E.Y

Et que j'en vois un chantonner le fils du père fouettard... C'est une histoire sérieuse, non d'un Renne !

J-2

Les bêtes étaient fébriles, les gens étaient nerveux, le moment tant attendu arrivait à grands pas, dans bien des maisons les parents disaient à leur enfants :

• Encore deux dodos, restez bien sage si vous voulez être récompensés !

Tu parles si ça les calmait, les enfants partout sur la planétes étaient exités comme des puces, le mauvais temps qui sévissait sur une grande partie de l'émisphére nord, n'arrangeait rien à la chose, Les gamins, contraints à rester au coin du feu, rongeaient leur frein. Les plus matamores d'entres eux se lançaient des défis :

• Chiche, on ne dort pas la nuit du 24 au 25, on fait semblant de dormir et quand les parents seront couchés, on se lévera sans faire de bruit, on le surprendra le gros barbu qu'on voit jamais, il sera surpris de nous voir. il le comprendra que nous sommes des grands maintenant.

Mais vous le savez bien, matamores ou pas, tous les enfants dormirons la nuit du 24 au 25, car c'est ça aussi le magie de Noël, les yeux se fermeront, les paupiéres se feront lourdes, le marchand de sable passera dans toutes les maisons le soir du 24, ça ne se passait jamais autrement.

Mais en ce moment Alvar était inquiet, il n'y avait pourtant pas de quoi s'inquieter, les bêtes étaient en forme, les corps d'athlétes du pére et de la filles merveilleusement affutés...

Alors quoi... mais oui, il lui en avait parlé, il le savait lui, il n'en parlerait pas, il n'en parlerait plus, il savait qu'elle le prendrait mal, alors il devra se faire violence et se taire.

Ho ! Elle n'était pas dupe Marie-Noëlle, elle le savait ce qu'il pensait son cabochard de paternel, ce n'était pas dur à deviner va, mais comme il n'abordait plus le sujet, elle se taisait elle aussi. Elle n'était pas inquiéte pourtant, elle savait que tout se passerait bien, que les choses continuerons comme avant, qu'une femme, même seule, même sans le ventre et la barbe blanche fera l'affaire.

On est plus au Moyen-age, que diable ! Hommes et Femmes sont égaux désormais, d'ailleurs ne devrait on pas dire, Femmes, Hommes plutôt et égales d'ailleurs !

Même le pape un jour pourra être une femme, alors un mère Noël à la tête de la plus grande tournée de tous les temps, bien entendu qu'elle arrivera à gerer seule, sans le papounet rétrograde et dépassé qui serait bien mieux sur une plage de sable blond à se dorer la pilule.

Mais le vieux grincheux rétrograde et dépassé souriait maintenant, il savait, il la connaissait par coeur cette nuit magique, il savait tout pouvait se passer, tout, même l'improblable, surtout l'improblable. Entre le 24 et le 25 décembre tout était possible, ne jurez pas, vous perdriez.

C'est ça la magie de Noël, ce n'est pas le vieil Alvar qui dira le contraire.

Alors, juste avant de faire courir les rennes, pour le seul plaisir de les voirs courir, il serre sa grande fille et embrasse ses boucles blondes, comme autrefois lorsqu'elle était encore une enfant. Elle pensera ce qu'elle voudra, qu'il est sénile, bon pour la casse. C'est ça la magie de Noël, l'amour qui balai tout, qui unit, qui rend heureux, l'amour entre un pére et sa fille bien entendu, mais aussi l'amour avec un grand A, l'amour qui frappe n'importe où, n'importe comment, n'importe qui, n'importe quand.

Comme chanterait le vieux Michel :

Elle court, elle court, la maladie d'amour

elle chante, elle chante la riviére insolente

Alors ne pariez pas, ne pariez rien, vous perdriez !