28. Nicolas
— Elle a parlé là ! Je savais bien, qu’il suffisait que tu sois là ! Je savais qu’elle t’attendait. Mais qu’est-ce qu’elle a voulu dire ? Et pourquoi n’a-t-elle pas ouvert les yeux ? Elle a juste parlé et elle... Elle... Elle doit ouvrir les yeux maintenant. Je n’en peux plus de la voir comme ça…
— Nous allons aller chercher un médecin, tu restes avec elle. Nicolas, calme-toi. Elle a parlé, c’est un bon début. Je reviens au plus vite, je vais chercher le docteur. Je ne serais pas loin. Promis, je ne pars pas. S’il se passe quelque chose, je serais à côté. Je fais vite.
Je reste auprès de ma sœur. Je le savais. Il a suffi qu’il arrive. Qu’il passe enfin la porte. Pour la faire réagie. Elle a parlé. Ça ne peut être qu’un signe qu’elle va se réveiller. Enfin, je l’espère. Ma sœur, tu es tout pour nous. Nous sommes tous là, à t’attendre. Il faut que tu t’accroche. Je t’en supplie. Je pense. Oui, nous avons tous besoin de toi. Nos cœurs, nos souffles restent bloqués. Nous attendons tous. Un mouvement, un simple geste de ta part. Quelque chose. Une chose pour te sauver. Parce que Lucy. C’est les parents. C’est eux, qui ont demandé à te débrancher. Je n’en ai pas parlé aux autres. J’ai tellement honte. Ils me font honte. Comment peuvent-ils demander aux médecins d’arrêter de te sauver ? C’est leur devoir pourtant. J’ai du mal à comprendre leur réaction. Enfin… Je n’en suis pas plus étonné que ça. Venant d’eux. Ils t’ont toujours mis à part, rabaissé. Pourquoi ? Je ne le sais pas. Tu me le diras, tu m’expliqueras une fois réveillée. Je me perds sans toi. Mes journées sont sombres. Je bats pour toi alors bats toi pour moi. S’il te plait.
— Nicolas ? Les médecins arrivent, ils vont lui faire passer des examens. Ils m’ont dit que cela aller surement prendre du temps. Ils nous conseillent de rentrer chez nous et de nous reposer. Tu viens. Il faut manger. Tu n’as rien avalé aujourd’hui.
— Non, je ne veux pas la laisser seule...
— C’est seulement le temps des examens ne t’inquiète pas. Elle va bien, enfin son état est… stable…
J’écoute Romain. Je m’éloigne de ma sœur. Il a raison, il faut que je mange. Au moins un peu. Peut-être. Je devrais rentrer et me reposer. Mais je sais, je le sais. Si je m’éloigne de Lucy, ils vont lui faire du mal. Je vais seulement manger un peu, après je remonte. Je ne veux pas laisser Lucy. Pourtant, j’écoute bel et bien Romain. Il me tire hors de sa chambre. Et au moment où, nous franchissons tous deux la porte. La machine qui contrôle les battements de son cœur. Le cœur de Lucy s’affole. Non ? Pourquoi ? La dernière fois, c’était à cause de Lucas. Il avait parlé de Romain. Mais là. Romain est présent. Ou alors ? Son cœur continue à s’affoler, à faire des bons… Je n’ai pas le temps de réagir que Romain est déjà retourné à tout vitesse auprès d’elle. Il lui prend la main aussi rapidement que possible. Je le vois lui chuchoter des mots à l’oreille. Je n’entends pas ce qu’il lui dit. Mais cela fonctionne. Aussi vite que les bips sonores se sont accélérés, ceux-ci ralentissent. Son cœur reprend un rythme régulier. Les médecins n’ont même pas eu le temps de venir. Romain a réussi à la calmer avec ses mots ? Oui, il a réussi à la ramener. Il ne doit pas partir. C’est tout. Il va rester avec elle. Peut-être qu’il pourra nous la faire revenir. Peut-être qu’avec sa présence, elle va rouvrir les yeux.
— Tu ne dois pas la laisser. Je pense qu’il n’y a que toi qui lui permet d’aller mieux. Les médecins ne peuvent pas l’aider mais toi oui. Vous êtes connectés depuis toujours. Je le sais, elle me l’a dit et répété. Elle savait toujours, elle sait toujours quand il t’arrive quelque chose. Alors elle vient te sauver. Donc aujourd’hui, c’est à toi de la sauver. Votre lien est plus fort que le reste.
— Connectés… Oui elle me l’a dit. Elle... Elle et moi, nous sommes connectés mais comment ? Je ne comprends pas. Je n’ai jamais compris pourquoi elle me disait ça, encore et encore. Elle me l’a dit tant de fois. Pourtant, dès que je m’éloigne d’elle, je sens un vide se creuser en moi. Nous sommes liés. Nos âmes sont connectées. Elle l’a toujours dit. Tu crois qu’il existe un lien encore nous deux ? Un lien si fort que l’un sans l’autre plus rien ne va ?
— Oh oui. Il y a un lien indescriptible entre vous.
— Qui es-tu, toi ? Nicolas ? Tu le connais toi ce mec ?
— Un peu de respect, je te prie.
— Quoi ? C’est qui lui ? Nicolas…
— C’est Thomas. En réalité, il est... Il est très proche de Lucy. Il a été, enfin, il a toujours été très proche d’elle. Il est...
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase. Romain s’énerve toujours au quart de tour quand il s’agit de Lucy. Et surtout des gens qui l’entourent. Alors un grand gars arrivant comme une fleur dans la chambre d’hôpital de Lucy, comme si de rien n’était… Cela fait bouillir Romain. Je n’ai même pas le temps de lui expliquer. De lui donner dire quel lien relit Lucy et Thomas. Sérieux ? Comment fait-elle pour le supporter celui-là ? Toujours à s’énerver avant même d’écouter. Il devrait se calmer. Mais non. Lui en décide autrement et se met à rager. Oui, c’est vrai il ne connait pas Thomas. Alors je vois bin l’incompréhension dans son regard. Mais je n’y peux rien moi. Ma sœur a des secrets comme tout le monde. Je sais, il pense la connaître par cœur. Mais est-ce vraiment le cas. Je prends une inspiration et finit par l’écouter. Il pose beaucoup de question tout à coup.
— Comment ? Il ne peut pas être aussi proche d’elle que tu le dis alors que je ne le connais pas. Ce n’est vraiment pas possible. Je ne l’ai jamais vu nulle part. Jamais je ne l’ai vu auprès d’elle. Alors qui est-il ? Pourquoi je ne t’avais jamais vu avant ?
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