Chapitre 1 (cinquième partie)

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Dimanche 12 mars 2006

Malgré une certaine impatience qui ne lui était pourtant pas propre, Mickaël était parvenu à garder le secret de la grossesse de Maureen devant ses parents jusqu'à ce dimanche alors qu'ils étaient invités pour fêter l'anniversaire de sa mère. Il s'était dit que ce serait une belle occasion et qu'Ingrid aurait là un bien beau cadeau d'anniversaire. Ils avaient longtemps cherché un présent pour elle, autre qu'un joli bouquet de fleurs que Maureen avait bien entendu composé. Ce fut elle, finalement, qui eut une idée qui plut beaucoup à Mickaël. Et il s'employa à réaliser le dessert un peu particulier qu'il allait offrir à sa mère.

La veille au soir, Maureen avait dormi chez lui, et avait fait sa curieuse en ouvrant le réfrigérateur. Là, dans un plat rond, trônait le gâteau aux fruits exotiques qu'Ingrid appréciait particulièrement. En disposant les morceaux de fruits pour le décorer, Mickaël avait aussi déposé une petite miniature en sucre d'orge représentant un petit bébé et il avait tracé avec un fin trait de chocolat les mots : "Bon anniversaire, grand-mère". Bien entendu, il leur faudrait veiller à ce que personne ne découvre le gâteau avant le bon moment, que Véra ne fasse pas sa curieuse et encore moins Jimmy qui avait toujours envie de jeter un œil gourmand au dessert.

Toute la famille était déjà rassemblée quand ils arrivèrent, ce qui n'avait rien de surprenant puisque Maureen avait fermé sa boutique à 12h30 passé. Mickaël avait emballé avec soin le gâteau et parvint à le faire échapper à la curiosité des uns et des autres. Ingrid avait préparé un rôti délicieux, aux petits légumes. Le repas se déroula dans une ambiance très joyeuse, puis Léony récita un poème qu'elle avait appris à l'école. L'heure en était à la distribution des présents et Mickaël s'éclipsa discrètement pour préparer le dessert, Maureen s'empressant de disposer les assiettes.

Il revint en portant le gâteau, sur lequel il avait planté les deux bougies chiffrées qu'il avait allumées. On s'extasia et chacun - sauf Maureen - fut surpris quand il demanda à tous de s'écarter de la table et de laisser sa mère le découvrir en premier. Henry attrapa Léony, la retint par les épaules, Véra lança un regard étonné à son frère, mais ne dit rien et, comme Jimmy, elle se recula aussi. Maureen le rejoignit, sans quitter Ingrid des yeux. Cette dernière était restée assise à sa place et Mickaël déposa alors le gâteau devant elle. Elle se pencha pour lire les quelques lettres tracées et, soudain, portant les mains à son visage, elle ouvrit grand la bouche. Puis elle s'écria :

- Oh, mes enfants ! C'est vrai ?

Elle leva les yeux vers Mickaël, puis aussitôt se tourna vers Maureen qui acquiesça. Ingrid se releva alors et avant même que Véra ait pu demander : "C'est vrai, quoi ?", elle prit Mickaël et Maureen dans ses bras.

- Vous ne pouviez pas me faire plus beau cadeau d'anniversaire ! Merci, merci ! dit-elle d'une voix très émue.

- Bon, on peut savoir, maintenant ? On a le droit de le regarder, ce gâteau ? demanda Véra.

- Je dirais même : on a le droit de le manger, ce gâteau ? dit Jimmy.

- Je suis d'accord avec Jimmy, dit Henry, ce serait vraiment dommage de le laisser en l'état...

- Pourtant, je suis certaine que toi-même, tu vas hésiter à le découper, répondit sa femme avec un grand sourire en l'invitant à regarder à son tour le gâteau.

Ajustant ses lunettes en un geste machinal, Henry se pencha, lut les quelques mots et hocha la tête.

- Et bien, en voilà en effet une excellente nouvelle !

Léony s'approcha et leva les yeux vers les adultes :

- C'est quoi ?

- Tu vas avoir un petit cousin ou une petite cousine, Léony ! répondit Maureen qui ne voulait pas faire se languir plus la petite fille.

Léony lui répondit par un grand sourire alors que Véra et Jimmy exprimaient leur joie à leur tour et félicitaient déjà Mickaël.

**

- Bien, dit Mickaël alors qu'ils rentraient à la nuit tombante jusque chez lui. Maintenant, il ne reste plus qu'à l'annoncer à Mummy.

- Tu crois que ta sœur va tenir sa langue ? demanda Maureen.

- Oui, j'en suis certain. Elle a ce côté impatient, mais elle ne dira rien. Et elle fera en sorte que Léony garde le secret aussi ! Mais bon, faudrait pas qu'on tarde à aller à Fort William non plus...

- Je peux envisager de fermer un dimanche matin, et même un mardi matin, si tu veux, fit-elle. Ainsi, ça nous laisserait un tout petit peu plus de temps pour faire la route, surtout en cette saison.

- Il a beaucoup neigé en effet sur tout le massif du Ben Nevis, depuis février, m'a dit Mummy. On risque d'avoir de la neige encore dans les Rannoch Moor. Je verrai mardi avec Harris si je peux prendre une journée. On pourrait rentrer ainsi seulement le mardi soir. Qu'en penses-tu ?

- C'est jouable pour une journée pour moi. Surtout que la saison des fêtes et mariages n'a pas encore commencé. Le mardi, c'est toujours un jour un peu creux... Pour le dimanche matin, j'aviserai.

- Ce serait bien que tu fermes cependant dès le samedi soir. Ca nous laisserait plus de marge pour faire la route.

- Tu ne seras pas trop fatigué de ta semaine ? s'inquiéta-t-elle.

- Je peux me lever en milieu de matinée et pas en début d'après-midi, lui sourit-il en réponse.

- Ok.

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