Chapitre 7 : Les Gardiens de la Sphère qui Déteste Qu’on Pose Trop de Questions

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Avançant au-delà des vestiges de notre dernier combat, Elara et moi débouchâmes sur un paysage que je qualifierais volontiers de "catalogue du bizarre". Imaginez une mer d’herbes violettes ondulant sous un ciel constellé d’éclairs dorés. Pas de nuages, juste un fond noir ponctué de lumières étranges. Des structures flottantes, ressemblant à des morceaux de citadelles en ruines, gravitaient lentement autour de nous, comme si la gravité s’amusait à n’en faire qu’à sa tête.

— « On est où, là ? » demandai-je en m’arrêtant pour scruter une arche massive suspendue à dix mètres au-dessus du sol.

Elara fit tourner la Couronne de Lumen entre ses mains, la lumière qu’elle diffusait dansait sur son visage concentré.

— « Si je devais deviner, » dit-elle lentement, « je dirais que nous avons atteint le Domaine des Sphères Astrales. »

Je plissai les yeux, essayant de ne pas paraître trop ignorant. « Les Sphères Astrales ? Comme dans des boules magiques géantes ? »

Elle me lança un regard fatigué, celui qui disait clairement Cédriciel, tu es impossible. Mais avant qu’elle ne puisse me répondre, un son résonna dans l’air, comme un gong céleste suivi d’un écho lointain.

Et soudain, une énorme sphère de lumière dorée apparut devant nous. Elle flottait à une dizaine de mètres du sol et pulsait lentement, comme un cœur géant. Des runes étranges brillaient à sa surface, et sa voix – si on peut appeler ça une voix – nous assaillit dans une vague de vibrations :

— « MORTELS ET ANGES, VOUS AVEZ PÉNÉTRÉ UN TERRITOIRE SACRÉ. POURQUOI ÊTES-VOUS ICI ? »

Elara, bien plus calme que moi face à une énorme boule de lumière qui parlait, fit un pas en avant.

— « Nous sommes ici pour restaurer l’équilibre des mondes. La Couronne de Lumen a besoin de passer vos épreuves pour atteindre sa pleine puissance. »

La sphère sembla hésiter, ses pulsations ralentissant légèrement.

— « SEULES LES ÂMES DIGNES PEUVENT S’APPROCHER DES MYSTÈRES DES SPHÈRES ASTR— »

— « Blablabla, » interrompis-je en levant les mains. « Oui, oui, on connaît le discours. Nous ne sommes pas dignes, bla bla, épreuves impossibles, bla bla, préparez-vous à mourir. On peut juste passer directement au moment où vous nous dites ce qu’on doit faire ? »

Elara me fusilla du regard, et pour une fois, je devais admettre que j’avais peut-être été un peu trop direct avec une entité cosmique.

La première épreuve : “Faites confiance aux apparences, ou pas”

La sphère ne semblait pas s’offenser. Au contraire, elle scintilla d’une lumière plus vive.

— « VOUS AVEZ DE L’AUDACE. NOUS VERRONS SI VOTRE ARROGANCE EST JUSTIFIÉE. »

Le sol sous nos pieds disparut. Oui, littéralement. Un instant, nous étions debout sur cette étrange plaine d’herbes violettes, et l’instant suivant, nous tombions dans un vide infini.

— « Elara ! » criai-je, tendant une main vers elle.

Elle me saisit juste à temps, et dans un éclair, la Couronne de Lumen émit une lumière intense, ralentissant notre chute. Nous atterrîmes en douceur sur un sol lisse, froid et noir, qui semblait absorber toute la lumière.

Autour de nous, des dizaines de portes apparurent, suspendues dans l’air. Chacune semblait différente : certaines en bois, d’autres en métal, d’autres encore ornées de runes ou de cristaux.

— « On dirait une salle d’attente pour architectes fous, » marmonnai-je.

La sphère réapparut au centre de la pièce.

— « TROIS PORTES CONDUISENT À LA LUMIÈRE. LES AUTRES À VOTRE PERTE. CHOISISSEZ. »

— « Et si on prend la mauvaise porte ? » demandai-je en croisant les bras.

— « VOUS NE LE SAUREZ PAS LONGTEMPS. »

Charmant.

Elara observa les portes, son expression grave.

— « Regarde bien, Cédriciel. Il doit y avoir un indice. Ces épreuves ne sont jamais de simples jeux de hasard. »

Je hochai la tête, mais franchement, j’avais beau examiner chaque porte, aucune ne semblait plus accueillante qu’une autre.

