27. Romain
J’ai été idiot encore un fois. Je l’ai laissé, j’étais parti. Je ne voulais pas la voir dans cet état. Mais je ne peux pas non plus vivre en sachant qu’elle ne sera pas à mes côtés. Elle est tout pour moi. Je l’ai vu grandir, je l’ai embêté quand elle était adolescente, j’ai commencé à avoir des sentiments plus forts que de l’amitié. Mes sentiments ont changé au moment où elle a commencé à me parler des autres mecs. Au moment où j’ai vu que j’étais jaloux de ce qu’elle ressentait pour quelqu’un d’autre que moi. Alors j’ai tout fait pour la rendre jalouse, pour lui faire du mal. Je suis loin d’être fier de cette période. Je ne la faisais pas seulement souffrir, je souffrais aussi de mes actes. Ça a toujours était-elle, je le sais. Et j’ai joué avec elle, joué avec ses sentiments, avec son cœur... Je lui ai fait faire des choses dont je ne suis pas fier. Pourtant, quand je suis arrivé chez elle, à près de trois cents kilomètres de chez nous. Elle m’a accueilli et ouvert les bras sans aucuns reproches. Je l’aime ! Putain, c’est mon essence ! Ma joie de vivre ! Si elle part se sera parce qu’elle n’aura plus la force de se battre. Et non parce que quelqu’un aura décidé de la débrancher ! Merde ! Personne, je dis bien personne ne la touchera ! Je suis là à présent, je suis revenu ! Merde ! Je ne suis plus rien sans elle. Je suis une loque sans elle. Je vais faire des conneries sans elle ! C’est elle, elle arrive toujours à me sortir des problèmes ! Elle est ma sauveuse ! Elle… Elle n’a pas le droit de me laisser ! En tout cas pas maintenant. Je ne laisserais personne lui faire du mal. Je ne laisserais plus personne lui faire du mal. Plus jamais je ne lui en ferais ! J’ai besoin de mon étoile. Je veux la voir briller ! Je me dirige d’un pas décidé vers sa chambre. Je ne veux pas la voir dans cet état mais Lucas m’a prévenu de ce que ses parents comptent faire. Et je ne suis en aucun cas d’accord avec ça ! Bordel ! Ma Lucy, tu vas vivre !
— Jamais ! Vous m’entendez ? Jamais, je ne les laisserais lui faire ça ! Sa vie n’est pas terminée ! Elle a encore tant de chose à vivre ! je ne veux pas que sa vie se termine ainsi ! Merde ! Elle n’a pas le droit d’abandonner ! Elle ne peut pas, c’est tout ! Je ne la laisserais pas partir ! Et croyez-le ou non, mais il faudra me passer sur le corps pour que quelqu’un puisse la toucher. Je resterais là, jour et nuit ! Jusqu’à ce qu’elle se réveille ! Je ne peux pas la perdre ! Surtout pas maintenant ! Pas après tout ce que nous avons vécu ensemble ! Lucy… Ma petite étoile… Reviens-moi. Reviens près de nous. Près de moi. Je t’attends… Tu m’entends ? Je reste là. Je resterais là, le temps qu’il faudra. Je ne te quitte plus. Est-ce que c’est clair ?
— Tu es là, enfin... Pourquoi tu étais parti ?
— Je suis désolé Nicolas… J’ai la trouille ! J’avais peur mais je ne peux pas supporter qu’elle meure alors que je viens seulement de trouver le parfait équilibre avec elle. Tu le comprends ça. Je suis vraiment con ! Elle est… Oui, elle est la fille que j’aime et moi, je m’enfuis la queue entre les jambes. Heureusement, je viens d’ouvrir les yeux. Elle fait de moi quelqu’un de meilleur. Elle est mon tout, ma moitié. J’ai besoin de son sourire. J’ai besoin d’elle à mes côtés. Plus jamais, non, plus jamais je ne la ferais souffrir. Alors personne ne la touchera à moins que ce soit pour l’aider à aller mieux.
