Une respiration calme, posée. Peu de lumière. Cette sensation d'être un peu sonné, dérouté. Il se réveille lentement, sur ce tas de vêtements sales mais confortables. Il porte la main à son visage ; pas de trace de blessure ni d'hémorragie. Il se masse l'épaule et la surprise s’empare de son esprit lorsqu'il s’aperçoit qu'elle a été remise en place. Ses souvenirs de lutte sont soudainement effacés par une secousse. Puis deux. Il comprend très vite qu'il est transporté. Mais dans quoi ? Vers où ?

 Il se lève et déambule de manière maladroite, comme s'il était ivre. Un brouhaha sourd et constant gronde autour de lui et devient très vite désagréable. Mêlées à cela, de multiples sonorités numériques traversent l'air tout autour de lui. On pourrait croire qu'il se trouve dans le cœur d'un système informatique en plein bug qui, pourtant, est maîtrisé. Ses yeux se sont adaptés à la faible intensité lumineuse, ce qui lui permet de scruter les détails des murs qui l'entourent. Une matière particulière ; elle semble molle et rigide à la fois. À nouveau une secousse. Il en est sûr, il est en mouvement et cette chose l'emmène vers une destination bien définie. Il est trop faible pour tenter de s'échapper. Il s'assoit alors sur ce lit de fortune. Mais alors qu'il s’apprêtait à se reposer, la pièce s'ouvre, laissant un halo vivifiant de lumière s'engouffrer dans cette petite cellule.

 Deux de ces choses sont à l'entrée. Elles pénètrent. Il appréhende. Elles se dirigent avec conviction vers lui, alors qu'il recule et s'aplatit contre le mur tel un lézard. Elles tendent le bras, ouvrent la bouche d'un mouvement franc et robotique, hurlent d'un son strident et activent leurs yeux verts, avant de le faire se pétrifier.

 Il est désormais totalement à leur merci, parfaitement dépendant de leurs désirs. Rapidement tout s'enchaîne. Elles le saisissent avec rigueur, l'une par les jambes, l'autre par les bras. Lui ne peut plus rien faire. Ni hurler, ni se débattre. Il est seul face à ces choses dont il ne sait rien. Une dernière secousse, plus franche, se fait ressentir, marquant l'arrêt du potentiel véhicule. Là, ces robots aussi perturbants qu'horrifiques s'emparent de ce corps qui ne peut plus se défendre et l'évacuent de l'embarcation, passant de multiples couloirs tous différents ; longs, sombres, lumineux, immenses ou ridicules. On tourne à droite, à gauche, puis encore dans l'autre sens. Quel sens ? Il est totalement désorienté et des nausées commencent à se faire sentir.

 Soudain, ces deux choses s'arrêtent, le regardent de leurs grands yeux verts et l'aveuglent provisoirement, avant de continuer leur marche. Il sent qu'il est manipulé, bougé, déposé sur une surface froide et lisse, mais ne voit rien. Il entend ces choses s'en aller, puis à nouveau quelques bips informatiques. Ses muscles se relâchent lentement. Il s'assoit en tailleur, plissant les yeux pour capter la moindre information.