Chapitre 6 (deuxième partie)

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Dimanche 10 septembre 2006

C'était le premier jour de repos depuis l'ouverture du restaurant pour Mickaël et Sam. Ils avaient assuré deux services la veille au soir et étaient très satisfaits de cette première semaine, même s'ils n'avaient encore pas eu la moindre soirée complète. Cela leur avait aussi permis de prendre leurs marques à l'un comme à l'autre, de réaliser déjà quelques petits ajustements.

Ils s'accordèrent une bonne grasse matinée pour récupérer. Quand Mickaël se leva, en toute fin de matinée, il trouva sa grand-mère et Maureen dans la cuisine, en train de faire des conserves. Mummy avait cueilli à la fraîche ses derniers rangs de haricots verts et pendant que Maureen les équeutait, elle surveillait la stérilisation des premiers bocaux. Il était temps, pour elle, d'engranger les dernières provisions du jardin, car si le mois de septembre était souvent doux, il arrivait que les premières gelées se fassent déjà sentir. Et elle voulait terminer les provisions de légumes avant d'avoir à s'occuper des pommes.

- Alors, Mickaël ? demanda la vieille dame, tu as bien dormi ?

- Oui, Mummy, ça va. Vous êtes en pleine occupation, ma foi ! répondit-il en se saisissant de la bouilloire pour préparer son thé.

- Oui, j'ai embauché Maureen, répondit Mummy. Je ne lui donne que des tâches peu fatigantes à effectuer. La cueillette, je m'en suis occupée. Je dirai à Sven de venir arracher les pieds, il ne reste plus grand chose dessus.

- Je pourrai le faire tantôt, si tu veux.

- Il faut te reposer, fit sa grand-mère.

- Ca ira. J'ai encore demain, tu sais, répondit-il en souriant.

Puis il ouvrit la porte du placard des thés, réfléchit un instant et choisit Chaleureux. C'était un thé assez simple de par sa composition, qu'il appréciait aussi pour un petit déjeuner tranquille. Il s'installa à côté de Maureen qui poursuivait son ouvrage tranquillement. Une assiette avec deux grandes tartines de pain et de la confiture voisinait avec sa tasse et la théière.

- Ca va, ma douce ?

- Très bien. J'ai bien dormi. Mais j'étais réveillée tôt, alors je suis venue aider Mummy. Elle était déjà dans son jardin quand je me suis levée. J'ai déjeuné et je l'ai rejointe là-bas. Tiens, ajouta-t-elle en se levant et en prenant un bol sur une étagère, je t'ai cueilli quelques framboises. Mummy dit qu'on pourra encore en déguster jusqu'à la fin du mois peut-être.

- Hum... fit-il d'un air gourmand. J'adore ! Le bébé, ça va ?

- Oui, là, il est tranquille, répondit Maureen en souriant.

Et Mickaël tendit la main vers son ventre arrondi, l'effleura d'une lente caresse. Mummy les regarda en souriant : elle était comblée.

Mardi 12 septembre 2006

Ce matin-là, Sam avait convenu avec Mickaël que ce serait lui qui passerait chercher les produits frais, au marché et au port. Il voulait que son ami puisse profiter de sa matinée d'anniversaire avec Maureen et sa grand-mère et qu'il ne le rejoigne que dans l'après-midi au restaurant. Ils avaient quelques réservations pour chaque soir de la semaine, ce qui démontrait bien une certaine curiosité de la part des habitants.

Maureen dormait moins bien depuis la fin août, elle se réveillait plusieurs fois dans la nuit et faisait aisément une sieste en fin de matinée et une autre l'après-midi. Son sommeil était désormais de plus en plus fragmenté, mais quand Mickaël se réveilla ce matin-là, elle dormait encore.

Il ne voulut pas la réveiller et demeura immobile dans le lit à la regarder. Son ventre rond dessinait une jolie forme sous les draps et sous l'édredon. Il se sentait heureux. Pour ses vingt-sept ans, il allait recevoir le plus beau des cadeaux, du moins à ses yeux : il allait être père dans moins d'un mois.

Depuis que Maureen était entrée dans sa vie, beaucoup de choses s'étaient passées. Il avait mûri aussi, assumait des responsabilités vis-à-vis d'elle, et maintenant du bébé à venir. Il avait aussi pris de l'expérience, professionnellement parlant. Et il y avait désormais ce projet un peu fou, mais auquel il croyait fermement, avec cette installation dont le résultat se concrétisait au cours de ces premières journées de septembre.

Il pouvait parfaitement mesurer le chemin qu'il avait parcouru depuis ce matin de printemps encore timide, quand il avait rencontré la jeune femme et que sa vie, leur vie, avait basculé. Ils s'étaient trouvés. Ils avaient trouvé celui et celle qu'elle et lui attendaient. L'amour de leur vie. C'était un hasard merveilleux, et un bonheur dont il appréciait chaque jour la plus petite manifestation, comme celle, simplement, de la regarder dormir, de la regarder sourire.

Et il allait fêter, pour la première fois depuis bien longtemps, son anniversaire à Fort William. Désormais, c'était ici qu'ils allaient vivre, tous les trois, avec Mummy. Là où tout avait commencé pour lui, dans ce pays auquel il était si farouchement attaché. Sam avait eu raison de lui rappeler, à plusieurs reprises au cours des mois précédents, qu'il avait ce rêve en tête, qu'il portait ce rêve en lui : celui de s'installer définitivement à Fort William, celui de vivre au cœur des Highlands. Là était sa vie et son bonheur était d'autant plus grand que Maureen l'avait suivi, qu'elle partageait ce rêve avec lui. Que son rêve était devenu également le rêve de la jeune femme.

"Tu deviens plus Ecossaise que certaines qui sont nées ici !", sourit-il avec affection. "Mon amour, ta vie est ici, maintenant, avec moi. Tu l'as choisie et j'en suis heureux... Etre ici, avec toi, avec le bébé bientôt... Quand on touche du doigt chacun de ses rêves, que peut-on demander de plus ? Rien, si ce n'est de les garder... Mais c'est à nous d'en prendre soin, c'est notre responsabilité".

Il perçut que le souffle de Maureen s'accélérait légèrement, les lèvres de la jeune femme remuèrent, elle se tourna un peu, se blottit contre lui. Il referma aussitôt ses bras autour de ses épaules, puis sentit qu'elle l'embrassait dans le cou, faisant remonter ses lèvres jusqu'à son oreille pour lui murmurer un "Joyeux anniversaire, mon amour". Il sourit, ferma les yeux, resserra son étreinte et l'embrassa sur sa tempe. Bien vite, les mains de Maureen glissèrent sur son torse, dans son dos, et il sentit ses seins lourds reposer contre sa poitrine. Il en frémit et la laissa basculer sur lui, cette fois bien réveillée, pour l'emporter dans une étreinte pleine de vie, d'un peu de folie et de beaucoup d'amour.

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