Marché de dupes.

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Après ma visite chez l’aubergiste, c’est parmi une foule aussi dense qu’une cohorte en ordre de combat, que je me frayai un chemin vers le bureau du contrôleur. Son office ainsi que son habitation jouxtait la Gopura*. Elle faisait fonction de perception et de poste. Il fallait bien que je me fasse enregistrer. Sur le sol sablonneux devant l’entrée et sous bonne garde, s'entassait un grand nombre de bagages apportés par les caravanes. Ces marchandises séjournaient à cette place, jusqu'à ce que les droits de passage aient été acquittés. Après quoi, les caravaniers pouvaient ranger leurs affaires dans une des nombreuses loges voûtées surmontées de deux terrasses. Chacun de ces arceaux était attribué à un voyageur, dès son inscription. Cependant, derrière cet amoncellement de ballots, j'aperçus un grand obélisque hérissé d’antennes. C'était bien la preuve que ce caravansérail appartenait à la Guilde Souveraine. Un garde de faction me laissa entrer dans une courette entourée de hauts murs. C’était une oasis de calme. Cinq serviteurs fumaient ou dormaient sous le porche de la porte du bureau ; l'un d'eux s’avisa de ma présence et m’invita à m’asseoir sur un banc de pierre adossé à un mur couvert de vignes grimpantes et d’actinidiers. Il revint, au bout d'une minute, pour me dire que : « en tant que Hors-Loi, je n’avais aucune taxe à acquitter et que le Chef de Gare me recevrait quand je le voudrai. »

Ce fut donc à regret que je quittais la tranquillité de cette cour. Il me fallait replonger dans une mêlée aussi bruyante que bigarrée. Ordinairement les caravansérails étaient plutôt calmes, voir silencieux, mais ici, peut-être à cause des ravages des greenhead, Ksar-Migatana, Grouillait de vie. Des enfants couraient dans tous les sens, les animaux de bât soulevaient des nuages de poussière. Et, comme c’était encore l’heure du marché, la halle ne désemplissait pas, cela ce le voyait autant que cela ce le sentait. Quant au bruit, qu’en dire ? comment décrire une indicible cohue ?

Mais il n’y avait aucun doute, j’étais bien sur Exo III A, car en dehors des caravaniers et de leur escorte, la proportion masculine était bien moins nombreuse que celle des femmes. Encore que je pensais que vu le contexte de guerre, toutes ces dames avaient dû rappeler leurs maris qui étaient d’une certaine façon leurs employés.

À Ksar-Migatana*, comme sur Exo III A, qu'elles soient libres ou esclaves, les femmes pullulaient dans une proportion d’un pour six. En raison de mon passé de voyageur interplanétaire, j’étais toujours surpris de la façon dont chaque espèce, animale ou végétale, pouvait évoluer dans le temps, dès qu’elle était un tant soit peu isolée, dans une zone géographique précise.

Aussi, bien qu’à l’origine, les colons ayant posé le pied sur Exo fussent en majorité issues de fermes à clones ou de race Néo-terrienne, donc assez uniformes, je ne pouvais que constater que j’avais là, devant moi, le résultat de certaines mutations génétiques, ce que certains auraient pu appeler : la création de nouvelles "races".

Aussi, par curiosité, à la façon d’un antique ethnologue, je m’amusais à classifier la "race" des femmes que je croisais dans ce vivier de femelles qu’était Ksar-Migatana*. Ainsi, je constatais que la majorité étaient des Lurédiennes, puis venaient celles que je pouvais cataloguer comme Yuchekhaines* et enfin, en moins grand nombre, il restait les Koushites*. Le type ou plutôt les types étaient à peu près les mêmes dans les trois ethnies où d’ailleurs le vêtement était identique, malgré de nombreuses variétés de détails.

