4. Lucy

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— Lucy, qu’est-ce que tu fais ? Tu vas bien ? Tu as l’air vraiment concentré dans ce que tu fais, il y a quelque chose que tu ne comprends pas dans les devoirs ?

— Ah... Si si tout va bien, et non les devoirs, je les ai déjà terminés en fait, et j’ai tout compris. Tu sais, les mathématiques pour moi, c’est assez simple.

Rose adore me faire peur quand j’ai la tête dans les nuages. Elle est mon petit rayon de soleil. Sauf qu’elle n’est pas très forte en maths, donc elle me lance toujours un petit regard en travers quand je la nargue un peu trop, comme maintenant. Elle me le fait souvent bien savoir. Son regard traduit largement le fait qu’elle m’en veut. Je sais que je me vante un peu trop pour les maths et j’adore sa réaction. Au moins, elle ne se vexe pas, elle sait que je le fais pour l’embêter. Et je l’adore toujours autant, on se connait depuis peu seulement, on est déjà super proches. Elle est comme une sœur que je n’ai jamais eue. Rose est si gentille avec moi, elle est super comme amie. J’ai eu l’occasion de lui parler de Romain. Et comme les autres, elle a du mal à me comprendre. Enfin, ça ce n’est pas grave. Théo et Kevin aussi ont eu beaucoup de mal à nous comprendre. Sauf qu’eux, ils nous ont vus ensemble. Ils ont vu comment on est quand on est tous les deux. Qu’on se cherche et qu’on se dispute. Quand je suis avec lui rien ne compte plus à part lui. Oh, je recommence à divaguer. Je recommence à penser à lui.

Rose commence à s’approcher avec un regard intrigué vers ce que je fais. Elle doit se demander ce que j’écris, comme je ne fais pas mes devoirs. Elle est très intriguée par ce que je fais, je ne vais pas tarder à devoir répondre à ses questions. Je le sens comme le nez au milieu de la figure. Elle se penche de plus en plus sur mon épaule. Je l’adore et je sais, ce qu’elle va me dire. Je sais, qu’elle va vouloir savoir la vérité.

— Oui c’est sûr, mais ne t’en vantes pas trop. Surtout pour les maths. Alors, ça n’a pas répondu à mes questions, enfin la première du moins, tu fais quoi ? Dis-le-moi, s’il te plaît Lucy... Sinon je vais bouder, tu sais. Et tu sais, que quand je boude, ce n’est pas très beau à voir.

— Mais euh... Tu sais aussi que ça ne fait que deux mois qu’on se connaît, remarque vous êtes tous super et on s’est tous adoptés donc bon peut être que... Peut-être que je peux effectivement te dire ce que je fais. Veux-tu vraiment savoir ? Tu me promets que tu ne me jugeras pas ? D’accord, Rose ?

— Salut les filles, alors de quoi vous parlez vous deux ? Lucy, tu écris quoi ? Je pensais que tu avais fini tes devoirs, sauf si tu as menti... Tu mens, toi maintenant ? Ouh, Lucy. Tu nous fais des petits secrets ?

— Anne bien sûr que non je ne t’ai pas menti. J’écris une lettre pour Romain. Ça fait deux semaines que je ne lui ai pas envoyé de messages et je n’ai pas de nouvelles donc je prends mon courage à deux mains. Enfin si on peut dire ça, c’est un peu comme sa dernière chance... Je ne sais pas trop si c’est une bonne idée de lui laisser une dernière chance, mais j’aimerais quand même essayer.

— C’est normal. Tu nous parles tout le temps de lui, tu penses sans arrêt à lui. Oui, on l’a vu que tu as très souvent la tête dans les nuages. Avec Rose, nous avons très bien compris qu’il occupe une grande place dans ta vie. Et oui, en quelques temps, nous avons appris beaucoup de choses sur toi. Tu crois, que tu caches bien tes sentiments mais tu te trompes petite Lucy.

— A vrai dire, c’est mon dernier espoir. Romain est comme ma moitié. Enfin, c’est vraiment difficile à expliquer. Je… J’ai grandi avec lui, on a fait à peu près les quatre cents coups ensemble.

— Cela se voit dans tes yeux.

— Ils ont quoi mes yeux ?

— Oh rien... Ah ah, tu es trop chou. Tu rougis comme une adolescente de quinze ans.

