages à couper le souffle. Plus je m’enfonce dans les terres, plus je me sens légère. La fine pellicule de poudreuse du départ cédé la place à tas plus importants, pas de risque sur les chemins, la voiture à tous les équipements nécessaires.

Depuis mon arrivée, je n’ai pas eu le temps de me morfondre ou de laisser mes pensées divaguer dans les méandres de mes angoisses. Dans cette terre sauvage, j’apprends à faire la part des choses, à ouvrir les yeux, à ne pas rester dans mon coin à me morfondre. Je suis une acharnée du boulot, chaque enquête est un puits sans fond où je me noie jour après jour. Depuis un an, je travaille sans relâche à la recherche du moindre indice qui me permettrait de trouver la piste de ce patron de la drogue qui gangrène Paris. Pas un instant, j’ai pris la peine de souffler pour dire d’avoir les idées claires.

Le jour où nous aurions pu mettre la main sur cette crapule, trop aveuglé par notre volonté de le coffrer, nous sommes tombés dans le piège qu’il nous avait tendu. Dans cet entrepôt, tout est allé si vite. J’étais dans son viseur, j’entends encore la détonation de l’arme dans mes cauchemars et puis le silence. William m’a sauvé la vie, le grand chef a profité de la confusion pour s’enfuir, croyant nous avoir éliminé tous les deux. Des sirènes m’ont extirpée de ma léthargie et les pompiers ont retiré mes mains du corps glacé de mon coéquipier. Puis les images sont confuses, j’entends la voix du commissaire dans le lointain, ses questions en pointillé. Quand je me suis réveillée, j’étais assise dans un fauteuil à l'hôpital, les monitorings bipaient.

Je gare la voiture, attrape mon sac. Le mont Otsamo qui surplombe le village du haut de ces quatre cent dix huit mètres sera le lieu idéal pour la randonnée. Équipée de raquettes aux pieds, je débute son ascension, cet effort me permettra de me vider la tête et le corps. Mes premières foulées sont prudentes, le temps de m’habituer au matériel puis j'accélère pour ne pas perdre un instant. Chaque pas est un soulagement, les battements de mon cœur martèlent plus vivement ma poitrine, je me sens vivante. L’air frais s’engouffre dans mes poumons, une bouffée d’oxygène que j’avale avec joie. Mes muscles se contractent à chacune de mes enjambées. Arrivée au sommet, un “Waouh”s’échappe de mes lèvres. La vue sur les lacs Inarijärvi et Muddusjärvi, la rivière Jutarnji ainsi que les collines Muotka Tunturi et Joan Kielinen est merveilleuse. Mon regard se perd dans l’immensité sauvage. J’attrape mon téléphone pour immortaliser le paysage. Garder une trace de mon passage. Un pont suspendu s'ouvre dans l’horizon pour me guider dans ce monde onirique d’Inari.

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