Pour ce qui était du physique, ici à Ksar-Migatana, le type le plus répandu était, comme je l’ai dit, celui de la femme Lurédienne. En général, elle ne manquait ni d'élégance, ni d'une certaine dignité. Ses yeux étaient grands, plutôt en amande et noirs, son nez long, aux narines dilatées, busqué au centre puis se relevant un peu, des pommettes saillantes, une bouche aux lèvres pulpeuses dont la supérieure avançait peut-être un peu trop, un menton légèrement fuyant. Ses membres étaient fins et sa silhouette mince. Le reste paraissait peu développé, je veux dire que sa poitrine était plutôt petite.

L'autre type, celui de la Yuchekhaine, avait plus d'ampleur dans ses formes. Son corps avait peut-être un peu moins de distinction, mais il était plus sensuel, car les fesses étaient plus rebondies et sa poitrine était beaucoup, mais alors, beaucoup plus opulente. Son front était plus haut, ses pommettes et ses joues plus charnues. Si l'œil était aussi immense et tout aussi noir que celui d'une Lurédienne, son nez était droit et plus petit, sans être camard, son menton était plus exigu, voire pointu. J’y retrouvais l'aspect des sphinx de l'ancienne Égypte, la forme de sa coiffure venait parfaire l'illusion. Cette coiffure, propre à la Yuchekhaine, n'avait pas dû varier depuis des siècles. Elle ressemblait à une mitre, plus ou moins développée selon l’épaisseur de la chevelure. La frange était droite, les cheveux parfois teints en bleu ou en doré, toujours avec des extravagances propres à la gent féminine. Ainsi, cette coiffure portait des motifs tels que des bandes, des rayures, des étoiles, des cœurs… Et toujours dans des tonalités éclatantes, suivant le goût de la dame. Cet ouvrage d'art était toujours plus large que la tête et ne tombait jamais plus bas que le haut des épaules. Aussi, pour donner cette allure de chapeau à cette étrange coiffure, les cheveux étaient nattés avec de grosses tresses de laine teinte.

Pour ce qui était des Koushites* qui étaient à mes yeux les plus belles, elles avaient généralement la peau foncée, presque noire, éclatante, lisse et sans imperfections. Leurs yeux étaient comme ceux de leurs voisines, toujours grands et expressifs, avec des iris brun foncé ou noirs qui semblaient receler un monde d'émotions et de mystères. Leurs cils longs et épais encadraient gracieusement les yeux et soulignaient leur beauté.

L’une des caractéristiques d’une belle Koushite était son visage à la forme unique, souvent ovale ou en forme de cœur. Ses pommettes hautes et bien définies ajoutaient une touche d'élégance à son apparence. Ses lèvres étaient charnues et naturellement colorées d’un carmin foncé.

Les Koushites avaient souvent les cheveux noirs ondulés, frisés, voire crépus, mais toujours volumineux. Chaque Koushite était fière de ses cheveux et pouvait les orner d’accessoires, tels que des perles ou divers ornements, pour exprimer sa beauté.

Une belle Koushite avait généralement une silhouette élancée et gracieuse, avec une taille et des hanches naturellement cambrées. Elle se mouvait avec confiance et grâce et son langage corporel respirait la féminité et l'équilibre.

Souvent, les femmes de ces trois ethnies avaient le visage, les bras et les mains ornées de petits tatouages.

Quant à leur vêture, elles portaient l’àodàipisah*. C'était une robe dont la partie supérieure avait une coupe très près du corps, avec un large décolleté qui, pour certaines, dégageait complètement la poitrine, la longueur des manches était variable. L’àodàipisah* avait aussi plusieurs autres caractéristiques : tout d’abord sa longueur, comme celles des manches, était variable, elle avait d’autres particularités, comme le fait qu’elle était fendue des deux côtés et qu’une seule des échancrures pouvait être lacée ou boutonnée, soit à gauche pour une célibataire, soit à droite pour une femme mariée, si aucun coté n’était fermé cela voulait dire simplement que la belle était disponible à toutes les propositions.