— Mais… Aller, je termine. Vous pouvez attendre un peu que je termine ma lettre ? C’est super important pour moi.

Et oui, je leur ai déjà parlé de Romain comment ne pas le faire. Je leur ai seulement dit qu’il ne veut plus m’adresser la parole mais c’est un début. Peu à peu, je recommence à sourire, à parler de lui avec nostalgie. Il me manque énormément. Est-ce qu’il s’en rend compte ? Je ne sais pas, je pense. Il me connaît depuis toujours après tout. Je suis vraiment attachée à lui et même plus. Enfin lui et moi, ça a toujours été une histoire bien complexe qui est vraiment difficile à comprendre. Quand je dis vraiment difficile à comprendre, c’est même au-delà de ça encore. Mais ce que j’adore avec Rose et Anne, c’est qu’elles essaient comme elles peuvent de me soutenir. Elles sont de bonnes amies vraiment. Je pense que je ne pourrais plus me passer d’elle. Ce qui est dur c’est de me soutenir alors qu’elles ne le connaissent pas et surtout elles ne nous connaissent pas quand nous sommes ensemble. Rose reprend la parole avec un petit air mielleux. Je sens que je suis mal. Elles vont me poser des questions sur lui et je vais encore partir dans mes nuages. Comme je le fais quand je parle de lui, et ce ne serait pas la première fois que cela m’arrive.

— Le fameux Romain, il faut vraiment que tu nous racontes qui il est. En fait, on sait seulement qu’il ne veut plus t’adresser la parole depuis que tu es partie pour venir ici. Et je suppose que tu ne vas rien nous dire, encore une fois, miss cachottière. Tu es trop secrète. Comment veux-tu qu’on t’aide si tu ne nous expliques pas un minimum.

— Bla, Bla, Bla... C’est bon, j’ai juste quelques secrets, comme tout le monde non ! Non, mais Romain, j’ai grandi avec, c’est assez compliqué. Comme toujours avec les garçons mais avec lui, j’avoue que c’est pire. Nous avons grandi ensemble, et quand je suis arrivée au collège. Disons que notre relation a changé de cap.

— De cap ? Tu considères votre relation comme un bateau ?

— Oui, un bateau qui serait à la dérive là. Ah ah, mais en gros c’est exactement ça. Nous naviguons et parfois, nos trajectoires se croisent. Nos navires s’entrechoquent. C’est parfois même électrique entre nous deux. Mais il est mon tout. Enfin, c’est peut-être un peu fort. Mais Romain a toujours été là pour moi. Même quand notre jeu partait trop loin, nous revenions toujours l’un vers l’autre.

— Le jeu ?

— Votre jeu ? Quel jeu ? C’est quoi ce jeu ?

— Oh euh rien… Croyez-moi. Vous ne préférez pas savoir. Romain et moi, c’est une très longue histoire. On a joué à un jeu pendant longtemps. D’ailleurs, il est fini maintenant.

— A ta façon d’en parler, je pense que c’est mieux si tu ne nous dis pas ce qu’est le jeu. C’est entre Romain et Toi. Je pense que tu es la mieux placé pour savoir ce qui compte pour toi. Alors ne nous explique pas en détails.

— Sache juste que nous sommes là pour toi. Nous serons là pour toi, si tu as besoin de parler la miss.

— Merci les filles, vous êtes les meilleures.

Anne qui me fixe, se met à sourire avant d’ouvrir la bouche pour conclure notre conversation et surtout pour nous faire sortir. Je le vois à son regard, ça sent la soirée chez Jordan. Elle aime beaucoup Jordan. Je ne sais pas, s’il y a un truc entre eux. Mais ça me fait plaisir qu’elle est ce sourire-là pour moi. Elle est super. Elle va prendre la parole et je le sais. Même Rose attend qu’elle prenne la parole. Nous la regardons toutes les deux avec impatience. Une soirée, nous permettraient de nous changer les idées et de profiter d’un instant ensemble. Entre filles et autres, mais j’ai envie de profiter d’être avec mes amies pour une fois. Enfin, pour une fois que j’ai plus d’amies filles que garçons, ça change. J’adorais mes soirées avec Romain et sa bande, seulement ce n’était pas vraiment mes amis, c’était surtout ceux de Romain. Et j’adorais être là, pour Romain. Pour nous. J’avais l’impression d’être privilégier parce que j’étais la seule à avoir la chance de participer à toutes leurs soirées. J’étais la seule à connaître leurs petits complots, leurs bêtises et j’étais celle vers qui ils se tournaient pour des conseils en matière de filles. J’avoue que j’aimais être avec eux et j’aimais être auprès de Romain. Même si mes ailes se sont brûlées plus d’une fois, je reste attaché à lui. Je pense que ça ne changera jamais.

