29. Thomas
Il me fait bien rire ce Romain. Il l’a laissé seule après l’accident mais lorsqu’il apprend qu’un autre que lui est proche d’elle, il s’énerve. Il est mignon quand même ce petit. Il essaie encore de la protéger. Enfin, il essaie de la protéger de moi ? Ah ah. C’est inutile, tout comme lui, je veux son réveil. Peut-être même que je le veux plus que n’importe qui. Elle est vraiment importante. Alors oui, j’ai pris des risques en venant ici. Après tout, je n’en ai plus rien à faire. Ma priorité est son réveil. C’est elle. Petite Lucy, dans quelle histoire tu t’es fourrée encore ? Je sais, ce qu’il s’est passé. Nicolas m’a appelé. Il savait que les parents ne me diraient rien. J’ai compris très vite pourquoi. Arthur, ce père, si nous pouvons l’appeler ainsi… Il déteste Lucy depuis sa naissance… Alors un accident de voiture, c’est une occasion en or… Bref ! Thomas ne pense pas à cet imbécile, à cet homme sans cœur. Je vais sortir Nicolas du trou où je l’ai poussé. Il regarde Romain, impuissant face à l’assaut de ses questions.
— Je suis son frère. Je suis son grand frère, je suis parti vivre au Canada avec notre oncle. La réponse te convient, petit ?
— Pourquoi ne m’a-t-elle jamais parler de toi ? Je la connais depuis toujours, et elle n’a jamais prononcé ton nom. Je savais. Enfin, elle m’avait bien dit avoir deux frères. Sans plus d’explications. Même Nicolas. Maintenant que j’y pense, toi non plus tu ne parles jamais de lui. Pourquoi vous ne m’avez jamais dit pour votre grand frère ? Il fait partie de votre famille tout de même ! Pourquoi ne pas en parler ? Pourquoi ne pas m’en avoir parlé ?
— C’est compliqué Romain. On ne l’a jamais vraiment vu. Il est plus vieux que nous. Désolé, Thomas, plus âgé. C’est Lucy qui est le plus proche de lui, depuis qu’elle sait qui il est, elle lui écrit. Je crois qu’elle lui raconte tout. Elle discute souvent avec lui. Voir une fois par jour. Il est un de ses points de repère.
— Ouais c’est ça. Elle me dit tout. Toi, mon pauvre garçon, tu l’as fait souffrir plus d’une fois. Pourtant à chaque fois qu’elle a tenté de s’éloigner de toi, son cœur la faisait terriblement souffrir. Je ne sais pas comment mais elle a réussi à créer un lien entre vous. C’est comme si, sa vie dépendait de la tienne. Elle t’aime depuis un moment.
— Très drôle. La magie n’existe pas, tu sais. Lucy, je l’aime depuis longtemps. Elle est tout pour moi. Oui, je lui ai fait du mal, je le sais très bien. Mais aujourd’hui, je suis là. Je ne peux plus la laisser jamais. Au moment où je l’ai vu dans cet état, je n’ai pas pu le supporter. Pour moi, jamais elle n’allait se réveiller... Je me suis mis en tête que si je disparaissais totalement, peut être que dans une autre vie, un autre endroit, nous aurions pu avoir notre chance… Peut-être que…
— Jamais ta mort, ne pourrait la sauver...
Je n’eus pas le temps de continuer. Je restais bouche bée... Derrière Romain, sur ce lit si triste, elle ouvert les yeux. Lucy, m’offre un tel spectacle. Elle est réveillée, vraiment. Elle est debout, littéralement. Mais ce n’est pas possible jamais une personne dans le coma pourrait se lever aussi vite. Qu’est-ce qu’elle fait debout ? Elle va se faire mal ! Mais non. Au lieu de se plier de douleur, ce que je ne souhaite pas du tout. Elle me sourit. Elle sait que je suis là parce que je suis plus que son frère... Seulement personne ne doit le savoir. Personne ne doit savoir ma véritable identité. Personne ne doit connaître mon véritable lien avec elle. Ma Lucy. Ma petite Lucy. Romain et Nicolas seraient tellement blessés s’ils apprenaient la vérité. Elle est vraiment réveillée ou je rêve ? Non, je ne rêve pas.
— Tu l’as enfin dit... Pourquoi as-tu mis aussi longtemps... ?
— Quoi ? Lucy ! Tu es réveillée ! je vais chercher le médecin. Non, ne te lève pas ! Enfin, retournes t’allonger ! Tu dois rester allongée, tu ne dois plus avoir assez de force dans les jambes pour tenir debout. Je vais… Je vais appeler le médecin !
— Calme-toi, je vais très bien. Pourquoi tu es là, pa... Thomas ?
— Tu penses vraiment que j’allais rester là-bas alors que tu as eu cet accident. Jamais ! Je suis venu aussi vite que possible.
— Merci…
Romain nous regarde bizarrement et file. Nicolas, lui, ne bouge pas. Je pense qu’il ne réalise pas encore que sa sœur est bel et bien réveillée en face de lui. Elle a encore quelques hématomes mais elle a l’air d’aller bien. Je suis soulagé. Sa mère le serait aussi j’en suis certain. Romain revient avec le médecin suivit de nos chers parents. Ils sont furieux en me voyant. Oui, ils ne s’attendaient surement pas à me voir ici. Le médecin fait quelques tests de réflexes à Lucy. Elle a l’air plutôt en forme. Même le médecin en est étonné. Une fois sorti de la chambre, l’atmosphère en devient glaciale. Arthur et ma mère, nous fixent. Pas très longtemps d’ailleurs, elle baisse les yeux et l’autre, commencer à crier. Il est hors de lui. Pas possible… Il est insupportable. Pauvre Lucy. Je ne voulais pas lui faire subir ça. A peine est-elle réveillée que c’est déjà l’enfer ici. N’en pouvant plus, Lucy lâche des mots amères contre eux.
— Calmez-vous, c’est normal qu’il soit là après tout il est mon pè... Quoi ? Ne me regardez pas comme ça, c’est la vérité ! Comment vous auriez fait, si j’avais eu besoin d’une transfusion ? Je ne vous rappelle qu’aucun de vous à part lui le pourrait !
— Ce n’est rien Lucy. J’ai l’habitude d’être reçu ainsi...
— Lucy, que dis-tu ? Pourquoi parles-tu de cette manière à tes parents ? Tu viens à peine de te réveiller, tu devrais te reposer. Ne t’énerve pas.
— Non, je ne veux pas dormir. Je l’ai assez fait ces derniers temps. Je vais faire ces examens complémentaires que le médecin veut que je fasse. Et j’ai pris une décision... Dès que j’aurais l’autorisation de sortir de l’hôpital, j’irais préparer mes affaires. Je partirais avec pap... Avec Thomas au Canada !
Lucy... Non ! Pourquoi vous ne dites rien ? Pourquoi personne ne l’empêche de partir ? Non, merde ! Je ne veux pas te perdre ! Jamais ! Tu pars, je pars ! Tu le comprends ça ?
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