11. Romain
J'ai pris la route, trois heures de route. Trois heures de route pour la rejoindre. Pour retrouver ma Lucy. Enfin, me voilà. Je suis en bas de chez elle. Vraiment, je suis là. Je me demande ce qui m'attends en haut de cette porte. Elle ne doit pas s'attendre à ça, je ne lui ai pas dit que je venais. Elle ne sait pas que je suis là, et pourtant j'aimerais qu'elle soit folle de joie en ouvrant cette porte. Cette porte qui nous sépare. Mais je suis tout de même stressé, oui, je peux le dire. Je flippe. Elle n'est peut-être pas seule et s'il y avait un mec avec elle ? Et si, elle avait trouvé un mec ? Et si... Tellement de « et si » remplissent ma tête que je commence à en avoir mal au crâne. Tant pis, je fonce, je verrais bien. J'espère seulement qu'elle ne va pas me rejeter. Enfin... Pourquoi elle me rejetterait ? Pourquoi alors que tant de fois, elle est revenue vers moi ? Pourquoi elle fermerait sa porte ? Je monte doucement les escaliers, je réfléchis, je me demande encore ce que je vais bien pouvoir lui raconter. Comment je vais pouvoir lui dire tout ce que je ressens ? Peut-être qu'elle ne va même pas me laisser le temps de parler. Elle ne voudra peut-être pas m'écouter. Je suis encore trop hésitant. Seulement, c'est Lucy, je ne devrais pas être autant sur les nerfs. A stresser comme une gonzesse ! Franchement, il n'y a qu'elle pour me faire réagir de cette façon. Il n'y a qu'elle qui peut me faire faire trois cents kilomètres de route pour la rejoindre. Pour être prêt d'elle. Pour pouvoir sentir son odeur, et voir sa jolie petite bouille. Je m'arrête devant sa porte, et ce que je vois me fais sourire. Sa porte est pleine de petits mots de ses amis, surement. Cela lui ressemble tellement. Elle accroche des photos partout sur les murs de sa chambre chez ses parents. Et pendant une de nos parties, elle m'a cassé un coup en accrochant des photos de nous deux tout sourire aux lèvres sur tous les murs de ma chambre. De quoi faire fuir n'importe quelle fille. Elle avait remporté la partie haut la main. Une astuce tellement enfantine mais en même temps, tellement elle. Alors avec tous ces petits mots affichaient sur sa porte d'entrée, oui, c'est certain, je suis au bon endroit. Je sais que Lucy est là. Enfin !
Je me décide et je frappe. Je frappe à sa porte. Je sais qu'il est top. Un samedi qui plus est. Elle va me haïr. Elle déteste quand quelqu'un la réveille aussi tôt, surtout pendant le weekend. Ah ah. « Le weekend, c'est sacré ! Tu n'as pas intérêt de me réveiller avant onze heures, je te préviens ! ». Lucy, je me souviens encore de ce vendredi où tu m'as sorti cette phrase. Ta tête m'avait tellement fait rire, avec ta petite mine boudeuse. Mais aujourd'hui, je suis obligé de te réveiller à huit heures un samedi matin. Eh oui. Parce que je t'ai écouté et je suis là. Alors, tu vas venir l'ouvrir cette porte, même si pour cela je dois frapper sur celle-ci sans répit ! Je suis têtu, tu le sais. Alors tant que tu ne viendras pas m'ouvrir, je vais continuer à frapper à ta porte. J'entends un fracas. Ah, enfin elle se bouge. D'ailleurs, elle a dû tomber du lit avec ce gros bruit. Cela lui ressemble bien. Elle a tellement de mal à se lever, qu'elle est bien capable d'avoir roulé jusqu'au bord du lit. Maintenant que je suis sûr, qu'elle est debout, je frappe à nouveau. Plusieurs fois. Seulement lorsque la porte s'ouvre, je reste surpris. Ce n'est pas Lucy qui a ouvert la porte. Et la personne que j'ai en face de moi, ne me plaît pas du tout. Pourquoi est-ce que c'est un mec qui vient m'ouvrir ? Ce que je redoutais le plus et vraiment en train de se passer ? Là, tout de suite ? Lucy a tourné la page ? Elle a dormi avec un mec, un autre. Elle m'a oublié ?
