31. Romain
Comment son père peut parler comme ça ? N’a-t-il vraiment aucun sentiment ? Pourquoi Thomas dit que Lucy n’est pas une erreur ? Je ne comprends rien à ce qu’il se passe sous mes yeux. Bien sûr qu’elle n’en est pas une, mais je ne vois pas le rapport entre ce qu’Arthur a dit et Lucy. Quel est-ce quelqu’un ? Arthur s’en prend encore à Lucy. Il lui crie dessus, l’insulte. Il a un regard sévère que je n’explique pas. Il passe son regard de Thomas à Lucy. Il continue encore et encore de revenir à Lucy. Elle s’en prend plein la face. Moi, je reste en spectateur, ne comprenant rien, et ne sachant pas quoi faire. Je ne sais pas si je dois intervenir. Je ne comprends rien du tout à cette situation. Qu’est-ce qu’il se passe, putain ? Je fixe ma petite étoile, impuissant jusqu’à ce que Thomas reprenne enfin la parole. Ouf. Cela me laisse souffler et je me rapproche de Lucy. Je lui prends la main. Écoute Thomas répondre avec colère à Arthur.
— Ça suffit ! Tu peux t’attaquer à moi autant de fois que tu veux, c’est sans problème. Mais jamais, je ne te laisserais parler ainsi de Lucy. Elle n’a rien fait de mal. Loin de là ! Tu le sais bien !
— Ah vraiment ?
— Bien sûr que oui ! Putain ! Elle n’y est pour rien ! Je sais que tu es en colère contre ce que j’ai fait mais…
— En colère ? Ce n’est pas seulement de la colère que j’ai envers toi ! Mais bien plus encore ! Tu te prends pour qui ? Tu penses à quoi ? Tu me fais honte !
— Vous pourriez vous calmer s’il vous plaît ? Lucy ne s’est réveillée qu’aujourd’hui. Son père et son frère n’arrêtent pas de se crier dessus, vous parlez d’un accueil ! Génial ! Vous pensez que toute cette histoire va l’aider ? Franchement ! Je ne vous pensais pas égoïstes !
— Romain a raison papa ! Pourquoi cries-tu autant sur Thomas ? Il est là pour Lucy. Tu devrais plutôt être content, il a pris l’avion pour prendre des nouvelles de sa petite sœur. C’est normal, non ? C’est notre frère, il a le droit tout comme nous d’être présent pour elle.
— Cela ne te regarde pas, Nicolas ! Thomas est venu, certes mais, il n’a rien à faire ici, même si c’est pour Lucy ! Surtout si c’est pour cette gamine ! Il n’a pas à être ici. Sa place n’est pas ici ! C’est clair !
— Bien sûr que si, j’ai ma place ici ! Je n’ai peut-être pas eu le choix quand tu m’as dit de partir. Mais je reviendrais toujours pour elle ! Elle est ma famille plus que ce que tu ne le seras jamais ! Tu le comprends cela ! Elle est tout ce qui compte pour moi. Papa.
— Ne me fais pas rire ! Tu as préféré la laisser !
— Parce qu’il avait le choix ? Moi, je ne crois pas ! Pourquoi, l’avoir forcé à m’abandonner ? Il m’a laissé avec vous, parce qu’il n’a pas eu le choix.
Lucy… Je crois comprendre que Lucy est vraiment en colère contre Arthur, son père. Tout en étant très triste pour Thomas. Mais quel est le secret qui se cache derrière toute cette histoire ? Pauvre Lucy, je me rends compte que je ne sais pas tout et que j’aurais peut-être dû rester chez moi, loin d’elle. Je ne lui aurais pas créé tous ces problèmes. Puis elle serait sûrement avec Max en ce moment. Et surtout, elle n’aurait jamais eu cet accident. Tout ça parce que je la voulais. Tout ça parce que comme Arthur et Thomas, je n’ai pensé qu’à moi. Je n’ai pas pensé à Lucy. Je suis aussi égoïste qu’eux. J’ai toujours voulu Lucy pour moi. Maintenant, qu’elle est à moi, je me demande si j’ai fait les bons choix. Si je ne l’ai pas trop poussé à bout. Si je n’ai pas été trop loin. En fait, si je suis allé bien trop loin dans mes actions. Elle m’a toujours sauvé et moi, qu’ai-je fait ? Je l’ai brisé. Mais je comprends à présent que c’est moi qui ai besoin d’elle et non le contraire. J’ai toujours eu besoin d’elle. Peut-être trop. Peut-être que je devrais la laisser tranquille, repartir. Finir comme tous les autres…
— Arrête de penser que tu es la cause de tout ce qui se passe, Romain. Tu te tortures pour rien. Ce n’est en rien de ta faute. C’est seulement et purement la faute de mon grand-père, il a du mal à accepter la vérité. Il ne sait vivre qu’à travers des mensonges. Il ne comprend pas que la vérité peut le libérer. S’il ne voulait pas de moi, il pouvait laisser mon père s’occuper de moi plutôt que de l’envoyer à l’autre bout du monde.
— Ton grand-père ? Mais Lucy…
— Félicitations, ma petite ! Tu es vraiment comme lui ! Il a voulu grandir trop vite avec toi, tu es une erreur, son erreur. Tu n’aurais jamais dû exister !
— Et pourtant, je suis là à te pourrir la vie ! N’est-ce pas grand-père ?
— Lucy… Tu ne dois pas me défendre… C’est à moi, de le faire.
— Apparemment, tu ne peux pas car grand-père te l’interdit. Il veut toujours tout contrôler seulement, maintenant il ne peut plus. Non, regarde comme il est sans voix face à ma vérité. Regarde le papa, il ne peut plus cacher ce secret.
C’est ce moment-là qu’Arthur choisit pour mettre une gifle à Lucy. Elle ne réagit même pas. Qu’est-ce qu’il se passe vraiment ? Je ne peux pas croire qu’il vienne de faire un tel acte. Je l’ai déjà vu en colère, mais là, c’est autre chose. Il est furieux. Tout son corps dégouline de rage, de haine envers cette fille, ma Lucy, mon étoile. J’ai compris qu’elle a dit une vérité, un secret de famille. Mais de là à la frapper. Je ne comprends pas. Et ma colère envers cet homme n’en est que plus décuplée. Ni une ni deux, je me lâche et hurle sur Arthur. Après tout, il l’a mérité.
— Sortez ! Maintenant ! Vous lui faites du mal, et ce plus qu’elle n’en a besoin. Vous n’êtes qu’un pauvre type ! Allez, dégagez de cette chambre !
— Très bien, tu as gagné pour cette fois seulement, petite !
— Sortez !
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