— Je n’aurais cru entendre de telles choses sortir de ta bouche. Tu tiens vraiment à elle…
— Oui ! Plus encore que ce que tu imagines. Elle est mon souffle de vie au quotidien.
— Les gars, vous devriez regarder derrière vous... Regarder Lucy...
Nous nous sommes tous tourné vers elle. Ses doigts bougeaient mais il n’y avait pas que ça. Non ! Des larmes coulent de ses yeux. Pourquoi ? Pourquoi pleure-t-elle ? Elle n’est pas réveillée ? Si ? Non, je le vois bien. Elle dort encore. J’en suis sûr. Sinon, ses beaux yeux verts seraient ouverts. Ses bras se tendraient vers nous. Son regard serait posé sur moi. Mais là, rien. Juste des larmes sur ses joues. Des larmes qui coulent sans raison… Sans raison, vraiment ? Je… Peut-être. Dans un espoir fou. Peut-être qu’elle nous entend. Qu’elle m’a entendu. Je vais me battre pour elle, me battre comme jamais auparavant. Elle bouge à nouveau les doigts. J’ai l’impression que sa main en cherche une autre. Elle cherche du réconfort. Comme lorsqu’elle fait un cauchemar. Elle a besoin de sentir la présence d’une personne qui l’aime. Je la connais. Je connais ses gestes. Je connais leur signification. Alors je me rapproche d’elle. Je sais, je devrais laisser Nicolas auprès d’elle. Peut-être que c’est sa main à lui qu’elle attend. Pourtant, je ne peux pas m’y résoudre. Je veux sentir sa peau. Ne serait-ce que pour avoir un sentiment de réconfort. Parce que si elle bouge, c’est qu’elle est encore là ? Quelque part ? Non ? Je m’assoie prêt d’elle et lui prend la main tout doucement. Je me revois enfant quand ses parents sont venus et que nous l’avons vu pour la première fois. Une petite crevette. J’avais tellement peur qu’elle se brise dans mes bras. Aujourd’hui, à cet instant, en prenant ses doigts, sa main dans la mienne je retrouve ce sentiment. Cette peur de la voir se briser sous mes yeux. Sauf que ce n’est pas du tout ce qui se déroule, non. Ses doigts se referment autour des miens. Comme une caresse. Sa main est douce. Ses doigts exercent une nouvelle pression sur ma main. C’est assez rassurant. J’ai le sentiment. Je sens qu’elle sait que c’est moi. Que je suis là. Je ne compte plus l’abandonner. Et en même temps, je me dis qu’elle doit entendre. Elle doit nous entendre. Oui, je commence à avoir cette certitude. Lucy est là. Elle est là. Elle attend juste. Elle a juste besoin d’un déclic. Une chose. Une personne. Elle a besoin de plus pour revenir. Mais quoi ? Je ne comprends pas. Je… Je sens qu’il y a quelque chose. Une chose qui lui manque mais quoi ? Mes pensées sont interrompues par Nicolas. Il a l’air si triste.
— Tu penses qu’elle... Qu’elle nous écoute ?
— Nicolas… Je ne sais pas, peut-être. J’en ai l’impression. Ecoute, reste fort pour elle. Elle doit se battre, elle peut y arriver. Elle peut se réveiller. Elle est beaucoup plus forte qu’elle n’en a l’air. Crois-moi. Lucy est une conquérante, une battante. C’est quand même de Lucy dont on parle. Lucy qui n’a peur de rien. Qui n’a pas froid aux yeux. Peu importe qui est en face d’elle, peu importe l’obstacle qui lui fait face, elle ne baisse jamais les bras. Alors ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va le faire !
— Romain... Ne me laisse pas... Pourquoi....
— Lucy ? Lucy ? Je suis là. Fais-moi confiance. Je ne partirais plus. Jamais...
Romain…
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