Chapitre 6 : Quand les Esprits Tordus S'en Mêlent
Je vais être honnête avec vous : si j’avais su ce que nous allions affronter dans ce chapitre de notre aventure, je me serais retourné immédiatement, aurais cherché un endroit sûr pour méditer sur mes erreurs de vie, et laissé quelqu’un d’autre s’occuper de sauver l’univers. Mais, comme toujours, le destin en avait décidé autrement.
Nous avions à peine quitté les ombres oppressantes de la forêt que nous nous retrouvâmes face à une autre étendue mystérieuse. Devant nous s’étendait une vallée bizarrement lumineuse, où des pierres flottantes tournoyaient dans les airs, défiant toutes les lois de la gravité. Le ciel, parsemé de teintes roses et violettes, ressemblait à une peinture psychédélique réalisée par un dieu qui aurait pris un peu trop de nectar divin.
— « Bienvenue dans la Vallée des Reflets Tordus, » annonça Elara, sa voix tremblant d’une pointe de nervosité.
Je haussai un sourcil. « Génial, parce qu’on n’en a pas eu assez avec la forêt de murmures ou les flammes éternelles. À ton avis, qu’est-ce qui va nous attaquer ici ? »
Elara hésita, le regard fixé sur l’étrange paysage. Elle pointa un doigt vers une sorte de lac scintillant au loin.
— « Le Gardien de ce lieu se trouve probablement là-bas. Mais d’après les récits que j’ai lus… ce n’est pas un lieu ordinaire. Cédriciel, prépare-toi à affronter… toi-même. »
— « Moi-même ? » demandai-je, un peu trop fort. « Genre mon double maléfique ? Ou pire, mon double qui raconte de mauvaises blagues ? »
Elara ne répondit pas, mais son silence n’était pas très rassurant. Avec un soupir, je la suivis, sautant de pierre flottante en pierre flottante pour traverser la vallée. Chaque saut m’emplissait d’un étrange vertige, comme si l’air lui-même était imprégné d’une magie distordue.
C’est alors que je remarquai quelque chose d’inhabituel — enfin, plus inhabituel que des pierres flottantes et un ciel digne d’un tableau impressionniste. Mon reflet dans les pierres lisses. Il ne faisait pas ce que je faisais.
— « Euh, Elara ? » appelai-je. « On a un problème. »
Elle se retourna, les sourcils froncés. « Qu’est-ce qu’il y a ? »
Je pointai la surface réfléchissante d’une pierre proche. Mon reflet y était, mais au lieu de m’observer avec curiosité ou confusion, il m’adressait un sourire narquois, un peu trop confiant à mon goût. Puis, sans prévenir, il me fit un signe de la main… et disparut.
— « C’est jamais bon, » murmurai-je.
Elara n’eut pas le temps de répondre. Un éclat de lumière jaillit soudainement du lac au loin, illuminant la vallée d’une lueur aveuglante. Quand je rouvris les yeux, mon double — mon autre moi — se tenait devant nous, mais ce n’était pas exactement moi.
Il avait mes ailes, mais elles étaient noires, déchirées, comme si elles avaient été brûlées. Ses yeux luisaient d’un rouge étrange, et son sourire suffisant me donnait l’envie irrésistible de lui mettre mon poing dans la figure.
— « Bonsoir, Cédriciel, » dit-il d’une voix qui ressemblait étrangement à la mienne, mais plus froide, plus coupante. « Je suppose que tu ne m’attendais pas. »
— « Oh, génial. Mon double maléfique, » dis-je en croisant les bras. « Il fallait bien que ça arrive un jour. »
— « Maléfique ? Non, non, non. Je ne suis pas maléfique, » répondit-il en inclinant la tête. « Je suis juste… toi. Le vrai toi. Celui que tu refuses d’accepter. »
Je jetai un coup d’œil à Elara, espérant qu’elle aurait une explication. Mais elle semblait tout aussi confuse, bien qu’elle tenait la Couronne de Lumen prête à réagir.
