18 Décembre. Chloé.

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A.R

Du cauchemar au rêve, la frontière est si mince. D'un sommeil agité et malmené, je me suis retrouvée à errer entre deux mondes distincts. Coincée entre frissons et bouffées de chaleur, mon corps me lance des signaux. Ai-je des poussées de fièvres ? Au beau milieu de la nuit, les sueurs froides m'extirpent de mon lit. Mes mains tremblent, mes dents claquent, mon pouls s'emballe. Je repousse la couette pour sortir de mon cocon afin de me reconnecter au monde des vivants. Le halo de la lune, à travers les volets, m’apporte un réconfort passager. Les images dans mon esprit endormi semblaient si réelles.

Je me redresse, pose mes pieds nus sur le plancher glacé, le froid remonte le long de mes mollets, une aubaine, je suis totalement réveillée. Mon reflet dans le miroir me tétanise, les cernes sous mes yeux ont été creusées par une avalanche de larmes. Chloé, tu dois te ressaisir, ne pas abandonner l'idée que William s'en sortira indemne, songé-je en aspergeant mon visage. J'ai tant de choses à lui avouer. Ce terrible accident m’a fait prendre conscience de son importance dans ma vie.

Je resserre mes mains sur le lavabo et songe aux bienfaits procuré par un sauna. En ces terres de mystères, j’ai découvert qu’il y avait autant de cabines chaudes que d'habitants. Cet art ancestral accompagne leur quotidien. Le lieu sera approprié pour me remettre les idées à l'endroit. Il est grand temps que je me ressaisisse. Regarde-toi, tes yeux, marqués, repousserait le plus charmant des princes, grimacé-je. Oh miroir, mon beau miroir, dis-moi qu’il n’est pas trop tard. Enfin si le beau gosse a une préférence pour Blanche Neige, dans ce cas-là, j’ai toutes mes chances, au vu de mon teint de porcelaine.

Pour commencer, je dois suivre le rituel et filer me glisser sous une douche. Le filet d’eau tiède s'étale sur mes courbes et les enveloppe d’une fine pellicule. L'avantage d'être seule dans le chalet, circuler dans ma tenue d’Ève, m’offre une vraie liberté des sens. L’air frais se faufile sur ma peau pour la stimuler. J’ouvre la porte de la cabine, la vapeur me happe et me drape de sa délicate brume. Je profite de l'instant pour gratifier mes pensées de la possibilité de s’envoler. Je savoure le moment, pour rester en paix avec mon esprit. Dans ce nuage, je dépose mes peurs, les volutes emportent mes angoisses profondes. Tous mes muscles se détendent à chacun de mes soupirs, mon corps relâche les tensions accumulées au cours des deux derniers mois dès que j’expire.

Les yeux clos, je songe aux mains de William effleurant mes cuisses, un frisson remonte le long de mes reins. Par mimétisme, je suis le chemin imaginaire tracé par mon désir naissant. Un lien invisible se tisse, je peux sentir sa présence à mes côtés. Suis-je à nouveau en train de rêver ? Une douce chaleur me saisit, je voudrais être dans ses bras juste une nuit.

**

Au fond de son lit, William songe aux voluptueuses formes de sa partenaire joliment tracées par son jean slim. Combien de fois a-t-il songé à retirer ce morceau tissu pour découvrir le velours de sa peau ? Cloué dans ce lit, il se morfond. Pourquoi l’ont-ils emmené en Laponie ? Le père de Chloé, le fameux Alvar sorti de nul part et sa chirurgienne Élodie n’ont voulu rien dire. D’après eux, sur les terres lapones, loin de la France, il pourrait recharger les batteries. Il en avait assez de dépendre de qui que ce soit, pour l’heure ce qui l’importait retrouver sa fleur et la voir s’épanouir dans ses bras.

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