En général, les femmes de ces ethnies étaient plutôt volages, elles n'avaient pour but que d'amasser une dot et devenir mères de famille. Cette dot était portée en colliers autour du cou et sur la poitrine, sous forme de pièces d'or et d’argent. Quelques-uns de ces colliers atteignaient une dimension considérable.

Sur Exo, où l'homme achète sa ou ses femmes, on est étonné de voir aussi ces trois ethnies et quelques autres s’offrir leurs maris. En règle générale, ces ménages n'étaient absolument pas mal vus. Car, chez ces peuples, le mari est souvent un combattant mercenaire qui considère sa femme comme son employeur, d’ailleurs c’est elle qui l’arme de pied en cape. Il lui doit donc un large pourcentage sur un potentiel butin. Il reste donc dans un état d’infériorité pécuniaire, d’autant que c’est la femme qui possède la fortune et transmet aussi le nom de famille. Quand elle invite un étranger à prendre le café ou le tchaï, le mari discret s'éloigne tant que dure la visite. Il se contente de retirer un instant son anneau de mariage. En général, ces dames sont laborieuses, économes, sobres et elles sont des négociantes habiles, mais honnêtes. L'homme marié qui s'absente et retrouve, après plusieurs mois, des enfants qui ne sont pas de lui, se garde bien de les jeter avec leur mère hors de la maison, car d’une part celle-ci ne lui appartient pas, et d’autre part la rupture d’un contrat de mariage lui coûterait trop cher. Aussi les adopte-t-il, en ne faisant aucune différence entre eux et les siens propres. Sans connaitre ces coutumes, on pourrait s’étonner que ces peuples puissent grossir en force et en nombre, malgré les continuels déplacements des maris, mais c’est sans compter sur la fécondité des femmes et la complaisance raisonnée de ceux-ci. D’autant qu’il n’était pas rare qu’un homme ait plusieurs contrats, je veux dire que certaines femmes, souvent des sœurs, se mettaient à plusieurs pour acquérir un mari, surtout si c’était un combattant de grande valeur, c’était surtout vrai pour les Koushites, ou si l’homme semblait posséder un harem, il n’était en réalité que l’étalon de ces dames.

J’allais vers les arcades où mes bagages étaient entreposés, en chemin je remis à sa place un malotru qui s’en prenait à une petite esclave. Ce triste individu c’était enfui comme s’il avait eu la mort à ses trousses, parlant de moi comme si j’étais un Oupyr*. Je venais juste d’arriver dans ce caravansérail que déjà les rumeurs couraient sur mon compte. Il faudrait à l’avenir me faire plus discret.

Arrivé sous l’imposante voute, je fis un tri rapide parmi mon bric-à-brac, j’en retirai deux lourdes besaces que je jetai sur mes épaules. Même si ce caravansérail était à l’écart des nouvelles routes commerciales, je savais que ses coffres regorgeaient de monnaies de toutes sortes. Après le bureau des douanes, il était temps que je transforme mon encombrant et lourd butin en monnaies sonnante et trébuchantes. Mais je décidai aussi de porter un tagelmust* histoire de passer incognito et de me protéger des ardeurs du soleil.

Je franchis donc la porte forte de la deuxième enceinte. Je n’eus pas longtemps à marcher pour trouver un commerce qui faisait prêt sur gage et bureau de change. La pièce principale, blanchie à neuf, était coquette et lumineuse, les trois grandes fenêtres avaient un vitrage en cul de bouteilles. J’étalai sur le comptoir le bric-à-brac de mes pillages. Une jeune fille, derrière des grilles en bronze doré, se chargea de faire le tri, de peser, bref d’évaluer le résultat de mes larcins. Une autre, qui devait faire office de réceptionniste, se chargea de me faire patienter, en me faisant assoir sur un des sofas placés devant une table basse richement marquetée.

_ Bonjour Res, je me nome Pilarnasse, ma sœur Pétronasse va évaluer vos biens, mais cela risque de prendre un peu de temps vu la quantité et la qualité des objets. Je pense que vous êtes ici pour les vendre et non pour les mettre en gage ?