Puis je remarquai quelque chose. Une des portes – une vieille porte en bois presque pourrie – vibrait légèrement, comme si elle contenait une énergie retenue.

— « Celle-là, » dis-je en pointant du doigt.

Elara haussa un sourcil. « Tu en es sûr ? Elle a l’air… »

— « Totalement prête à s’écrouler, je sais. Mais parfois, ce qui semble le plus faible est en réalité le plus puissant. Non ? »

Elle hésita, mais finalement, elle hocha la tête.

— « Très bien. Mais si on finit piégés dans une dimension infernale, je te fais porter tout le blâme. »

La porte s’ouvrit sur un couloir de lumière, et nous avancions, prêts à tout. Ou du moins, c’est ce que je croyais, jusqu’à ce que nous tombions nez à nez avec ce qui ressemblait à un gigantesque labyrinthe rempli de pièges, de créatures gardiennes, et – bien sûr – de murs mouvants qui semblaient vouloir nous écraser.

— « Oh, génial, un labyrinthe, » grognai-je. « Comme si notre journée n’était pas déjà assez compliquée. »

Elara, toujours dans le mode "je suis l’adulte responsable ici", me lança un regard plein de détermination.

— « On n’a pas le choix. Allons-y. »

Nous progressâmes lentement, déjouant les pièges et affrontant des créatures faites d’ombres et de lumière. Chaque fois que je pensais que nous avions trouvé une sortie, le labyrinthe changeait, comme s’il se moquait de nous.

Finalement, nous atteignîmes ce qui semblait être le centre. Une autre sphère, plus petite mais tout aussi intimidante, attendait là.

— « VOUS AVEZ FAIT PREUVE DE PATIENCE ET DE PERSÉVÉRANCE. MAIS IL VOUS RESTE UNE DERNIÈRE ÉPREUVE. »

— « Bien sûr qu’il en reste une, » dis-je, déjà épuisé.

— « RÉPONDEZ À CETTE QUESTION : QUELLE EST LA VÉRITÉ QUE VOUS REFUSEZ DE VOIR ? »

Je restai figé. Ce genre de question philosophique n’était pas exactement ma spécialité.

Elara sembla réfléchir intensément. Puis elle parla, sa voix douce mais ferme.

— « La vérité que nous refusons de voir, c’est que nous avons toujours eu peur de ne pas être assez. Pas assez forts, pas assez sages, pas assez courageux. Mais en réalité, ce n’est pas ce manque qui nous définit. C’est notre capacité à continuer malgré nos failles. »

La sphère resta silencieuse un instant, puis brilla intensément.

— « VOUS AVEZ RÉPONDU CORRECTEMENT. CONTINUEZ VOTRE CHEMIN. »

Et juste comme ça, le labyrinthe disparut, et un portail s’ouvrit devant nous.

En franchissant le portail, nous retrouvâmes un paysage calme et paisible, avec un ciel dégagé et une douce lumière dorée. Pour la première fois depuis des jours, je sentis une lueur d’espoir.

— « Elara, » dis-je, un sourire se dessinant sur mes lèvres. « Je pense qu’on va y arriver. »

Elle me regarda, et cette fois, son sourire était franc.

— « Moi aussi, Cédriciel. Moi aussi. »

Mais dans mon esprit, les mots de la sphère résonnaient encore : la vérité que vous refusez de voir. Quelque chose me disait que cette question n’était pas encore tout à fait réglée.

Nous continuâmes à avancer à travers ce paysage paisible, bien qu’un étrange sentiment de tension m’alourdît l’estomac. Trop calme. Trop paisible. Quand on passe la moitié de sa vie à se battre contre des forces cosmiques, on apprend que le silence est rarement une bénédiction.

Elara semblait sentir la même chose, car elle garda la Couronne de Lumen prête dans ses mains. La lumière qu’elle émettait scintillait, dansant sur les herbes dorées autour de nous, mais Elara fronçait les sourcils, scrutant chaque ombre.

— « Ce n’est jamais aussi simple, n’est-ce pas ? » murmurai-je.