— Salut, je peux t'aider ? Qui es-tu ? Tu ne vas pas bien de réveiller les gens à cette heure-là ? Putain! On dormait nous ! Alors, tu me réponds ? Tu es qui ? Qu'est-ce que tu fais là ?
— Et toi, tu es qui ? Elle n'est pas ici, Lucy ? Oh, je te parle ! Elle est où Lucy ? Je suis là pour elle. Alors, tu as perdu ta langue ? Où est Lucy ? Elle est là ? Merde, elle n'est pas là.
— Si elle est là, elle dort. Tu lui veux quoi ? Et tu n'as pas répondu à ma question. Tu es qui ?
Oh putain ! Mais il m'énerve lui, il est vraiment chiant ce mec. Il se prend pour qui ? Honnêtement, il est qui lui ? Je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit un gars qui ouvre cette porte, surtout à cette heure-là de la journée. Il commence vraiment à m'énerver. Il ne me laisse même pas entrer. Et puis qu'est-ce qu'il fait là ? Elle a dormi avec lui ? Elle aura intérêt de me donner des réponses. Je n'ai pas fait trois cents kilomètres de route pour me retrouver comme un con devant son mec. Elle ne peut pas m'avoir fait ça ? Pas après la lettre qu'elle m'a envoyée. Non, Lucy n'est pas ce genre de fille. Elle ne ferait pas ça. Elle m'attend et je suis là. Je crois en elle, elle ne voulait plus du jeu. Elle ne chercherait pas à le continuer. Même si nous deux sans jeu, je ne sais pas ce que cela va donner, je souhaite tout de même essayer. Elle est Lucy, j'ai besoin d'elle. Alors ce type a plutôt intérêt de me laisser entrer. Pas le choix, je vais devoir lui dire qui je suis.
— Elle sait qui je suis. Je suis venue pour elle. Maintenant, laisse-moi entrer, elle m'attend.
— Ne t'énerve pas, ok. Dis-moi qui tu es et j'irais la chercher. C'est simple, répond à la question et j'irais la réveiller.
— Quel con ! Romain. Voilà qui je suis. Je suis Romain.
Quand j'ai annoncé mon prénom, il a blêmi. Il s'est alors retourné et a commencé à crier, il l'a appelé. Enfin ! Il est con ce type, pourquoi il réagit si excessivement ? C'est bon, je lui ai juste dit mon prénom. Pas besoin de hurler comme ça. Il aurait pu aller la chercher plutôt que de hurler dans tout l'appartement. Bien sûr, la connaissant, elle ne va pas vouloir se lever. Et c'est le cas. Au début, elle n'a pas voulu se lever mais j'ai enfin pu entendre sa voix. Sa voix énervée, parce que nous la dérangeons dans sa phase de sommeil. Elle va vraiment être en colère, surtout en me voyant. En voyant que c'est moi qui suis à sa porte, elle ne va pas apprécier. Oh non. Je le sais, parce que je sais aussi qu'elle déteste être réveillé si tôt. J'hésite encore, je me dis que je peux partir. J'en ai encore le temps. Elle ne m'a pas encore vu mais non, je préfère rester. Je veux la voir. Elle m'a manqué. Vraiment. Je souris quand je l'entends râler. Elle se lève enfin. Je l'entends traverser la pièce et refermer des portes. Je l'attends. Puis finalement, je l'entends. Elle arrive. Une question subsiste dans ma tête. Qui est ce type ? Je vois une fille assise sur le canapé, son regard doit suivre la progression de Lucy, elle est presque là, en face de moi. Si le canapé lit de Lucy est pris qu'est-ce que cela signifie au juste ? Elle a dormi avec lui ? Il a dormi dans son lit avec elle ? Avec ma Lucy ? Il faut que j'arrête. Elle est là. Elle est devant l'ouverture de la porte. Elle pose enfin ses yeux dans les miens, elle a l'air confuse. Je sais que j'ai mis trop de temps à réagir à sa lettre. Mais maintenant, je suis là. La seule phrase qui arrive à passer ses lèvres, « Qu'est-ce que tu fais là ? », me fait avoir un grand sourire sur les miennes.
