30. Lucy

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Il est temps de dire la vérité à tout le monde. Je n’en peux plus de mentir, en plus Thomas est triste à cause de cette situation. Puis je ne le supporte plus. Je ne supporte pas cette situation, ni même ce regard qu’il a quand il pose les yeux sur moi. Je ne veux plus qu’il soit triste à cause de moi. Je n’aime pas savoir que c’est moi. C’est ma faute. Alors j’ai pris une décision, elle va changer ma vie. Mais tant pis, il le faut. Je dois partir avec Thomas. Cela me fait mal. Je viens enfin de trouver un équilibre avec Romain. Je le vois bien dans son regard, il ne comprend pas pourquoi je prends une telle décision. Mais je le dois. Tous ces mensonges n’ont que trop durés. Il cherche à capter mon regard. J’ai honte. Je ne veux pas le laisser. Pourtant, je suis bien sur le point de le faire. Je reste là, sur mon lit. Il finit par s’approcher de moi. Il me prend la main, je relève finalement la tête vers lui. Mon Romain. Il va parler. S’énerver, je le sais. Mais je lui dois des réponses. Il serait temps d’en donner. De dire la vérité, sur mes origines, sur mes racines, sur mon identité.

— Comment ça, tu vas aller vivre au Canada avec lui ? A chaque fois que je te retrouve, tu t’échappes. Je ne veux pas que tu ailles là-bas. C’est trop loin, et puis ton frère n’a pas forcément assez de place pour t’accueillir chez lui ! Ou alors je pars avec toi. Mais hors de questions que tu t’en ailles sans moi. Pas maintenant. Je ne te quitte plus.

— Je suis d’accord avec lui, pour une fois. Tu ne peux pas partir comme ça, et encore moins sur un coup de tête ! Thomas, tu pourrais dire quelque chose tout de même ! Raisonne-la !

— Merci Nicolas.

— Il n’en a rien à faire de toi de toutes manières ! Et toi, ma petite, je ne te laisserais pas aller avec lui. Et sûrement pas aller dans ce pays, surtout pas avec lui ! Tu m’entends gamine ?

— Tu n’as aucuns droits sur moi et tu le sais très bien, Arthur ! Je fais ce que je veux et je veux vire avec Thomas ! Je n’en peux plus de tout ça ! De tous vos mensonges ! Ce n’est pas non plus une honte... Ce qui est honteux, c’est ce que vous lui avez fait ! Vous devriez avoir honte ! Il n’a même pas pu élever ....

— Tais-toi ! Maintenant, ça suffit ! Ce n’est ni le moment, ni le lieu d’en discuter. Nous attendrons que tu puisses sortir de l’hôpital. Que tu sois à la maison ! Ensuite, nous en discuterons. Compris ?

— Calme-toi, tout de même. Elle a le droit de vouloir que la vérité soit dite. Papa.

— De quelle vérité, vous parlez ? Lucy, tu ne devras pas parler ainsi à ton père...

— En vérité, Romain, il n’est...

Je ne peux pas, je n’y arrive pas. Comment je pourrais ? Nicolas est mon frère ou du moins, il a grandi comme étant mon frère. Moi, je voudrais détruire son monde. Non, vraiment, je ne peux pas. Je ne suis pas cruelle. Je ne suis pas celle qui va détruire ce que nous avons construit. D’accord, les mensonges sont la base de tout dans notre famille. Mais… Non, je ne sais pas. Je ne sais plus ce que je dois faire. Je veux dire la vérité. Et en même, je sais qu’elle n’apportera pas que de la joie et du bonheur. Au contraire. Elle sera remplie d’incompréhension. Et Romain, mon Romain... Comment lui dire qu’il ne me connait pas autant que ce qu’il pense ? Alors que moi, je le connais, oui même mieux que je ne me connais moi. Je le connais du bout des doigts, lui, ne connait que les mensonges. Enfin, il me connait mais pas entièrement. Il ne sait pas pour Thomas. J’avais trop peur de lui dire. Trop peur de la vérité. Voilà, la triste réalité. J’ai peur de ma propre identité. Je suis au bord du gouffre. Et personne ne pourra me retenir à temps.

— Lucy, à quoi penses-tu ? Tu n’as même pas terminé ta phrase. Tu es sûre que tout va bien ?

— Romain… Je pense… A tout... A ce que je vais détruire, si je dis la vérité. Je vais bien dans un sens mais je ne supporte plus cette situation.

— Tu peux tout me dire et tu le sais.

— Non ! Aujourd’hui, c’est différent. Elle ne peut pas et ne parlera jamais de ça ! Sinon quelqu’un pourrait en payer les conséquences. Elle le sait, alors elle ne fera rien. Elle va bien réfléchir à ce que je dis. Elle en connait les conséquences. N’est-ce pas gamine ?

— Ne trouves-tu pas qu’il les paie déjà les conséquences ? Qu’il les a déjà bien payées ?

— Non ! Il a déshonoré notre famille. Jamais, il ne sera pardonné. Il a fait une grosse erreur ! Tu en es la preuve ! Tu ne comprends dont pas ! Tu n’es donc qu’une gamine irréfléchie ? Tu représentes une erreur ! Une terrible erreur ! Tu ne devrais même pas exister !

— Merci...

— Lucy ne sera jamais une erreur ! Est-ce que tu le comprends ça ?

Quoi, papa ? Que penses-tu pouvoir me faire de plus ? Tu m’as déjà tout prit ? Ne le vois-tu pas ?

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