Elle secoua la tête. « Pas dans un domaine comme celui-ci. Ces épreuves testent non seulement notre force, mais aussi notre vigilance. Reste alerte. »

Facile à dire, mais mes pensées dérivaient déjà vers les paroles de la sphère. La vérité que vous refusez de voir. Super vague, merci beaucoup. Peut-être que l’énigme était résolue, peut-être que c’était un autre de ces messages mystérieux qui vous poursuivent jusqu’au dénouement final.

Alors que nous atteignions ce qui semblait être une clairière, je remarquai une structure étrange au loin. Une immense tour d’obsidienne s’élevait au centre du paysage, ses parois scintillant faiblement sous la lumière du ciel.

— « La prochaine étape, je suppose, » dis-je.

Elara hocha la tête. « Et probablement la dernière pour cette étape. Si c’est vraiment une tour astrale, elle contient un nexus d’énergie qui alimentera la Couronne. »

Je grimaçai. « Et combien d’épreuves mortelles entre nous et ce nexus, à ton avis ? »

Elle me lança un regard amusé. « Au moins trois. Peut-être quatre si on est malchanceux. »

Approcher la tour ne fut pas aussi simple que de marcher droit devant. Quand nous atteignîmes ses fondations, deux figures émergèrent de l’ombre comme des spectres. C’étaient des êtres massifs, leurs corps faits de pierre noire et de lumière blanche, un étrange mélange d’immobilité et de fluidité. Ils portaient des hallebardes qui crépitaient d’énergie.

— « IDENTIFIEZ-VOUS, » résonna leur voix, comme si deux montagnes s’étaient mises à parler en harmonie.

— « Oh, génial, des portiers cosmiques, » dis-je en soupirant. « Je suis Cédriciel, ange professionnellement sarcastique, et voici Elara, détentrice de la Couronne de Lumen. Nous sommes ici pour sauver l’univers. Vous pourriez nous laisser entrer ? »

Elara roula des yeux, mais je remarquai le coin de sa bouche se tordre légèrement en un sourire amusé.

Les gardiens ne bougèrent pas d’un pouce.

— « SEULS CEUX QUI SE SONT DÉMONTRÉS DIGNES PEUVENT ACCÉDER AU NEXUS. QUELLE EST VOTRE PREUVE ? »

— « Eh bien, » commençai-je, « nous venons de traverser une vallée remplie de cauchemars psychologiques, affronté une créature géante qui voulait nous écraser, et survécu à un labyrinthe plein de pièges mortels. Ça ne suffit pas ? »

— « VOUS DEVEZ FAIRE FACE À NOUS. SEULE LA VICTOIRE VOUS OUVRIRA LA VOIE. »

Évidemment. Je jetai un regard à Elara, qui haussa les épaules.

— « Au moins, ils sont honnêtes. Prépare-toi. »

Les gardiens attaquèrent sans avertissement. Le premier frappa avec une vitesse surprenante pour une créature aussi massive, balayant sa hallebarde en un arc qui fendit l’air avec un sifflement menaçant. Je me jetai sur le côté, esquivant de justesse, tandis qu’Elara éleva la Couronne de Lumen.

Une vague de lumière jaillit de la Couronne, frappant le deuxième gardien de plein fouet. L’énergie blanche sur son corps scintilla, mais il ne sembla pas affecté. Au contraire, il chargea vers elle, sa hallebarde brillant d’une lueur intense.

— « Elara, attention ! » criai-je, mais elle était déjà en mouvement.

Elle sauta en arrière, pivotant gracieusement pour esquiver le coup. Puis, utilisant la Couronne, elle lança un éclat de lumière concentré sur les jambes du gardien, cherchant à le déséquilibrer. Cela fonctionna. Le colosse chancela, créant une ouverture.

Pendant ce temps, j’étais aux prises avec le premier gardien. Ses mouvements étaient puissants mais prévisibles. Avec un peu de concentration (et beaucoup de chance), je parvins à éviter ses coups et à contre-attaquer avec des éclats d’énergie divine que je concentrai dans mes mains.

— « Ces gars-là sont coriaces ! » m’écriai-je en esquivant de justesse un coup vertical.

— « Concentre-toi sur leurs points faibles, » répondit Elara, comme si c’était la chose la plus évidente du monde.

Facile à dire pour quelqu’un avec une relique cosmique dans les mains. Mais elle avait raison. Après quelques échanges, je remarquai que les joints de leurs membres brillaient d’une lumière plus vive.

— « Bingo. »

Avec un cri, je concentrai toute mon énergie sur un coup ciblé à l’un de ces joints. La lumière explosa, et le bras du gardien se détacha dans un fracas assourdissant.