— Bonjour, petite étoile.
— Romain, tu... Tu es venu. Qu'est-ce que... Pourquoi tu viens si tôt un samedi ? Tu sais que je déteste ! Tu l'as fait exprès ! Tu m'énerves ! Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps ? Tu aurais pu me dire par message que tu arrivais ? Pourquoi tu n'as rien dit ? Tu te fous de moi ? Arrête de sourire !
— Dis-moi d'abord, qui est ce mec qui m'a ouvert ?
— C'est Max.
— Il a un problème lui ! il veut quoi ?
— Laisses Max. Il n'en vaut pas la peine. Pendant trois mois, il ne donne pas signe de vie. Maintenant qu'il est là, la seule chose qu'il veut savoir, c'est qui tu es. Et attends je suis sûre qu'il n'a pas fini, il va te demander si tu as dormi avec moi, si on est ensemble. Attention, le meilleur pour la fin si on a couché ensemble. Il est comme ça. Tu vas voir, je le sais. Juste parce que c'est toi qui a ouvert la porte, il va s'énerver plutôt que me dire quelque chose de gentil. Non, lui. Lui, il va juste vouloir savoir si tu m'as touché.
— Ne commence pas à dire de la merde, Lucy. Je ne suis pas venu pour qu'on se prenne la tête. Je pensais que tu m'attendais. J'ai reçu ta lettre, j'ai cru tout ce que tu y as écrit. J'ai cru que c'était le signe que j'attendais de ta part. Alors oui, j'ai mis du temps. Tu crois quoi ? Que c'est simple de tout laisser ? De tout boucler ? Oui, j'ai pris du temps pour venir, mais putain, je suis là. Je suis pour toi, pour nous. J'ai envie de nous sauver. Sauf que tu ne m'as pas attendu, tu ne m'as pas attendu comme je l'espérais.
— Je ne vais pas passer ma vie à t'attendre comme une conne ! Tu ne m'as rien dit. Pourtant, tu as recommencé à m'envoyer des messages. Alors pourquoi tu ne m'as rien dit?
— Je... Je ne sais pas, je voulais que tu sois surprise. Que tu sois contente de me voir là. Je ne sais pas pourquoi je ne t'ai rien dit. J'avais... Merde, Lucy ! Tu me connais...
— Tu n'avais pas confiance en moi. Oui, je te connais et je sais. Oui, je sais pourquoi tu n'as rien dit. Tu te méfiais de moi à cause du jeu. Tu penses que j'en ai encore quelque chose à faire de notre jeu débile ?
— Non ! Mais...
— Mais rien, Romain ! Il n'y a rien, on ne joue plus ! Tu m'énerves ! Pourquoi ? C'est la seule chose qui me vient ? Pourquoi est-ce que tu te méfies encore autant de moi ? Pourquoi n'as-tu pas confiance en moi ? Pourquoi tu es là ?
— Pour toi ! Je suis là pour toi. Lucy... Ta lettre, c'est elle qui m'a fait réagir. Les autres avaient beau me dire que je devais venir, que je devais te rejoindre, je n'arrivais pas à me décider. Mais quand j'ai lu ta lettre. J'ai su, oui, j'ai su que la seule chose à faire, c'était de prendre la route et de venir près de toi. C'est toi qui m'a fait en prendre conscience. C'est toujours toi qui me fais changer de direction. Tu guides mes pas.