_ Ma belle, tu as tout à fait raison. Et j’ai tout mon temps.

Elle me servit à profusion, café, tchaï, thé, dattes et petits gâteaux. Il commençait à se faire tard, le soleil avait dépassé son zénith. De temps en temps, elle venait s’excuser de la durée que mettait sa soeur à évaluer mon bien.

Enfin, elle me tendit une petite tabulæ. Je l’ouvris : sur la plaquette de gauche, dans une cire teinte en rouge, était inscrits en pattes de mouches, le nombre et la dénomination des articles déposés, et sur la tablette de droite, dans de la cire verte, était inscrites l’estimation de mon butin, ainsi que la commission pour le bureau. La somme proposée me parut conséquente, toutefois j’avais idée qu’elles me grugeaient, c’était de bonne guerre. Bien que foncièrement honnêtes elles n’en étaient pas moins commerçantes, j’étais donc certain que cette première offre était la plus basse possible. Je fis une moue qui devais dire « oui, mais il y a moyen de faire plus ? » Puis, je demandai :

_ Je pense que même pour une première offre… C’est un peu léger. Je fermai en claquant la tabulæ que je rendis à la jeune fille.

_ Res, vous êtes dure en affaire. Je vais voire avec ma sœur. En attendant nous allons vous apportez de quoi vous restaurer.

Elle claqua dans les mains et deux jeunes esclaves nues apparurent l’une portant une cruche de vin et l’autre un plateau de victuailles.

Je savais que souvent dans ce genre de transactions, le Maître peut appeler du personnel pour divertir l’invité ou pour son propre plaisir. Ici j’avais affaire à deux Maîtresses femmes rompues à ce genre de négociation.

Celle qui portait le plateau, le déposa sur la mensa* et en un clin d’œil mon sofa se transforma en une klinê* des plus confortable. Cette esclave était vraiment rapide et pleine d'initiative... mes braies descendirent en un rien de temps pour préparer mon membre à l'action.

Je remarquais aussi que maintenant la réceptionniste portait une àodàipisah* ouverte sur les deux cotés alors qu’à mon entrée seule celle de droite l’était. Me faisant un clin d’œil elle ajouta :

_ Voici du vin, vous en aurez peut-être besoin de beaucoup si ces deux-là sont autour de vous !

Il est bon de se rappeler que la plupart des vins de la région sont souvent épicés d’un philtre d'amour. Ce genre de drogue rend les buveurs plus dociles et plus faciles à gérer, mais il aide également les filles à apprécier leurs tâches.

L’air de rien je trempai un doigt dans ma timbale et mon Oracle m’avertit que le dosage était plus important que d'habitude. Alors soit elles voulaient me flouer, soit elles avaient des doutes sur ma virilité ou peut-être les deux. Allez savoir avec les femmes. Ce qu’elles ne soupçonnaient pas c’est que j’étais immunisé contre à peu près tout, c’était d’autant plus vrai que la substance que j’avais ingurgité avant mon entrée dans les bois étranges avait renforcé encore plus mes défenses immunitaires.

Celle qui portait le pichet plein de vin le déposa sur la table. Elle recula d’un ou deux pas pour m’offrir un spectacle époustouflant. Elle se mit à tourner gracieusement sur elle-même avec ses bras tendus au-dessus de la tête comme les ailes déployées d'un cygne du lac de Murdir. Sa nudité huilée de parfums enivrants, la fluidité de ses gestes, la souplesse de son corps à la lumière tamisée des baies vitrées la rendait presque irréelle. Elle m’offrait ce que l’on appelle la danse d’amour silencieuse et je ne pouvais m'empêcher de l'admirer tandis qu'elle se déplaçait comme un voile de satin dans le zéphir. Comme il est de coutume je frappais des mains offrant la cadence. Sa silhouette de tanagra avait des souplesses félines et me captivait alors que sa compagne s’était glissée entre mes jambes pour de sa langue m’offrir une autre sorte de danse. C'était fou à quel point sa bouche était active. Un témoignage de son incroyable entraînement et de son instinct naturel d'esclave sexuelle. Alors que d’une main j’attrapais et malaxais un de ses seins. Sa bouche suçait avidement ma bite palpitante avec des techniques avancées.