— « Super. Écoute, je suis un peu pressé, donc si tu veux te battre, vas-y. Mais fais vite. »
Mon double éclata de rire, un rire qui résonna dans toute la vallée. Les reflets des pierres autour de nous se mirent à bouger, prenant peu à peu des formes familières. Pas seulement moi, mais des figures de mon passé. Des anges du Royaume céleste, des souvenirs que j’avais enfouis, et des visages qui me regardaient avec une étrange mélancolie.
— « Tu ne comprends pas encore, n’est-ce pas ? » continua mon double. « Ce n’est pas moi que tu dois combattre. C’est toi-même. »
Et avant que je ne puisse réagir, il disparut, se fondant dans l’éclat du lac.
Ce qui suivit fut encore pire. Les reflets des pierres se mirent à former une spirale autour de nous, leurs voix me bombardant de reproches et de doutes.
— « Pourquoi as-tu quitté le Royaume céleste ? »
— « Tu n’es qu’un imposteur. »
— « Tes compagnons méritent mieux que toi. »
— « Hé, stop ! » criai-je en levant les mains. « Vous pouvez arrêter avec le discours culpabilisant ? J’ai eu assez de ça dans le Labyrinthe des Ombres. »
Mais les voix ne s’arrêtèrent pas. Elles semblaient s’infiltrer directement dans mon esprit, me forçant à revivre des souvenirs que j’aurais préféré oublier. Mon échec à protéger un autre ange lors d’une bataille. Mon départ du Royaume céleste. Les regards accusateurs de ceux que j’avais laissés derrière.
Elara intervint enfin, brandissant la Couronne de Lumen. Une vague de lumière jaillit d’elle, repoussant les reflets tordus pendant un instant.
— « Cédriciel, concentre-toi ! Ce n’est pas réel. Ce sont des illusions créées par cette vallée pour te déstabiliser. »
Je respirai profondément, m’accrochant à ses paroles. Elle avait raison. Ce n’était pas réel. Enfin, techniquement, si, c’était réel, mais ce n’étaient que des échos de mon passé, pas des vérités absolues.
Je fermai les yeux, essayant de calmer mon esprit. Les voix se firent plus faibles, et les reflets commencèrent à se dissiper. Quand je les rouvris, la vallée avait retrouvé son calme étrange.
Mais je savais que ce n’était pas fini.
Alors que nous approchions du lac, une autre figure apparut. Ce n’était pas mon double cette fois, mais un être humanoïde dont le corps entier semblait fait d’eau scintillante. Ses traits changeaient constamment, comme si sa forme reflétait tous ceux qui l’observaient.
— « Vous avez surmonté les premières épreuves, » dit-il d’une voix calme mais puissante. « Mais pour traverser la Vallée des Reflets Tordus, vous devez affronter la vérité ultime. Êtes-vous prêts à voir ce que vous êtes vraiment ? »
Je jetai un regard à Elara. Elle hocha la tête, l’expression grave mais déterminée.
— « Allons-y, » répondis-je. « Montrez-nous ce que vous avez. »
Le Gardien leva une main, et l’eau du lac s’éleva soudain, formant un vortex brillant qui semblait contenir des milliers de visages et de souvenirs. Puis, lentement, deux reflets distincts émergèrent du vortex.
L’un était Elara, mais elle semblait plus âgée, plus fatiguée, portant des cicatrices invisibles d’années de lutte. L’autre… c’était moi, mais un moi brisé, portant les chaînes de mon passé.
— « Ce sont vos véritables reflets, » dit le Gardien. « Pour traverser ce lieu, vous devez accepter ce que vous voyez. Embrassez vos faiblesses et vos erreurs. Ce n’est qu’alors que vous pourrez avancer. »
Le vortex tourbillonna autour de nous, et je sentis mon cœur se serrer.
Elara s’avança la première, fixant son reflet sans ciller. Elle murmura quelque chose que je ne pus entendre, puis posa la Couronne de Lumen contre son reflet. Une lumière intense jaillit, et son image disparut. Elle se tourna vers moi, un sourire faible mais sincère.
— « À toi, Cédriciel. »
Je déglutis, avançant lentement vers mon propre reflet. Il me regardait avec une intensité troublante, comme s’il attendait que je fasse le premier pas.