Elara, de son côté, acheva le deuxième gardien avec une attaque similaire, concentrant la lumière de la Couronne sur son torse jusqu’à ce que la créature s’effondre.

Les deux gardiens disparurent dans un éclat de lumière, et le silence retomba.

La porte de la tour s’ouvrit d’elle-même, révélant un escalier en colimaçon qui semblait monter à l’infini.

— « Bien sûr, une tour avec des escaliers sans fin, » dis-je, essuyant la sueur de mon front. « Pourquoi ne pas ajouter un ascenseur magique, tant qu’on y est ? »

Elara gloussa légèrement, un son rare mais agréable à entendre.

— « Allez, grimpons. Le nexus nous attend. »

Nous gravîmes les marches, le silence ponctué seulement par nos pas. Plus nous montions, plus la lumière de la Couronne semblait s’intensifier, comme si elle réagissait à l’énergie du lieu.

Quand nous atteignîmes enfin le sommet, une vaste salle circulaire s’ouvrit devant nous. Au centre, un orbe d’énergie pure flottait, pulsant d’une lumière dorée. C’était le nexus.

— « Voilà. » murmura Elara, avançant lentement.

Mais quelque chose n’allait pas. Une ombre se matérialisa derrière nous, et avant que je ne puisse réagir, une voix froide et tranchante résonna :

— « Vous avez bien joué, mais la lumière appartient à ceux qui savent la contrôler. »

Je me retournai, découvrant une silhouette encapuchonnée, une aura sombre et oppressante autour d’elle.

— « Sérieusement ? Un autre méchant qui débarque pile au mauvais moment ? » grognai-je.

Elara serra la Couronne, ses yeux flamboyant de détermination.

— « Prépare-toi, Cédriciel. Cette fois, c’est la vraie épreuve. »

La silhouette encapuchonnée avança lentement, ses pas résonnant dans la vaste salle comme des coups de tonnerre. Chaque mouvement semblait imprégner l’air d’une lourdeur oppressante. L’aura autour de lui crépitait, aspirant la lumière du nexus, qui perdit légèrement de son éclat.

— « Qui êtes-vous ? » lança Elara, tenant la Couronne fermement entre ses mains.

La silhouette laissa échapper un rire sec et menaçant. « Vous pouvez m’appeler le Voleur d’Ombre. Mon véritable nom n’a plus d’importance, mais sachez ceci : je suis ici pour prendre ce qui aurait dû m’appartenir depuis le début. Le nexus est à moi. »

Je haussai un sourcil. « Laisse-moi deviner. T’es un méchant frustré parce que tu penses que l’univers t’a volé ta chance de briller ? Sérieusement, est-ce que tous les méchants sortent du même moule dramatique ? »

Le Voleur d’Ombre tourna sa capuche vers moi. Même si je ne pouvais pas voir ses yeux, je sentis son regard perçant.

— « Et toi, petit ange sans but, qu’as-tu accompli jusqu’ici ? As-tu vraiment l’impression de mériter cette lumière ? »

Sa voix vibrait d’un pouvoir étrange, et les mots s’enfoncèrent dans mon esprit comme des éclats de glace. Pendant un instant, je doutai. Avais-je vraiment ma place ici ?

Elara m’interrompit en posant une main sur mon bras, me ramenant à la réalité.

— « Ignore-le, Cédriciel. Il joue avec nos esprits. »

Le Voleur d’Ombre éclata de rire. « Croyez-moi, vous aurez besoin de plus qu’une confiance vacillante pour me vaincre. »

Il leva une main, et soudain, des ombres surgirent des coins de la salle, prenant forme. Elles devinrent des créatures grotesques, des amalgames de griffes et de crocs.

Les créatures se jetèrent sur nous sans hésitation. Elara réagit en premier, levant la Couronne de Lumen, qui émit un éclat aveuglant. La lumière brûla les ombres, les réduisant à néant dans un cri strident.

— « Tu prends les petites bestioles, » me cria-t-elle, « je m’occupe de lui ! »

Avant que je ne puisse protester, elle s’élança vers le Voleur d’Ombre, brandissant la Couronne comme une arme divine.

— « Génial, » marmonnai-je en esquivant les griffes d’une créature qui avait décidé que je serais son goûter.

Concentrant mon énergie, je formai une lance de lumière dans ma main et la lançai directement sur une des créatures. Elle explosa en une pluie de cendres, mais trois autres prirent immédiatement sa place.