Faut que je me reprenne. Pourquoi j'ai l'air d'un con romantique ? Pourquoi, je suis si fleur bleue en sa présence ? Elle me rend faible ! Putain, je suis minable ! Et ce type qui n'arrête pas de me fixer avec un regard mauvais. C'est qui ce type ? Il représente quoi pour elle ? Je veux savoir, j'ai besoin de savoir. Elle est à moi. Alors qu'est-ce que ce type fais là ? Pourquoi il essaie de se rapprocher d'elle ? Je ne vais pas lui faire de mal. Qu'est-ce qu'il croit ? Max, c'est un prénom ça ? Franchement, ridicule ! Si, il se rapproche encore d'elle je vais m'énerver ! Je ne veux pas qu'un autre gars soit près d'elle. Je veux être avec elle. Et voilà, il pose sa main sur son épaule. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne peux pas m'en empêcher.
— Lâche-la ! Dépêches ! Parce que si ta main ne retourne pas à sa place, je ne donne pas cher de ta peau !
— Tu as vraiment un problème.
— Mon problème, c'est toi ! Je ne te connais pas. Je te trouve en face de moi avec ma Lucy et ta main posait sur son épaule. Et figures-toi que cela ne me plaît pas du tout. Alors sors ta main de sur son épaule !
— Quoi ? Tu me donnes des ordres maintenant ! Mon pauvre ! Tu te prends pour qui ? Elle n'est pas à toi ! Ce n'est pas une chose, elle ne t'appartient pas. Calme-toi.
— Lucy, tu as dormi avec ce type ? Réponds !
— Merde Romain !
— Oui, elle a dormi avec moi. Et crois-moi, elle adore dormir dans mes bras. Je pense même qu'elle doit se sentir plus en sécurité dans les miens que dans les tiens. Elle n'a plus besoin de toi mon petit!
— Répète un peu ! Lucy ?
Elle ne dit rien. Elle le laisse me parler comme ça. Je ne représente donc rien pour elle ? Pourtant, sa lettre... Non, elle n'a pas dormi avec lui. Elle n'a pas fait ça. Je le sais. Sinon, elle en aurait profité pour le dire elle-même. Je la connais. Elle ne ferait pas ça. Ma petite étoile, tu le laisses me faire sortir de mes gonds. Et je sais pourquoi. Tu veux voir, jusqu'où je suis prêt à aller. Tu veux voir à quel point, je vais m'énerver. Hélas, je vois déjà rouge. De savoir que ce type à pu l'avoir aussi près de lui alors que moi, je n'étais pas là. Cela me fait du mal. Oui, c'est cela les mots justes. J'ai mal de savoir qu'un gars est proche d'elle, qu'elle a noué des liens avec lui. En fait, ce Max. Il me ressemble. Nous nous ressemblons. Elle le sait, elle me regarde fixement depuis le début. Elle attend de voir mes réactions. Elle me teste, elle est futée. Max est juste un piège. Elle savait qu'il allait la protéger parce qu'elle a dut lui parler de moi. Donc, il est son bouclier contre moi. Il doit s'en douter et il a accepté ce rôle. Parce que c'est Lucy. Les gens l'apprécient rapidement. Elle est si sincère avec tout le monde.
— Lucy, dis-moi la vérité.
— Je ne te dois rien, Romain. Max était là, même les filles étaient là. Tu vois, Anne qui est là. Elle était certaine que tu n'allais pas venir. Pourtant, tu es là devant moi. Seulement, la seule chose qui t'intéresse vraiment en ce moment. Ce n'est ni comment je vais, ni comment se passe mes cours mais si j'ai une relation quelconque avec Max.
— Oui ! Je sais que ce n'est pas normal, mais Lucy, tu me rends dingue ! Cela m'énerve vraiment de voir ce type à tes côtés ! Tu ne comprends pas ! Je déteste qu'un autre que moi puisse te toucher ! J'ai besoin de toi !
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