Et alors, face à cette version de moi-même, je réalisai que je n’avais plus d’excuses. Tout au long de notre périple, j’avais évité de réfléchir à ce qui m’avait conduit ici. J’avais repoussé mes doutes, masqué mes peurs derrière de l’humour et des décisions impulsives. Mais ce double brisé, enchaîné par des souvenirs et des erreurs, n’était pas seulement une illusion. C’était une part de moi que j’avais ignorée depuis trop longtemps.
— « Tu ne peux pas m’éviter éternellement, » dit-il, sa voix rauque mais étrangement douce. « Chaque décision que tu as prise t’a mené ici. Chaque échec que tu refuses d’accepter continue de te tirer vers le bas. »
Je respirai profondément, sentant la magie du lieu peser sur mes épaules. Ce n’était pas un combat physique. Je ne pouvais pas juste frapper ce reflet et espérer qu’il disparaisse. Non, je devais l’affronter autrement.
— « Tu sais quoi ? » répondis-je, croisant les bras. « Tu as raison. J’ai fait des erreurs. J’ai échoué. Mais est-ce que ça fait de moi quelqu’un de mauvais ? Non. Ça fait de moi quelqu’un d’humain. Enfin… d’ange humain, ou peu importe ce que je suis maintenant. »
Le reflet plissa les yeux, comme s’il n’attendait pas cette réponse. Mais il ne disparut pas. Au contraire, il sembla grandir, ses chaînes cliquetant bruyamment.
— « Et pourtant, tu continues de fuir. Tu fuis ton passé. Tu fuis les responsabilités du Royaume céleste. Tu fuis… ton rôle. »
Ces derniers mots frappèrent juste, comme un coup de poignard. Je savais exactement de quoi il parlait : ce rôle que j’avais fui depuis mon départ, ces attentes que j’avais brisées en quittant ma place parmi les anges. Pendant un instant, je voulus nier tout cela, mais à quoi bon ? Ce reflet ne partirait pas tant que je ne serais pas honnête.
— « D’accord, je l’admets, » dis-je en relâchant un soupir. « J’ai fui parce que je ne me sentais pas assez fort. Parce que j’avais peur d’échouer encore et encore, et que les autres finiraient par souffrir à cause de moi. »
Le reflet me fixa, immobile, tandis que les chaînes autour de lui commençaient à se détendre légèrement. Je continuai, ma voix plus ferme.
— « Mais tu sais quoi ? Ça suffit. Oui, j’ai échoué. Oui, j’ai peur. Mais je ne vais pas laisser ça me définir. Je suis ici parce que je veux protéger Elara, sauver les mondes, et, qui sait, peut-être trouver un peu de rédemption en cours de route. »
Un éclat lumineux traversa le reflet. Les chaînes se brisèrent une à une, tombant dans un bruit sourd. Puis, dans un mouvement fluide, il s’approcha de moi, tendant une main.
— « Alors prouve-le, » murmura-t-il.
Je tendis la main à mon tour, et dès que nos doigts se touchèrent, une lumière aveuglante jaillit autour de nous. Ce fut comme si une partie de moi-même s’était réintégrée, remplissant un vide que je n’avais pas remarqué avant cet instant. La douleur, la peur, tout sembla s’apaiser. Le reflet disparut dans la lumière, et quand celle-ci s’éteignit, je me tenais seul devant le lac, Elara à mes côtés.
— « Tu l’as fait, » murmura Elara, un sourire sincère illuminant son visage.
Avant que je puisse répondre, le Gardien des Reflets réapparut. Il nous regarda tous les deux avec une expression indéchiffrable, ses traits changeant toujours dans une danse hypnotique.
— « Vous avez affronté vos vérités et embrassé vos ombres, » déclara-t-il. « Peu d’êtres, mortels ou immortels, peuvent prétendre à un tel courage. Vous avez prouvé que vous êtes dignes de continuer. »
Il leva une main, et le vortex au-dessus du lac se referma en une sphère lumineuse. Celle-ci vola vers Elara, s’intégrant dans la Couronne de Lumen qui brilla encore plus fort.
— « C’est fait, » dit Elara en observant la couronne. « Une autre épreuve surmontée. »
Le Gardien hocha la tête, mais son expression devint plus grave.