— « Oh, venez ! Donnez-moi une pause ! »

Pendant ce temps, Elara affrontait le Voleur d’Ombre dans un duel de lumière et de ténèbres. Chaque attaque qu’elle lançait était bloquée par un bouclier d’ombres. Mais elle ne reculait pas, enchaînant les assauts, cherchant une faille.

— « Tu crois que la lumière est plus forte que l’ombre ? » cracha le Voleur d’Ombre. « Tu ne comprends pas encore la vraie nature de l’équilibre cosmique. Il n’y a pas de lumière sans obscurité, et l’obscurité me nourrit ! »

Il tendit les bras, et l’énergie autour de lui s’intensifia, plongeant la salle dans une quasi-obscurité. Le nexus lui-même vacilla, sa lumière s’amenuisant.

Je me concentrai, puis utilisai l’énergie divine en moi pour projeter une onde lumineuse, repoussant temporairement les créatures. Mais le combat était loin d’être terminé.

— « Elara ! » criai-je. « Il sape le nexus ! Il faut l’arrêter maintenant ! »

Elara esquiva une rafale d’ombres avant de se retourner vers moi. « Je sais, mais il est trop protégé ! »

Elle se concentra, et la Couronne de Lumen brilla plus intensément. Mais au lieu de l’attaquer directement, elle lança un faisceau de lumière sur le nexus lui-même.

Le nexus réagit instantanément, absorbant la lumière de la Couronne et émettant une pulsation massive qui inonda la pièce. Les ombres reculèrent, et les créatures hurlèrent avant de disparaître.

Le Voleur d’Ombre tituba, comme s’il avait été frappé par la vague de lumière. Mais au lieu de s’effondrer, il sourit.

— « Vous avez réveillé le nexus, mais vous ne pouvez pas le contrôler. Pas encore. Regardez comme il s’emballe. »

Il avait raison. Le nexus brillait de manière instable, des éclairs dorés s’échappant de sa surface.

— « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demandai-je, inquiet.

Elara fronça les sourcils. « Je dois fusionner la Couronne avec le nexus pour stabiliser son pouvoir. Mais cela pourrait... cela pourrait me coûter cher. »

— « Non ! » dis-je immédiatement. « Il doit y avoir un autre moyen. »

Le Voleur d’Ombre éclata de rire. « Vous voyez ? Même la lumière exige un prix. Choisissez vite, avant que le nexus ne consume tout. »

Elara m’ignora et s’avança vers le nexus.

— « Je dois le faire, Cédriciel. C’est le seul moyen de terminer cette épreuve. Fais-moi confiance. »

— « Elara, attends ! » Mais elle leva la main, et avant que je ne puisse intervenir, elle plongea la Couronne dans le nexus.

Une lumière aveuglante emplit la salle, et je dus protéger mes yeux. Une onde de chaleur suivit, me repoussant en arrière.

Quand je rouvris les yeux, le nexus brillait d’une lumière stable et pure. Le Voleur d’Ombre avait disparu, apparemment consumé par l’explosion d’énergie.

Mais Elara...

Elle était toujours là, mais elle flottait au-dessus du sol, son corps entouré d’une aura dorée. Ses yeux brillaient de la même lumière que le nexus.

— « Elara ? » murmurai-je, terrifié.

Elle tourna lentement la tête vers moi, et sa voix, bien que douce, résonna avec une puissance surnaturelle.

— « Je vais bien, Cédriciel. Mais la Couronne et moi sommes maintenant liées au nexus. »

— « Ça veut dire quoi ? » demandai-je, luttant pour comprendre.

— « Cela veut dire que je ne pourrai peut-être pas quitter ce lieu. Pas tant que l’équilibre des mondes ne sera pas totalement restauré. »

— « Non. Non, il doit y avoir un moyen. »

Elle sourit tristement. « Tu devras continuer sans moi pour l’instant. Mais ne t’inquiète pas, je serai toujours avec toi. »

Avant que je ne puisse protester, la lumière autour d’elle s’intensifia, et elle disparut, absorbée dans le nexus.

Je restai seul dans la salle, le cœur lourd.

Un pas de plus vers la fin

Après un long moment, le nexus émit une douce pulsation, et une passerelle lumineuse se forma devant moi, menant à une nouvelle porte.