— Lucy arrête de rêver ! Vous venez, et Lucy, prends ta lettre. Ne me regarde pas comme ça, je ne veux pas la lire. Juste qu’en allant chez Jordan, on passe devant la poste et à ce moment-là, tu pourras envoyer ta lettre la miss. Tu as peur de quoi ? Je ne me permettrais pas de lire cette lettre sans ton accord. Ce que je pense c’est que je n’aurais pas cet accord. Je sais que ce que tu écris et personnel, je comprends.

— Ne t’en fais pas, on n’est pas là pour espionner notre amie. On est là pour la soutenir. Allons-y ! Maintenant, on va aller à la soirée. Bouge un peu tes fesses !

— Oui d’accord, je prends ma veste et on pourra y aller. Anne, Rose, merci d’être avec moi. D’être là pour me soutenir.

— C’est normal voyons.

Ma lettre. Cette lettre est notre dernier espoir. Notre dernier souffle. J’espère vraiment que tu la liras, que tu prendras en compte ce que j’y ai écrit. Oh Romain, s’il te plait. Ne m’oublie pas, tu ne peux pas, je n’y crois pas. Tu sais que tu as déjà essayé de m’oublier, une fois, une seule. Le final, étant que tu es revenue. Tu es revenue vers moi, alors je ne peux pas croire que tu puisses ne plus jamais me parler. Comment ? Moi, je ne peux pas. J’ai encore envie de t’envoyer un message, j’aimerais savoir comment tu vas. Si ton frère t’a parlé, si tu sais pourquoi je suis partie. Ou attends-tu un signe tout simplement ? Peut-être que tu attends ma lettre. Peut-être que tu ne le sais pas encore mais que c’est ça qui va tout déclencher.

C’est parti ! Je suis Anne et Rose. Nous allons tout d’abord vers la poste. Et oui, il faut bien que j’envoie ma lettre. Oui. Romain doit la recevoir au plus vite. J’ai envie qu’il ait la lettre le plus vite possible. J’ai envie qu’il sache que malgré la distance, je suis là et je l’attends. J’ai envie qu’il soit là, avec moi. J’ai du mal à croire qu’il ne m’ait même pas laissé lui expliquer. Il ne m’a pas laissé placer un mot dans la conversation. Je pense même que c’est la première fois que je l’ai vu si en colère. Oui, trois cents kilomètres c’est beaucoup mais on aurait pu s’appeler, s’envoyer des messages. On aurait trouvé une solution. Romain et moi, on est au top quand il s’agit de trouver un plan, ou une solution pour se voir.

— Lucy ? On t’a encore perdu.

— Oui, cette fois on est foutu !

— Eh ! Je vous entends là !

— Figure-toi, qu’on se demande parfois où tu as la tête. Tu as vu que c’est ton tour depuis plus de cinq minutes ? La dame du guichet te fait signe depuis un moment. Elle va en avoir marre d’attendre.

— Oh… Bon, d’accord mais ne dites pas aux autres que j’étais encore perdue dans mes pensées.

— Toujours et encore, Romain.

— Le prince de notre gente demoiselle.

— Eh ! Mais arrêtez maintenant ! Romain n’est pas là, alors on n’en parle pas d’accord ? Je vous le demande. On est censée s’amuser ce soir. Alors dès qu’on sera sorti de cette poste, plus personne ne parlera de Romain. C’est compris les filles ?

— Oui, chef c’est compris. Ah ah, tu es vraiment trop drôle quand tu essaies d’éviter un sujet de conversation. On dirait un peu, Max.

— Ah oui ! Max… Il est devenu tout rouge quand il a compris qu’il te tenait encore la main l’autre jour. C’était vraiment trop chou. Surtout venant de lui, c’est pas du tout son style de rougir pour une fille.

— Mais, de quoi vous parlez toutes les deux ?

— Oh rien.

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