_ Bonne esclave, bonne fille. Murmurais-je en la laissant me sucer.

Les sons humides de sa fellation emplirent l'air. Et à mesure que le bruit augmentait, sa succion se faisait également plus intense. La salive clapotait dans sa bouche, ses joues se gonflaient un peu plus, mais elle continuait à téter comme un petit bébé effrayé.

_ C'est ça... C'est ça... Rends ta Maitresse fière, de toi fille... oh oui.

Je ne cessais de lui répéter les mêmes éloges. Tout en ne pouvant m'empêcher de regarder la porteuse de vin qui savait comment faire bouger ses hanches quand elle dansait.

Pilarnasse m’apporta pour la seconde fois la tabulæ, j’y jetais distraitement un œil. Doucement mais fermement je me dégageai de ma fellatrice et remontai mes braies. Je jetai quelques pièces d’argent sur la table devant moi, et, me levant, je poursuivis :

_ ça c’est pour la collation et l’entre acte. J’imagine que vous ne pouvez pas faire mieux ?

_ Res, attendez encore un peu, il y a sûrement moyen de s’entendre.

Pilarnasse fit un signe et ma suceuse se leva pour se tenir derrière la klinê*.

_ Je suis une hôtesse au-dessous de tout. Je ne connais pas même votre nom. Je sais que certains de nos clients préfèrent l’anonymat. Mais tout de même…

_ Pour toi ma belle, je n’en fait pas mystère. Je me nomme Teixó. Je veux bien vous laisser encore une chance, après je remballe ma quincaillerie, je trouverai bien à la fourguer ailleurs.

Alors sans préambule, elle se jeta sur moi, me repoussant sur la banquette avec moins de cérémonie qu'un palefrenier pousse une brouette de fumier. D’un geste tout aussi brusque, elle bouscula mon chèche que j’avais mis tant de temps à nouer, pour examiner ma marque frontale. Puis tout aussi soudainement elle pressa sa poitrine délicate contre moi, tout son être rayonnait de féminité et de sexualité. Elle m’offrit sa bouche ou plutôt prit la mienne et lorsqu’elle rompait un baiser, c’était pour me souffler de l'air chaud au visage, juste assez pour m'inciter à un autre baiser plus profond, plus passionné. Elle aspirait ma langue, puis la massait consciencieusement dans sa bouche. Je lui attrapai les fesses sous sa àodàipisah*, mais pas pour lui faire mal. Je tâtonnai son corps alors qu'elle faisait de même, retroussant ma chemise. Dégageant mon torse elle me repoussa un instant comme pour me contempler. Il était plus musclé que celui de nombreux autres hommes qu'elle avait connu, il était bâtit pour la guerre plutôt que pour le travail. Després de tot ! (Après tout) j’étais le résultat des recherches faites par les nietzschéens* et par le gènotron* de l’UDI* (Union Démocratique Interplanétaire), j’étais un Almogàver dopé au Blob*.

Je pris son faible tremblement comme un signe d’acquiescement. Je m'allongeai à côté d'elle, mon bras droit tenant sa tête près de la mienne tandis que mon autre main sautait habilement vers son entrejambe, je trouvais son clitoris, alors je fis des cercles tout autour, tandis que mes doigts commençaient à vibrer dansant autour de ce petit bouton de nacre. J’étais très habitué à ce jeu-là, ma technique était parfaite, juste surhumaine. Et simplement comme ça, je lui offris ce que seul un Reg pouvait faire. La fille poussa un cri de plaisir alors que je jouais d'elle comme d'un luth. Des larmes coulaient sur son visage alors que je me penchai sur elle lentement et que je pressais ma langue contre ses lèvres. Elle les écarta, me laissant entrer en elle. Elle gargouillait un petit air tremblant de confusion, et d’extase, alors que je l'embrassais avec la langue tout en la doigtant. Elle était étendue offerte sans que pourtant je ne profitasse pleinement d’elle. Car ce fut l’instant que choisit sa sœur pour m’apporter leur dernière offre. J’ouvris la tabulæ : la proposition était bien meilleure, d’une générosité plus qu’inattendue.