Je savais que mon voyage n’était pas terminé, mais l’absence d’Elara pesait déjà sur mes épaules.

— « Je te retrouverai, Elara, » murmurai-je en avançant vers la porte. « Je te le promets. »

Alors que je traversais la passerelle lumineuse, l’éclat du nexus semblait résonner avec chaque pas, pulsant doucement comme un cœur cosmique. Il m’appelait, non pas avec des mots, mais avec une sensation, une force étrange qui s’insinuait dans mon esprit. Derrière moi, la salle où Elara avait disparu restait vide, comme un écho de ce que je venais de perdre.

La porte devant moi s’ouvrit sans un bruit, révélant une nouvelle salle circulaire, plus petite que la précédente, mais tout aussi imposante. Ses murs étaient gravés de symboles lumineux, formant des constellations mouvantes. Au centre se trouvait une estrade, sur laquelle reposait un piédestal. Une sphère dorée y flottait, émettant un murmure que je pouvais presque comprendre.

— « Bon, qu’est-ce que tu veux que je fasse maintenant ? » demandai-je à voix haute, plus à moi-même qu’à quoi que ce soit d’autre.

La sphère sembla réagir à mes paroles, se déplaçant légèrement comme si elle m’observait.

Puis une voix résonna dans ma tête, une voix douce mais puissante, différente de celle du Voleur d’Ombre :

— « Cédriciel, porteur de lumière et de doutes, approche. »

— « Génial. Des énigmes mystiques. Exactement ce dont j’avais besoin aujourd’hui. »

Mais je m’approchai malgré tout, mes instincts me poussant à ne pas ignorer cet appel.

La sphère projeta soudain une lumière vive, et je me retrouvai entouré de visions. Des images des mondes entrelacés s’étalèrent devant mes yeux : la Terre, agitée par des tempêtes cosmiques ; le Royaume des Anges, son éclat terni ; et d’autres dimensions que je ne reconnaissais pas, toutes liées par des fils d’énergie dorée.

— « Les mondes sont au bord du déséquilibre, » dit la voix. « Ce que tu as vu jusqu’ici n’est que le début. Elara a stabilisé une partie du nexus, mais l’équilibre complet repose sur toi. »

— « Moi ? » demandai-je, incrédule. « Je suis littéralement la dernière personne qualifiée pour sauver quoi que ce soit. »

La voix continua, imperturbable : « Ce n’est pas une question de qualification, mais de choix. La lumière que tu portes en toi peut guérir ou détruire. Mais pour avancer, tu dois d’abord comprendre la vérité que tu refuses de voir. »

— « Encore cette vérité mystérieuse. Pourquoi personne ne peut simplement me la dire clairement ? »

La sphère projeta une nouvelle vision, cette fois de mon propre passé. Je vis des fragments d’une vie que j’avais presque oubliée, des moments enfouis dans les profondeurs de ma mémoire. Une silhouette familière apparut : un ange au visage sévère mais juste.

— « Cédriciel, » dit la voix, « tu as toujours cherché ton but, mais la vérité est que tu l’as fui. Ton lien avec ces mondes est plus profond que tu ne l’imagines. Ce que tu cherches se trouve dans ton passé. »

Une vague de chaleur me submergea, mêlée de douleur et de confusion.

— « Je ne comprends pas, » murmurai-je. « Quel lien ? Pourquoi moi ? »

Mais la voix s’éteignit, et la lumière de la sphère diminua, me laissant seul avec mes questions.

Alors que je reprenais mes esprits, une ouverture apparut dans le mur opposé. Une lumière douce et apaisante s’en échappait, m’attirant.

— « Très bien, univers, » dis-je en soupirant. « Je suppose que je vais continuer. Mais je te préviens : si je dois encore affronter un autre méchant encapuchonné, je démissionne. »

Je traversai l’ouverture, laissant derrière moi la salle et les visions qu’elle contenait. Ce qui m’attendait au-delà était inconnu, mais je savais une chose : je ne pouvais pas abandonner, pas après tout ce qu’Elara et moi avions traversé.

Elara était quelque part, liée au nexus, et je devais trouver un moyen de la ramener. Mais pour cela, je devais d’abord découvrir cette vérité insaisissable que tout le monde semblait vouloir me cacher.

Avec une détermination renouvelée, je continuai ma route, prêt à affronter ce que le destin me réservait. La lumière et les ténèbres étaient en équilibre instable, et il me restait peu de temps pour les sauver.

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