- Alors, Aélis, qu'as-tu appris durant cette seconde vision ? la questionna Monsieur Jacques en guise de salutation le lendemain matin.

La jeune femme s'assit à la table, des cernes violettes sous les yeux, et voulut se servir en bouillie de blé afin de se remettre de sa nuit éprouvante. Une claque sur la main l'arrêta.

- Dis-moi ce que tu as vu concernant la mort, exigea Monsieur Jacques en souriant. Après, tu pourras manger.

Aélis baissa la tête et s'enferma dans le mutisme.

- Et bien, s'impatienta l'homme. J'attends.

- Les circonstances de votre décès n'ont pas changé, je suis toujours rapidement condamnée sans avoir le temps d'apprendre quoi que ce soit. Mais j'ai rencontré une femme sur le chemin du bûcher.

- Que t'a-t-elle dit ?

Aélis se mordit la lèvre, sachant que sa réponse ne plairait pas à Monsieur Jacques.

- Que vous mourrez bientôt, et qu'elle était très irritée parce que vous aviez déjoué le destin avec mes rêves.

- Petite idiote ! s'écria-t-il en jetant au loin le bol d'Aélis avec rage.

Ses yeux gris trahissent sa peur, songea-t-elle en l'observant. Il a peur de mourir.

- Tu nages en plein délire ! De quel droit te permets-tu de me mentir ? Retourne dans ta chambre et prends de la Datura, autant que nécessaire, je veux que ce soir tu aies percé le secret de ma mort !

Aélis, n'osant désobéir à cet homme bon mais effrayant dans sa colère, regagna son lit, but la décoction et s'endormit.