— « Mais soyez prévenus. Ce qui vous attend au-delà de la Vallée des Reflets Tordus mettra à l’épreuve non seulement vos cœurs, mais aussi vos âmes. Préparez-vous, car l’ultime vérité ne pardonne jamais. »
Et sur ces mots énigmatiques, il disparut dans une vague d’eau scintillante.
Nous quittâmes la vallée, la lumière de la Couronne illuminant notre chemin. Chaque pas me semblait plus léger, comme si j’avais laissé une partie de mon fardeau derrière moi. Mais les paroles du Gardien résonnaient encore dans ma tête. L’ultime vérité ? Qu’est-ce que cela signifiait ?
Elara marcha à mes côtés en silence, mais je savais qu’elle réfléchissait elle aussi à tout ce que nous venions de traverser. Finalement, elle brisa le silence.
— « Ce reflet de toi… il disait que tu fuyais. Est-ce vrai ? »
Je réfléchis un instant avant de répondre.
— « Oui. » Je ne voulais pas mentir, pas après ce que nous venions de vivre. « Mais pas cette fois. Je suis là. Avec toi. Et je vais me battre jusqu’au bout. »
Elle me regarda, et pour la première fois depuis longtemps, je vis une étincelle de confiance dans ses yeux. Elle hocha la tête.
— « Alors, continuons. »
Nous marchâmes vers l’horizon, laissant derrière nous la Vallée des Reflets Tordus. Ce qui nous attendait encore ? Je n’en avais aucune idée. Mais pour la première fois depuis le début de cette aventure, je me sentais prêt à affronter ce qui viendrait.
Nous continuâmes à marcher en silence, la lumière vacillante de la Couronne de Lumen guidant nos pas. La Vallée des Reflets Tordus était derrière nous, mais son empreinte persistait dans mon esprit. Chaque battement de mes ailes, chaque bruissement de nos pas sur les pierres irrégulières me ramenait à cette confrontation avec mon reflet — cette version de moi-même que je redoutais tant.
Mais il y avait autre chose maintenant, quelque chose de nouveau. Une légèreté étrange, comme si les chaînes invisibles que je traînais depuis des années s’étaient enfin brisées. Ce sentiment était grisant, mais aussi terrifiant. Parce qu’un poids absent laisse place à une question : qu’est-ce qui viendra le remplacer ?
Elara semblait perdue dans ses propres pensées, la Couronne scintillant doucement dans ses mains. Je savais qu’elle n’allait pas tarder à poser une question ou à faire une remarque philosophique, et comme de juste, elle finit par rompre le silence.
— « Pourquoi as-tu tant attendu avant de confronter cette partie de toi-même ? » demanda-t-elle, sans détourner les yeux de la route.
Je haussai les épaules, même si elle ne pouvait pas le voir. « Ce n’est pas évident de regarder ses propres failles en face, tu sais. On préfère les ignorer, les enterrer sous des montagnes de distractions et d’excuses. »
Elle hocha la tête lentement, comme si elle comprenait exactement ce que je voulais dire.
— « Et maintenant ? »
— « Maintenant… » Je cherchai mes mots, hésitant. « Maintenant, je suppose que je n’ai plus d’excuse pour fuir. J’ai accepté ce que je suis. Je ne sais pas encore où ça va me mener, mais je suis prêt. »
Elara tourna enfin la tête vers moi, un sourire ténu sur les lèvres. « C’est tout ce qu’on peut espérer, non ? »
Le Sentier des Échos
Notre conversation fut interrompue par un changement brutal dans le paysage. Là où le sol était encore jonché de pierres éparses et baigné d’une lumière irréelle, une brume dense commença à s’élever autour de nous. En quelques instants, elle nous enveloppa complètement, rendant le chemin presque invisible.
Je tendis la main pour attraper le bras d’Elara, craignant de la perdre dans cette mer de gris.
— « Qu’est-ce que c’est encore ? » grognai-je.
Elara plissa les yeux, scrutant la brume avec une concentration presque surnaturelle. « Une barrière, peut-être. Ou une transition. Ce genre de phénomène marque souvent une frontière entre deux domaines magiques. Reste près de moi. »
Je n’avais pas l’intention de la lâcher. La dernière chose dont j’avais besoin était de me perdre ici, seul avec mes pensées et, qui sait, d’autres reflets tordus prêts à m’assaillir.
