Une spéciale pour un gros ours mignon du pays des Cromignons ;-)

Dimanche 19 novembre 2006

Alors que les deux petits garçons faisaient la sieste dans les voitures, Mickaël, Maureen, Tara et Philip sortirent pour faire quelques pas. Ils se trouvaient sur l'un des parkings qui jalonnaient la route de Glencoe. Il n'y avait personne. Le ciel était chargé de nuages et il avait plu une grande partie de la matinée. Mickaël n'avait pas vu grand-chose de cette averse, car il avait dormi tard pour récupérer de sa semaine. Il avait aussi prévu de "sauter" sa sieste habituelle de l'après-midi pour profiter de la visite de Tara et Philip et leur faire découvrir les alentours.

- Maureen, tu m'avais dit que Glencoe était un lieu grandiose, soupira Tara. Mais ce que j'imaginais est encore en deça...

- C'est un lieu unique, dit Mickaël. Ici, il y a tout : la beauté, la nature sauvage, le tragique, le destin, la poésie. Tout. Il n'y a pas d'autres endroits semblables en Ecosse. Pour moi, ce lieu concentre tout ce qui fait la force de mon pays, sa personnalité, sa différence, aussi. Et son aspiration à la liberté, toujours.

Tara et Philip hochèrent la tête. S'ils avaient connaissance du récit tragique qui avait ensanglanté les lieux, ils n'imaginaient pas les émotions qu'il pouvait susciter, plusieurs siècles après. "La mémoire écossaise était bel et bien vivante, plus encore que l'irlandaise", songèrent-ils. Et ils comprenaient d'autant l'attachement de Mickaël à son pays, et plus encore, à la région de Fort William. Comme Lawra et John précédemment, ils avaient beaucoup aimé la maison de Mummy et Tara se réjouissait pour sa sœur de pouvoir vivre désormais dans un tel endroit. Non seulement la maison et le jardin offraient une vue à couper le souffle - et Tara imaginait désormais très bien ce que Maureen avait pu lui décrire des longues soirées d'été et des magnifiques couchers de soleil -, mais la maison était aussi chaleureuse et accueillante que Mummy. La maison de Granny, leur propre grand-mère, était accueillante également, mais on n'y trouvait pas l'empreinte du temps et des générations passées, comme c'était le cas ici. Et, pourtant, Granny vivait dans la maison que son propre père avait construite et y gardait quelques souvenirs.

Après un petit temps de silence, à admirer les lieux, Mickaël ajouta, en glissant sa main autour des reins de Maureen et en la rapprochant un peu de lui :

- Et si, un jour, nous pouvons obtenir un nouveau référendum sur l'indépendance, ce sera en souvenir de Glencoe que je voterai.

Lundi 20 novembre 2006

L'heure du départ s'annonçait déjà pour Tara et Philip. Ils allaient redescendre sur Glasgow pour prendre le bateau qui les ramènerait, au cours de la nuit, à Belfast. Ils seraient à Dublin dans la matinée du lendemain. Maureen était touchée par le fait que son beau-frère ait pris deux jours de congés pour que Tara et lui puissent venir leur rendre visite et elle avait apprécié et profité au mieux de chaque moment.

Si, la veille, ils s'étaient offert cette belle promenade à Glencoe et que Mickaël avait poussé jusqu'à la vallée de Glen Etive dont ils avaient parcouru une belle partie, le matin-même, ils étaient tous descendus à Fort William, sauf Mummy qui préférait rester à la maison. Maureen la soupçonnait d'avoir voulu passer du temps, tranquille, dans sa cuisine pour préparer le dernier repas qu'ils pourraient tous prendre en commun.

Mickaël les avait emmenés dans la ville, puis sur le port dont ils n'avaient eu qu'un petit aperçu en se rendant au restaurant le samedi soir. Il faisait nuit, alors, et ils n'avaient pas vu grand-chose du Loch Linnhe. Puis ils s'étaient rendus jusqu'aux escaliers de Neptune qui marquaient la fin du canal calédonien.

En remontant à la maison, ils y furent accueillis par de bonnes odeurs. Mickaël et Maureen identifièrent aussitôt les parfums de la blanquette que Mummy avait mitonnée et Maureen sourit en voyant qu'une tarte attendait de passer au four : si Kenneth n'avait pu goûter à la tarte aux pommes de Mummy, Tara et Philip pourraient en déguster encore avant le départ, Mummy leur en ayant déjà préparé une pour leur arrivée.

Alors que Philip installait Brendan dans la voiture, Tara et Maureen s'étreignirent encore une fois, après que la jeune femme avait remercié chaleureusement Mummy et Mickaël pour leur accueil.

- A bientôt, Tara. A bientôt, disait Maureen. Nous viendrons peut-être au début du printemps, avant que ne commence la saison touristique... Ou dans le courant de l'hiver, selon ce que Mickaël jugera possible de faire. Je souhaite vraiment revoir Granny et lui présenter Mickaël et Killian, et, bien entendu, nous passerons alors vous voir.

- Je veillerai à ce que nous soyons tranquilles, dit Tara avec assurance.

Et Maureen comprit bien le message : il n'était pas question que leur mère revienne gâcher les moments qu'elles pourraient partager. Tara ajouta, pour ne pas s'appesantir sur les mots qu'elle venait de prononcer :

- Je suis certaine que vous passerez de belles fêtes de fin d'année ici. Ce sera un très beau premier Noël pour Killian.

- Toute la famille de Mickaël sera là, oui, dit Maureen en souriant. Ce sera un beau cadeau pour Mummy et pour nous tous d'être ensemble.

Tara sourit, puis ajouta :

- J'espère que nous pourrons revenir à la belle saison, pour profiter encore de vous tous et visiter les alentours. Philip aimerait bien participer à une dégustation de whisky ! Il a bien retenu les propos de John à ce sujet...

Et le sourire de sa grande sœur lui fit alors vraiment plaisir. Evoquer de beaux souvenirs comme ceux des moments partagés avec Lawra et sa famille était toujours réjouissant pour la jeune femme.

- Et si Lawra revient avant nous, je lui donnerai des affaires pour Killian... Ce serait idiot qu'il ne puisse pas profiter de ce que Brendan ne pourra plus porter !

- Tu m'as déjà fait de beaux cadeaux avec tout ce que tu as apporté cette fois ! fit remarquer Maureen.

Les petits vêtements donnés par Tara lui seraient en effet très utiles : et ce serait une dépense en moins à faire au cours des prochains mois, ce qui n'était pas négligeable aux yeux de Maureen.

- Allez, il est temps... dit encore Tara en embrassant une dernière fois sa sœur.

Puis elle rejoignit Philip dans la voiture. Le jeune homme avait déjà salué tout le monde. Mickaël prit Maureen contre lui et ils suivirent du regard la voiture qui s'engageait dans les virages vers Fort William, agitant la main jusqu'à ce qu'elle disparaisse à leurs yeux. Puis il tourna Maureen vers lui. Ses beaux yeux gris-bleu étaient embués, d'émotion et de joie. Il la serra tendrement contre lui et dit :

- On ira les voir, promis.