_ Ah... C'est... Bon ! C’est bon, on peut faire affaire. Je pris le stylet, je signai et juste au-dessus, j’appliquai sur la tablette le sceau gravé sur le chaton de la bague que je portais au majeur de la main gauche. J’allai reprendre mes ébats, mais quelque chose clochait, cette offre était bien trop sur évaluée. Et avant que je puisse en demander la cause, Pilarnasse émergeant de sa petite extase s’assis à mon côté.

_ Shéba, va fermer la porte à double tour. Assure-toi que l’on ne soit dérangé par personne.

Ma danseuse s’exécuta, plaçant un écriteau à la dite porte. Elle fit tourner tous les verrous puis elle revint se ranger à côté de l’autre esclave.

_ Pétronasse et moi savons qui tu es.

_ Je te l’ai dit.

_ Non, nous savons réellement qui tu es, tu n’es pas un simple Res.

_ Je sais, j’ai bien vu que tu m’as ôté mon tagelmust* pour vérifier ma marque de Hors-loi.

Le petit rire cristallin de Pétronasse ponctua ma réponse. Et elle prit la parole.

_ Tu n’es pas qu’un Hors-Loi, tu n’es pas un Res, tu es un Reg.

_ Vous savez que si cela était vrai, le simple fait de divulguer cette information serait pour vous, comme signer votre arrêt de mort ! en tant que Hors-Loi, je peux vous tuer sans avoir de compte à rendre à personne.

_ Allons Reg Teixó, nous savons que tu ne le feras pas. Nous connaissons tout de toi, car vois-tu, nous sommes toutes deux des affranchies. Et des affranchies de pas n’importe qui, d’un certain Bernard Bun Buyu.

_ Ah ce cher Bernard, il est toujours à Aquilata ?

_ Voyons Reg Teixó, comme si tu ne savais pas qu’il vivait à Katakata. C’est vrai qu’il y a plus de cinquante ans que tu ne l’as pas revu. Mais c’est quoi cinquante ans dans la vie d’un Reg ?

_ Il est toujours…

_ Aussi beau ? Oui c’est même le plus beau des éphèbes. Et c’est aussi le plus bavard des hommes.

_ Alors, que voulez-vous ?

_ Que tu nous baise toutes les quatre.

_ Mais c’est ce que je m’apprêtais à faire.

_ Voyons Reg Teixó, tu sais ce que nous voulons. Nous voulons de ton Ki*, nous avons été généreuse et nous savons être discrètes, tu penses vingt-cinq ans de servitude chez Maître Bernard. Pour ta gouverne nous savons aussi bien des choses sur la Guilde, sur le Gouverneur. Mais nous savons nous taire. Alors recontamine nous comme l’a su si bien le faire Maître Bernard.

_ Quand je reverrai ce cher Bernard je saurai bien lui tirer les oreilles.

_ Peut-être mais en attendant mon cher Teixó soit à la hauteur de ta légende.

À la suite de quoi, une des esclaves m’apporta une bourse bien garnie et une bouteille de whisky Cimmérien. Je dû trinquer avec les quatre jeunes femmes, car c’était la coutume. Il n’y avait pas à dire, ces quatre Koushites tenaient bien l’alcool. Néanmoins, elle m’avaient roulé dans la farine. Mais comme on dit souvent, qui vole un voleur est à demi pardonné, et comme mes deux arnaqueuses étaient plutôt jolies, elles l’étaient tout à fait. Ce n’est que le lendemain, en fin d’après-midi qu’elles consentirent à me rendre la liberté de vaquer à mes autres occupations. Mais je du leur promettre de revenir les voire.

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