Alors que nous avancions prudemment, des bruits étranges commencèrent à résonner autour de nous. Des murmures indistincts, des échos de voix lointaines. Certains semblaient familiers, d’autres complètement étrangers.
— « Cédriciel… »
Je m’arrêtai net. Ce n’était pas une voix au hasard. C’était celle de Liranel, un ange que j’avais autrefois juré de protéger, mais que j’avais perdu lors d’une bataille contre les hordes des Abysses.
— « Liranel ? » chuchotai-je, ma gorge se nouant.
Elara se tourna vers moi, alarmée. « Qu’est-ce qui se passe ? »
— « Tu n’as rien entendu ? »
Elle secoua la tête, mais avant qu’elle ne puisse répondre, la brume s’éclaircit légèrement, révélant une silhouette floue devant nous. Mon cœur rata un battement. C’était elle. Ses ailes blanches immaculées, ses cheveux argentés, et ce regard doux mais accusateur.
— « Pourquoi m’as-tu abandonnée ? » demanda-t-elle, sa voix tremblante mais ferme.
Je restai figé. Je savais que ce n’était pas réel, que ce n’était qu’une autre illusion comme celles de la Vallée des Reflets Tordus. Mais cela ne rendait pas la confrontation moins douloureuse.
— « Ce n’est pas toi, » murmurai-je, plus pour moi-même que pour elle.
— « Alors pourquoi ta culpabilité te ramène-t-elle toujours à moi ? »
Je fermai les yeux, serrant les poings. « Parce que je t’ai laissée tomber, et que je ne peux pas changer ça. Mais je peux faire mieux. Je peux être meilleur pour ceux qui comptent sur moi maintenant. »
Quand j’ouvris les yeux, la silhouette avait disparu, remplacée par un calme étrange dans la brume.
Elara posa une main rassurante sur mon épaule, mais elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit. Un grondement sourd résonna soudain, comme un orage lointain. La brume autour de nous se mit à tourbillonner violemment, et une forme massive émergea des ombres.
C’était un colosse, son corps fait de pierre et de métal, ses yeux brillant d’une lumière rouge intense. Sa voix résonna comme un tremblement de terre.
— « VOUS N’AVEZ PAS ÉTÉ INVITÉS. PARTEZ, OU FAITES FACE À LA DÉVASTATION. »
— « Devastation ? Sérieusement ? » dis-je en roulant des yeux. « Vous, les créatures magiques, avez vraiment un flair pour le dramatique. »
Elara, cependant, ne riait pas. Elle serra la Couronne de Lumen dans ses mains, préparant déjà un sort.
— « Ce n’est pas une simple barrière, Cédriciel. Il est là pour nous empêcher d’aller plus loin. »
— « Génial. Parce qu’on n’avait pas assez de problèmes. »
Le colosse leva un bras massif, prêt à écraser le sol où nous nous trouvions. Je déployai mes ailes, me jetant en avant pour attirer son attention pendant qu’Elara lançait un jet de lumière vers sa tête.
Le combat fut rapide, chaotique, et terrifiant. Le colosse était incroyablement puissant, chaque coup de son bras déclenchant des ondes de choc qui fissuraient le sol. Mais Elara et moi avions appris à travailler ensemble. Tandis que je l’attaquais de front, esquivant ses assauts massifs, Elara utilisait la Couronne pour frapper ses points faibles.
Finalement, avec un cri de rage et un dernier éclat de lumière, le colosse s’effondra dans un fracas assourdissant, ses morceaux se dispersant dans la brume.
Essoufflé, je me tournai vers Elara.
— « Eh bien, » dis-je entre deux respirations, « ça aurait pu être pire. »
Elle me lança un regard exaspéré, mais un sourire en coin éclairait son visage.
— « Cédriciel, un jour, tu apprendras à ne pas défier le destin avec ce genre de remarques. »
— « Peut-être. Mais pas aujourd’hui. »
Nous nous remîmes en route, le passage dégagé devant nous. Malgré les épreuves que nous venions de traverser, je sentais que ce n’était que le début. Les paroles du Gardien des Reflets résonnaient encore dans mon esprit, et quelque chose me disait que l’ultime vérité qu’il avait mentionnée était plus proche que jamais.
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